Tony Peirce avec deux de ses chaises Windsor (Photo : Archives Peirce)
Après avoir œuvré plus de 25 ans dans l’industrie pharmaceutique, Tony Peirce est venu s’installer à Stanbridge-East, dans les Cantons de l’est, avec sa compagne Susan Baker, dans une propriété appartenant à la famille Baker depuis sept générations.
Il y a une dizaine d’années, Tony, qui travaille le bois depuis très longtemps, a appris l’art de la fabrication des chaises en suivant des cours auprès de maîtres artisans du Canada et des États-Unis.
Susan et Tony ont voulu profiter de ce savoir-faire pour créer l’entreprise « Heritage Windsor » et ainsi mettre en valeur leur expérience de travail en même temps que leur passe-temps favori.
Pour loger leur entreprise, ils ont construit, avec l’aide de quelques charpentiers locaux et des amis, un nouveau bâtiment de style géorgien, en harmonie avec l’architecture du village.
Le printemps dernier, au bout de trois ans de planification et de construction, Heritage Windsor a ouvert ses portes. Outre la production et la vente de chaises Windsor, l’endroit offre de l’espace où d’autres artisans de la place peuvent se faire connaître et vendre leur production.
Les visiteurs sont toujours bien accueillis et ont la possibilité de prendre un café ou un repas léger.
Un art ancestral
Selon Tony, l’histoire de la chaise est passionnante. Avant la Révolution française, seuls la noblesse et quelques riches en disposaient tandis que le peuple utilisait des bancs.
La chaise Windsor a été créée à Windsor (Angleterre) au 17e siècle. À l’origine, elle était faite en orme, donc très lourde, car les meilleurs bois étaient utilisés pour la construction navale.
En Amérique du Nord, les artisans disposaient d’un vaste choix d’espèces, ce qui leur a permis de fabriquer des chaises plus légères et plus raffinées ; une partie de la production est alors exportée en Europe.
On dit que si la chaise Windsor est toute en délicatesse, c’est à cause du grain du bois en continu tant dans les bras que dans les barreaux et la console d’accoudoir. Toutes les pièces du dossier sont faites en chêne, frêne ou caryer. Le bois est fendu à la main dans le fil du grain puis est travaillé avec des planes et des vastringues jusqu’à l’obtention des tailles et formes désirées. Cette technique assure force et flexibilité au dossier et aux barreaux, qui ont moins de 3/8” (1 cm) de diamètre.
Les assises sont façonnées dans un bois léger et doux, comme le pin ou le peuplier, avec une herminette, des planes creuses et des vastringues pour créer un contour aux formes naturelles et confortables. Les pattes sont tournées dans un bois dur, comme l’érable ou le bouleau. Puis toutes les parties de la chaise sont assemblées, collées et enfoncées avec des clés.
Au 17e et au 18e siècle, les chaises Windsor étaient presque toujours peintes pour masquer la différence entre les trois types de bois. Pour sa part, Tony préfère une finition avec une teinture à la caséine ou à l’huile de Tung.
Il faut une semaine entière pour fabriquer une chaise à la main, mais le produit obtenu durera génération après génération. Tony est heureux et fier de partager ses connaissances. Il offre des cours dans son atelier, où les élèves apprennent l’art des outils manuels, leur aiguisage et leur entretien en vue de fabriquer leur propre chaise.