Dans l’article ci-haut, notre maire donne à la population des explications attendues relativement à la décision du conseil municipal d’investir dans l’achat d’un camion pour la cueillette des déchets domestiques et des matières recyclables. Il faut franchement s’en réjouir, d’autant plus qu’il s’engage, du même souffle, à faire en sorte que la gestion municipale soit désormais plus transparente. Nous applaudissons bien sur à tout cela puisque nous avons maintes fois souligné, dans cette chronique, un certain déficit démocratique en matière de gestion municipale. C’est notre travail, en tant que journal communautaire, de contribuer à ce que la vie municipale soit de plus en plus l’affaire de l’ensemble de la communauté.
C’est dans cet esprit constructif que nous poursuivons ici la réflexion que nous avions entamée dans notre dernier numéro concernant la gestion municipale des déchets, un sujet qui dépasse de loin la question de savoir si le camion chargé de ramasser les déchets doive ou non appartenir à la municipalité. Les propos du maire Pelletier indiquent que l’achat du camion en question ne se traduira pas, selon les prévisions du conseil municipal, par une augmentation des coûts et qu’il pourrait même générer des économies dans cinq ans. Tant mieux si ces prévisions s’avèrent : les sommes ainsi libérées pourraient alors servir à améliorer notre performance collective en matière de production de déchets et de la gestion qu’on en fait actuellement. Nous en aurons bien besoin pour faire face à nos obligations en matière d’environnement et de développement durable. Pour réduire à la source les quantités de déchets que nous produisons et pour éliminer convenablement ceux qui restent.
Au-delà de l’acquisition d’équipements, la gestion municipale des déchets exige d’abord et avant tout un plan d’action visant une meilleure performance dans ce domaine. Un programme qui comporterait, notamment, des objectifs fermes de réduction à la source des déchets domestiques. Afin de réduire la quantité de déchets que nous enfouissons, il faut augmenter la quantité de ceux que nous recyclons : collectivement, nous recyclons environ la moitié de ce qui est recyclable alors que l’autre moitié est enfouie. Quant au compostage systématique des matières organiques, nous n’avons même pas encore abordé la question : les déchets putrescibles sont pour l’heure enfouis puisqu’il n’existe pas d’usine de compostage pour les mettre en valeur.
Produisons-nous trop de déchets ?
Dans le dernier numéro, nous rapportions que la production de déchets domestiques à Saint-Armand avait connu une hausse de presque 100 %entre 2005 et 2008. Hausse qui ne saurait s’expliquer par une augmentation de la population puisque notre municipalité n’a connu aucun boum démographique à cette époque. C’est ennuyeux au moment où les objectifs nationaux visaient plutôt une nécessaire réduction des volumes de déchets domestiques. Rappelons que durant cette période, les municipalités voisines de Saint-Armand (Notre-Dame, Saint-Ignace, Pike River, Stanbridge-East et Stanbridge Station) connaissaient une hausse 10 fois moins importante de leur production de déchets domestiques.
D’après le responsable de la firme qui ramassait les déchets domestiques à cette époque et selon les observations de plusieurs citoyens, cette étonnante hausse serait attribuable à des résidus provenant d’activités commerciales et industrielles et de travaux de construction ou de rénovation résidentielle. On parle ici de quelque 300 000 kg de détritus par année qui auraient pris le chemin de l’enfouissement avec nos déchets domestiques alors qu’ils auraient dû faire l’objet d’un traitement séparé. Résultat : nous avons tous payé pour le ramassage et l’enfouissement de résidus qui auraient dû être à la charge de certaines entreprises d’ici ou de déchets de construction qui auraient dû faire l’objet d’un recyclage systématique. Rappelons que nos résidus de construction/rénovation ne devraient pas être déposés aux ordures ménagères : il est de notre responsabilité individuelle de les acheminer vers un centre de traitement comme le site de la Régie I n t e r m u n i c i p a l e d’Élimination de Déchets Solides de Brome-M i s s i s q u o i (R.I.E.D.S.B.M.) situé à Cowansville. Cette organisation est en mesure d’en disposer de manière acceptable pour l’environnement. Souhaitons que le nouveau système de cueillette des déchets mis en place par le conseil municipal pourra contribuer à redresser cette déplorable situation. En attendant, il ne serait peut être pas inutile d’explorer quelques idées, qui avaient d’ailleurs été présentées au conseil municipal il y a quelques années, mais qui n’ont pas encore eu de suite :
Service de conteneurs pour la construction/rénovation
Pourrait-on envisager que la municipalité offre aux citoyens qui font des travaux sur leur propriété un service de location de conteneurs de dimensions diverses pour les résidus de construction/rénovation ?Ces conteneurs pourraient être déposés sur les lieux durant les travaux, puis acheminés à Cowansville quand ils sont pleins. Les frais pourraient être entièrement ou en partie à la charge du contribuable qui effectue les travaux. Ce qui assurerait probablement une meilleure gestion de ce type de déchets. Il ne serait pas nécessaire que la municipalité fasse l’acquisition des conteneurs et du camion nécessaire à leur transport, puisque ce service est déjà offert par des entreprises locales avec lesquelles nous pourrions passer une entente.
Parc de conteneurs
Est-il vraiment nécessaire que le camion de la municipalité passe à toutes les portes, notamment dans des secteurs résidentiels difficiles d’accès pour un gros véhicule de ce type ? Ne pourrait-on pas aménager quelques parcs de conteneurs bien tenus dans des endroits stratégiques où chaque citoyen pourrait déposer ses déchets domestiques et ses matières recyclables ? (Voir la lettre ouverte en page 7 du présent numéro). L’idée mérite certainement d’être explorée et débattue publiquement.
Un camion moins dispendieux et plus polyvalent
Observons que le camion à déchets récemment acquis par la municipalité ne serait pas adéquat pour manipuler les conteneurs dont il est ici question. Il ne pourrait non plus assurer le service aux commerces et industries qui emploient des conteneurs plus gros que les bacs domestiques. Aurait-il été envisageable de se procurer un camion plus polyvalent et moins dispendieux ?Probablement, mais il n’aurait pas été muni d’un bras articulé comme l’est le véhicule actuel, ce qui aurait nécessité quelques manœuvres de plus et un second employé pour procéder à l’accrochage des conteneurs. Il y a tout de même fort à parier qu’au bout du compte, les avantages auraient surpassé les inconvénients. Cela aurait également permis à la municipalité d’avoir la maîtrise de l’ensemble de la gestion des déchets sur son territoire. Rappelons que, pour assurer la cueillette des déchets et des matières recyclables (secteurs résidentiel, commercial, industriel et agricole confondus), les camions d’au moins deux entreprises privées en plus du camion municipal sillonnent, chaque semaine, les 70 km de chemins de la municipalité, parcourant ainsi plus de 140 km sur nos routes.