Michel et moi le jour de mon anniversaire, en avril 2008, avec le chien Calou (Photo : Archives Famille Fourez)
À part les quelques cartes postales échangées lors de nos voyages, je réalise que c’est la première fois que je t’écris, alors que tu n’as plus d’adresse.
À l’assemblée générale du Saint-Armand, en mai 2006, tu avais accepté mon invitation à venir nous parler de la liberté de la presse. Tu avais bousculé ton agenda bien chargé pour venir témoigner des valeurs fondamentales auxquelles tu croyais. Toi qui fréquentais des personnages importants et écrivais dans les journaux les plus connus, tu regardais notre journal avec beaucoup de tendresse et une certaine admiration, considérant qu’il était plus proche de la vérité que les grands quotidiens, donc plus dangereux. Merci de ton appui.
Notre relation d’amitié, qui a duré 38 ans, est assez spéciale en effet, nous n’avons jamais (ou si peu) parlé de politique, de journalisme, ou de ce qui faisait ta notoriété. En 1970, jeune journaliste fraîchement débarqué, tu t’étais joint à ma « gang » de l’époque, je ne me souviens plus par quel hasard et, depuis ce temps, nous nous sommes côtoyés fidèlement comme amis, et plus récemment comme presque voisins.
Nos rencontres n’ont pas eu lieu dans les salles de presse, mais chez nous, avec nos familles respectives, lors d’anniversaires, de gardes mutuelles d’enfants, de notre sacrosainte rencontre familiale du jour des Rois et autres barbecues bien arrosés, où nous parlions des soucis quotidiens, des voyages, des vignes et des rénovations de nos maisons.
De toi, Michel, je retiens ta grande gueule, tes colères mémorables, ton humeur parfois massacrante, mais surtout ton intelligence, ton regard d’aigle sur notre société et ton immense générosité.
Tu avais planté des vignes autour de ta maison … d’autres feront les vendanges …
Encore salut, Michel !
P.S : Là où tu es aujourd’hui, peut-être lit-on Le Saint-Armand ?