Photo de Ameyo
Un certain vendredi soir de la fin avril, un orage violent poussé par un furieux vent d’ouest est passé sur l’Armandie avant de disparaître aussi vite qu’il est apparu, laissant derrière lui branches d’arbres cassées, objets déplacés et pannes d’électricité prolongées.
Après la tempête et le ramassage, la stupéfaction : le quai de Philipsburg semblait avoir été bombardé ! Une déferlante de trop avait fait des dégâts majeurs. Les vagues achèvent lentement de miner le quai et la confiance de ceux qui espèrent sa remise à neuf.
Nous sommes tous attachés à cette infrastructure. Pas seulement les quelques pêcheurs qui viennent taquiner le poisson ou les amoureux des couchers de soleil sur le lac. Le quai fait partie de notre patrimoine. Il mériterait notre attention et nos soins.
Autre tempête, dans le bénitier cette fois : après des mois d’incertitude, la fabrique a été contrainte de fermer ses livres et de désacraliser l’église Notre-Dame-de-Lourdes, dans le cœur villageois de Saint-Armand. Cet évènement, somme toute banal puisque des centaines d’églises ont subi le même sort au Québec, aura toutefois révélé des réalités qui donnent à réfléchir. La chute dramatique du nombre de pratiquants, la dégringolade démographique, la disparition du parvis autrefois lieu d’échange, le déclin de la toute puissante Église catholique, bien sûr. Mais aussi et surtout le silence ou l’indifférence d’une communauté incapable d’organiser la sauvegarde d’un bâtiment patrimonial alors qu’on pouvait l’acheter pour une bouchée de pain. Quelle triste abdication !
Pourtant, l’église était encore bondée lors du récent concert de Marc Hervieux, tout comme à l’occasion du concert Mère et fille de Karen Young et Coral Egan. Venons-nous de perdre notre salle de spectacle ? Le carrefour culturel de Saint-Armand a dû réserver l’église Saint-Philippe de Philipsburg pour tenir le concert d’Orford sur la route, le 25 juillet prochain. Ce concert devait être présenté à l’église Notre-Dame-de-Lourdes…
Ma conjointe et moi voyons parfois, sur TV5, des citoyens français fiers de restaurer une ruine médiévale, ou quel qu’autre vieillerie. La passion qui anime ces gens pour préserver l’ancien témoigne d’un véritable amour du patrimoine. Alors on se regarde et on se dit qu’on a vraiment encore du chemin à faire ici.