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- Les jeunes à l'oeuvre -

Stéphanie Wang : 32 ans, passionnée et déjà sage !

Astrid Gagnon

Photo : Jacques Monté

Ann, Julie, Émilie, Samuel, William, Xavier sont à l’œuvre. Ils créent leurs emplois et développent leur entreprise, s’installent dans notre région et reconfigurent notre environnement. Ils améliorent notre qualité de vie et nous impressionnent.

 Ils sont jeunes, convaincus, débrouillards et ils ont moins de 40 ans ou à peine un peu plus. Nous vous présenterons leurs parcours dans cette nouvelle chronique.

Vous souhaitez faire connaître votre parcours ou celui de jeunes de la région ? Écrivez-nous à journalstarmand@gmail.com

 De Montréal à Frelishburg en passant par l’Inde

Née à Montréal de parents chinois (cantonais), Stéphanie Wang est détentrice d’une maîtrise en sociologie de l’UQAM portant sur le cadre légal et administratif de la mise en marché agricole. Dans le cadre de ses études de maîtrise, elle milite en Inde, au sein d’un mouvement paysan international, la Via Campesina (https://viacampesina.org/fr/). Elle a déjà été coordonnatrice du Comité international de l’Union Paysanne et en est encore membre.

Elle découvre notre région en 2013 dans le contexte d’un stage d’été à la microferme maraîchère Les jardins de la grelinette, située à Saint-Armand. Très rapidement, elle prend goût au travail de la terre et y voit la possibilité d’incarner ses idéaux.

 Des légumes asiatiques biologiques dans notre région 

L’agriculture biologique est définitivement son orientation et la région lui plaît. Elle s’y installe donc en 2016 et démarre Le Rizen, petite entreprise de production de légumes asiatiques.

C’est sur un bout de terrain de la Co-entreprise paysanne d’Armandie qu’elle commence à cultiver du chou et de l’aubergine asiatiques, des concombres, de l’okra, du tatsoï et du mizuna, de même que des herbes aromatiques. Progressivement, elle ajoute d’autres légumes tels que le bok choi, le radis daïkon et le navet hakurei. À chaque début de saison, elle fait parvenir à ses clients la liste des nouveautés de l’année.

Mais pourquoi des produits asiatiques en sol québécois ? « Parce qu’ils sont nutritifs, bons pour notre santé et qu’on peut facilement les adapter à notre climat », précise Stéphanie Wang en ajoutant que ses origines ne sont pas étrangères à son choix.

Avec le temps, elle amorce le processus de transformation de ses produits. Le Rizen fabrique actuellement du pesto de mizuna, de la vinaigrette asiatique et du kimchi, sorte de choucroute coréenne très relevée, composée d’ail, de chou chinois et de gingembre.

En 2018, elle déménage son entreprise sur la ferme Pettigrew à Frelishburg. Elle devient alors locataire d’un terrain avec son compagnon de vie Stanislas Pettigrew qui, pour sa part, cultive d’autres légumes biologiques et produit du sirop d’érable. Chacun leur entreprise, mais un travail d’équipe. Au cours de cette année, pour simplifier les opérations, ils décident de ne plus offrir leurs légumes sous forme de panier.

Actuellement, on peut trouver les produits Le Rizen au marché Tradition de Frelishburg, à Bromont, à Sutton et au Rachelle-Béry de la rue Beaubien à Montréal. Des restaurateurs de Montréal achètent aussi ces beaux aliments certifiés biologiques.

La souveraineté alimentaire : une voie difficile, un grand idéal.

Stéphanie Wang est une femme convaincue et déterminée qui ne craint pas de relever les défis. Son approche s’inspire notamment de l’agroécologie, qui vise une production durable, économe en énergie et respectueuse des êtres vivants. Il faut le dire, les produits Le Rizen exigent beaucoup de soins.

« Évidemment ce n’est pas un métier facile, confie-t-elle-elle, il faut travailler fort, très fort. Je ne vous donne qu’un petit exemple : le chou chinois est l’une de nos grandes cultures. Les insectes en sont particulièrement friands et c’est tout un défi dans le bio. Il faut développer des méthodes de contrôle efficaces. C’est prenant, mais tellement gratifiant. »

Malgré ses grandes exigences, ce mode de vie lui convient et lui apporte beaucoup de satisfaction. « Avant même mes études en sociologie, j’avais conscience de l’importance de préserver l’environnement. Aujourd’hui, j’ai trouvé mon chemin pour y contribuer. Je sens que je peux faire avancer concrètement, dans la mesure de mes moyens, à l’échelle locale, la cause de la souveraineté alimentaire. »

D’autres projets, oui, mais dans le respect de sa propre vie !

Photo : Jacques Monté

La souveraineté alimentaire. Quel beau terme ! Pour bien le comprendre, je vous réfère à https://unionpaysanne.com/divers/la-souveraineté-alimentaire-quest-ce-que-cest/. Parmi ses nobles objectifs figurent le travail en harmonie avec la nature et la reconnaissance des aliments comme un cadeau de la vie qui ne doit pas être gaspillé. Cela vaut la peine d’aller voir ce site inspirant.

Quand tout roule bien, la tentation est grande de se laisser prendre à une production qui dépasse ses capacités. Le risque de l’épuisement n’est alors jamais bien loin. Stépanie Wang en est consciente.

Cette convaincue ne cessera probablement jamais d’apporter sa contribution au développement local, mais pas au prix de sa qualité de vie. Sa production restera donc à l’échelle humaine, toujours en harmonie avec elle-même et avec les autres.

Dans le but de créer un effet multiplicateur, elle envisage toutefois l’écriture d’un guide sur la culture des légumes asiatiques et sur leur intégration dans notre alimentation. Un livre qu’elle veut accessible aux profanes et amoureux de la culture biologique. Et qui sait ? Peut-être aussi des ateliers culinaires… Si vous la croisez dans un marché fermier, vous pourrez sûrement lui faire part de votre désir d’y participer un jour.