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- Exodus -

Regard sur la pollution

Jonathan Benoît

« J’habite mon corps et mon corps est mon pays.
Le plus grand pays de l’homme c’est l’homme. »
Raôul Duguay

Que nous réserve l’avenir ? Faut-il continuer d’espérer en lui ? Oui. Il le faut. Mais, pour certains d’entre nous qui regardons la condition du monde présent, il y a de quoi s’inquiéter. L’environnement : la mesure la plus précieuse que nous avons de l’état de la vie sur terre nous indique que tout ne va pas pour le mieux. La Terre est, à peu de choses près, devenue un entrepôt à déchets ou encore une usine à biens de consommation : elle tombe en ruine, la Terre. De plus, l’humain consomme toujours davantage et donc, précipite l’environnement dans le gouffre de la décadence.

Cela dit, il ne faut pas en rester qu’à exposer ces faits, mais plutôt nous tourner vers certaines pistes de réflexion en posant la question suivante : quelle est la source du mal qui tourmente la planète ? Qui en souffre vraiment et pourquoi ? Je tenterai de répondre à cette question toujours dans la perspective où l’humain et l’environnement forment un tout étroitement relié.

D’abord, une des premières causes du mal environnemental ne viendrait-elle pas du conflit que porte l’humain en lui-même ? Un conflit qui serait issu du déséquilibre intérieur qu’entretiendraient en nous toutes ces choses que nous faisons contre notre gré ! Par exemple : les destinées que l’on ne choisit plus, les vies surchargées que nous menons, les rêves chéris que nous mettons de côté trop longtemps, la vie intérieure (spiritualité, croyance, foi) que nous abandonnons bien souvent à une vie matérielle… Toutes ces choses qui font de nous des êtres égarés, impuissants, épuisables, des êtres qui sombrent à l’inconscience. Que fait de nous cette inconscience ? Eh bien, elle développe la paresse, insère dans nos vies l’habitude, programme le geste automatique… : elle nous dépossède du pouvoir que nous avons de choisir, de choisir notre vie.

Mais il convient de préciser que c’est exactement de ce pouvoir de choisir dont nous avons le plus besoin pour combattre la détérioration de la planète. Pourquoi ? Pour dire non à un mode de vie que nous détesterions (ou quoi que ce soit d’autre auquel nous nous astreindrions à faire), car nous savons, par exemple, qu’un travail détesté a pour effet de miner notre vie et de créer de l’insatisfaction. Par conséquent, cela fait de nous des êtres affaiblis satisfaisant leur besoin de vivre par le biais d’une consommation effrénée de biens matériels. Ainsi, suite au conflit qui se déroule dans nos esprits entre le désir de mieux vivre et la vie que nous menons, l’environnement pâtit un grand coup de la surconsommation.

Dans l’optique où la consommation génère de la pollution ; c’est-à-dire la production de biens, il faut aussi penser à disposer de ces déchets. C’est à ce sujet que j’aimerais vous entretenir avant de terminer. Ici, je ne parlerai que de la petite pollution, celle que nous croyons inoffensive. Comme je le disais dans l’introduction, l’humain forme un tout avec son environnement. Alors, je me demande ce que nous jetons quand nous jetons un menu déchet dans un endroit inapproprié. Que jetons-nous par-dessus bord si ce n’est pas un peu de nous-même, si ce n’est pas de l’avenir que nous dilapidons irrespectueusement ? Qu’est-ce que c’est si ce n’est notre conscience que nous abandonnons à l’inconscience ?

Parfois, j’ai l’impression que l’esprit de l’homme est un pays en guerre qui le fait beaucoup souffrir. Un conflit qui, je l’espère, ouvrira un jour sur la paix. Mais je suis anxieux quant à l’héritage que laissera l’humain au lendemain de cette guerre. Que sera cet héritage ? Une dette impayable ! ? ! Je crois que nous avons oublié une chose importante, comme le dit un homme pour qui j’ai beaucoup de respect, M. Hubert Reeves : « Ce n’est pas nous qui prêtons la terre à nos enfants, mais bien eux qui nous la prêtent ».