Photo : Simone Lefebvre
Cela fait déjà 7 ans et demi que j’ai quitté Saint-Armand… Je suis partie en premier lieu pour étudier, sans trop savoir, cependant, vers quoi je m’en allais.
Certes, je savais que j’allais au cégep, puis après probablement à l’université (suivant un programme pré-universitaire le plus large possible : musique et sciences), mais ça, c’est l’aspect « théorique ». En pratique, le pourquoi et le comment du futur étaient absolument nébuleux. Mais bon, à 16 ans, on ne sait généralement pas trop qui on est et qui on veut être pour les 50 prochaines années…
Depuis, mes tribulations à Montréal et ailleurs m’ont permis, j’ose espérer, de me connaître un peu plus et de faire des choix davantage en accord avec qui je suis…même si là encore, je ne crois pas qu’à 25 ans je sois arrivée à une finalité.
Mais encore, une fois partie, que faire ? J’ai erré un peu, essayant différents programmes d’études, voyageant, faisant de nouvelles rencontres, de nouvelles découvertes. Et ce, pour en arriver à une question que se posent probablement bien des personnes issues des « régions » : la ville ou la campagne ?
Étais-je partie pour de bon, vers de nouveaux horizons, ou était-ce seulement pour mieux revenir ? Mais là encore, un constat s’impose. Revenir, peut-être, mais à quel prix ? Pour quelles possibilités ? Pour un jeune diplômé universitaire, y a-t-il des possibilités d’emploi intéressantes à Saint-Armand ? Peut-on s’y loger ? Avant toute chose, il faut avoir les moyens de revenir s’installer à Saint-Armand, mais pour cela, les conditions actuelles sont quelque peu défavorables…
La région se porte relativement bien en ce moment : dynamisme culturel, artistique, touristique, agricole.
Mais il faudrait peut-être penser à l’avenir… Les maisons se vendent à fort prix à des néo-ruraux ayant des moyens assez importants, venant passer l’été ou les fins de semaine dans la région. Cela n’assurera pas la vitalité de la région à très long terme. Les jeunes n’ont malheureusement pas les moyens de se payer une maison à 250 000 $. Selon le Service de l’évaluation de Brome-Missisquoi, à Saint-Armand, la richesse foncière uniformisée est passée, entre 1984 et 2004, de 30 945 609 $ à 107 323 264 $, soit une croissance de 247 % en 20 ans. Malheureusement, la richesse dans les poches des jeunes n’a pas suivi cette croissance… Peut-être faudrait-il redéfinir certaines priorités afin de s’assurer d’une vitalité pouvant perdurer et permettre une accessibilité aux jeunes et aux familles.
Cette réalité se reflète dans les statistiques démographiques. En effet, selon le recensement de 2001 de Statistique Canada, la population globale de Saint-Armand a diminué de 2,2 % entre 1996 et 2001. Par tranche d’âges, entre 1996 et 2001, la proportion des 0-14 ans dans Brome-Missisquoi a diminué de 9,3 %, celle des 15-29 ans de 3,7 %, tandis que celle des 45-54 ans augmentait de 1 7 , 5 % et celle des 55-64 ans de 25,4 %. De tels chiffres montrent un vieillissement indéniable de la population de la région, et donc une lacune à prévoir au niveau de la main d’œuvre active dans les prochaines années.
Cependant, malgré ces chiffres inquiétants, je ne crois pas qu’il faille se décourager. Il faudra par contre penser de façon active à assurer le dynamisme et le renouvellement de la population de Saint-Armand pour les prochaines années, et ce, afin de conserver ce cadre de vie enchanteur dans lequel on a grandi.