Yule est le nom de la très ancienne fête païenne du solstice d’hiver, célébrant la naissance du Dieu soleil, ou Dieu cornu selon les coutumes. Elle représente l’espoir et la renaissance. La plus longue nuit de l’année annonce le retour de la lumière.
Son origine est apparemment germanique. Les festivités du solstice d’hiver débutaient autour du 21 décembre pour se terminer 12 jours plus tard. Une trêve de guerre et de travail prévalait, et des feux et des sacrifices honoraient les Dieux et la Grande Déesse.
Le christianisme a transformé Yule en Noël et le solstice a cédé sa place à la naissance de Jésus. Le 25 décembre est devenu la date officielle du début des festivités, qui se terminent à l’Épiphanie.
Des anciennes traditions, il reste tout de même quelques vestiges fondamentaux, comme l’aura de fraternité, de partage et d’entraide qui émane de cette fête. Un autre élément est aussi resté ; l’arbre de Noël.
Autrefois, c’est l’épinette qui faisait office d’arbre sacré. Aujourd’hui, le sapin est plus populaire pour remplir la fonction. Ces arbres toujours verts représentent la vie dans la mort, la lumière dans la nuit. Ils servaient à accrocher toutes sortes d’offrandes. Les pommes ont été remplacées par des boules de verre au 19e siècle et la tradition est devenue tranquillement le symbole officiel de Noël.
Le sapin, baumier de préférence, est en outre un arbre sacré pour des raisons un peu plus biochimiques que religieuses. Ses huiles essentielles possèdent de puissantes propriétés médicinales. L’infusion de sapin a sauvé bien des marins européens du terrible scorbut qui décimait les troupes d’explorateurs. En fait, il n’est pas clair si le sapin était bel et bien utilisé à l’époque ou s’il s’agissait plutôt d’une espèce de pin ou de thuya. Peu importe, tous les conifères sont riches en vitamine C et en acide ascorbique, responsables des vertus antiscorbutiques de ces arbres.
Le sapin est utilisé depuis la nuit des temps. Il est antiseptique, expectorant, cicatrisant, digestif, diurétique et calmant pour les douleurs rhumatismales et musculaires. Voilà tout de même un arsenal considérable de propriétés médicinales ! Il pousse partout dans nos contrées et est facile à utiliser, à l’exception de la gomme, qui présente un défi pour quiconque souhaite en recueillir sans l’outil adéquat, le picoué. Il s’agit d’un petit gobelet de fer muni d’un bec à dents. En enfonçant celles-ci dans les vésicules de gomme, on peut récolter le précieux ingrédient sans se coller les doigts. Cette gomme peut alors être encapsulée, façonnée en pastilles, infusée ou appliquée directement sur les lésions cutanées. Les jeunes pousses et les bourgeons sont aussi utilisés.
Mais qu’est-ce que ça fait ?
Le sapin sert pour les troubles respiratoires : toux, bronchite, sinusite, etc. Il est aussi apprécié des gens qui arrêtent de fumer, facilitant le nettoyage et la guérison des poumons. Prendre en capsule, en infusion ou en huile essentielle.
Compte tenu de ses propriétés antiseptique et cicatrisante, on s’en sert également pour soigner les gerçures des mains, les verrues plantaires et les ulcères cutanés. On a même prouvé qu’il était efficace contre le vilain Staphylococcus aureus1, communément appelé « staphylocoque doré », Cette bactérie est responsable d’infections souvent difficiles à soigner, comme le panaris, les furoncles ou l’anthrax (non pas ce que l’on nomme la maladie du charbon, qui est une autre affection bactérienne).
En outre, la gomme et l’infusion de sapin stimulent la digestion et, à forte dose, traitent la constipation. En application externe, le sapin soulage les douleurs rhumatismales et musculaires.
L’emploi de la gomme de sapin sur la peau demande quelques instructions. Il est essentiel d’avoir à portée de main une huile végétale, qui permettra d’enlever la gomme une fois le temps d’application écoulé. Le plus simple demeure l’application de l’huile essentielle. Il est préférable d’en diluer quelques gouttes dans un peu d’huile végétale pour éviter les irritations possibles que les huiles essentielles peuvent causer sur des peaux sensibles. De telles applications peuvent être faites sur le thorax, pour soulager la toux, ainsi que sur les articulations douloureuses et les plaies. L’huile essentielle peut aussi être prise par voie interne à raison de deux gouttes sur la langue. Des capsules de gomme sont aussi disponibles en magasin. Suivre la posologie du fabricant.
1. Phytotherapy Research, Volume 20, no 5, « Composition and antibacterial activity of Abies balsamea essential oil », par André Pichette, Pierre-Luc Larouche, Maxime Lebrun, Jean Legault. Article d’abord publié en ligne : 18 avril 2006.