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UNE POLITIQUE CULTURELLE À SAINT-ARMAND ?

La rédaction

Le journal Le Saint-Armand a appris que notre municipalité allait, au cours des prochains mois, se doter d’une politique culturelle bien à elle. Le Conseil a désigné Guy Paquin, citoyen de Saint-Armand et collaborateur au Journal, comme pilote de ce projet. Nous l’avons interviewé afin d’en savoir davantage.

Le Saint-Armand  : Pourquoi une politique de la culture dans une municipalité rurale de 1200 personnes ? N’est-ce pas exagéré, pour ne pas dire prétentieux ?

Guy Paquin : Je comprends votre réaction, j’ai d’ailleurs eu la même au départ. Mais considérez que, juste pour la saison culturelle 2014-2015, il y a déjà huit événements (concerts, festivals, soirées de cinéma ou de chansons, etc.) au programme à Saint-Armand ! Et ces événements vont attirer du monde, c’est certain, car à Saint- Armand nous aimons beaucoup les manifestations culturelles.

Depuis 10 ou 15 ans, les demandes de la part des producteurs culturels affluent au conseil municipal pour obtenir du soutien, financier ou autre. Les demandes croissent mais les moyens de la municipalité ne sont pas illimités. Il faut donc des balises, des objectifs clairs, des priorités énoncées très explicitement, des moyens privilégiés de développement culturel. Et c’est ça, en deux mots, une politique culturelle : les choix qu’on fera, les objectifs qu’on se donnera, les moyens qu’on aura retenus.

 S-A.  : Qui définira ces priorités ?

P. : Les membres du Conseil municipal seront étroitement impliqués dans la réflexion qui va mener à la définition des priorités en matière culturelle. Ils ont demandé cette réflexion, à laquelle le public doit participer. Pour me permettre une comparaison maritime, je tiens le gouvernail, j’ai les cartes, la boussole et les instruments de navigation, mais la destination du navire, c’est le conseil qui la donne.

 S-A. Vous avez parlé de la participation du public. Comment cela se fera-t-il ?

P. : D’abord, il faut informer les gens de ce processus qui mène à la définition de notre action culturelle collective. On tiendra une assemblée où on montrera les différentes étapes à franchir, les buts visés.

Ensuite, il faut préciser les grands objectifs et choisir les moyens de les atteindre. Je pense qu’un sondage simple, par courriel, permettrait aux gens d’exprimer leurs préférences en ce qui concerne les buts à poursuivre et les outils pour les atteindre.

 S-A. : Et quels pourraient être ces objectifs, en gros ?

P. : Sans présumer de ce que décideront le conseil, le carrefour et le public, je pense qu’on doit viser à élargir l’impact de nos producteurs culturels. Je pense qu’on doit favoriser leur accès à des moyens de développer leur talent. Je pense que les amants de la culture de Saint-Armand doivent avoir plus d’occasion d’y avoir accès. Je pense qu’on doit identifier ce qui va bien et ce qui va moins bien, aider ce qui va bien à aller encore mieux et corriger les carences.

Et j’ai aussi une idée un peu tordue, que j’appelle « la tactique du minibus ».

 S-A.  : Ça demande quelques explications, non ?

P.  : C’est sûr. Nous avons donc, cette année, huit événements culturels au programme. Au cours de certains de ces événements, on pourrait profiter d’une pause d’à peu près une heure et inviter tous les visiteurs non-armandois à monter à bord d’un minibus. Et on les amène en balade chez-nous : sites patrimoniaux, beautés de la baie, vue imprenable sur le Pinacle depuis la grande côte de Pigeon Hill, le grand jeu quoi ! Au sortir du minibus, on leur remet un dépliant vantant nos attraits.

Le message est simple : venez-vous établir chez-nous, envoyez vos enfants à notre école, faites tourner notre économie. On viserait des familles relativement jeunes, peut-être de ces travailleurs à la maison qui sont de plus en plus nombreux et qui peuvent très bien travailler à Saint-Armand, où la vie est nettement plus agréable que dans les grands centres…et où la vie culturelle est si intéressante !

 S-A.  : Pour revenir à la politique culturelle, justement, au terme de tout l’exercice, on aura un beau document intitulé Politique culturelle de Saint-Armand. Qu’est ce que ça va changer dans nos vies ?

P. : Absolument rien si personne n’y donne suite. Il faut donc qu’un organisme soit mandaté par la municipalité pour appliquer cette politique. Ce pourrait être un organisme créé pour cela, ce pourrait être le conseil lui-même, on verra. Évidemment il y aura des règles élémentaires, justement écrites dans la Politique, pour régir les relations entre, d’une part, les demandeurs d’aide, c’est-à-dire nos producteurs culturels, d’autre part le conseil municipal.

 vol12no4_fev_mars_2015_4bS-A.  : Ça fonctionnerait comment ?

P. : Encore une fois, ce n’est pas moi qui déciderai. Mais je vais proposer que le conseil vote annuellement le budget culture, qu’il le remette à un organisme indépendant pour soutenir les initiatives qui vont dans le sens de la politique culturelle. À la fin de l’année, cet organisme rendrait des comptes à la municipalité sur l’usage qu’il a fait du budget de la culture. Mais, encore une fois, le conseil peut décider d’administrer lui-même le budget culture.

 S-A.  : Et ces règles ?

P. : Rien de bien compliqué. Juste le bon sens élémentaire : faut pas que ce soient les mêmes qui attribuent l’argent et qui le reçoivent, par exemple.

 S-A.  : Pour finir, pouvez-vous nous donner votre définition de ce qu’est la culture ?

P. : Houlà ! La grosse question ! Je vais vous donner un exemple : la musique. C’est la musique classique et c’est aussi la musique populaire. La musique d’ici et celle d’ailleurs. Celle de maintenant et celle d’avant.

La culture, vous savez, pour moi, c’est une expérience, comme de manger des profiteroles au chocolat ou des hot-dogs : ça se savoure mieux que ça se définit. Et tant mieux s’il y en a pour tous les goûts