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- Édito -

Prier ou méditer ?

La Rédaction

Illustration : Jean-Pierre Fourez

Les assemblées du Conseil commencent toujours par une prière, au cours de laquelle le Souverain maître de l’univers est invoqué dans le but d’aider les élus à prendre des décisions éclairées quant à la bonne gestion des affaires municipales, et de leur rappeler qu’ils doivent faire appel à ce qu’il y a de plus élevé en eux afin qu’ils puissent remplir leurs fonctions avec honnêteté, équité, équanimité, justice et détachement. En ce sens, la prière a sa place puisqu’elle rappelle à tous – élus, officiers et citoyens – que l’exercice du pouvoir n’est pas une chose anodine mais qu’il revêt plutôt une très grande importance.

Toutefois, notre société est de plus en plus diversifiée et, sur un même territoire, les représentations de la Divinité ne cessent de se multiplier. Le Dieu des catholiques ne correspond pas nécessairement à celui des anglicans, baptistes,  méthodistes, calvinistes et autres groupes chrétiens. Il diffère aussi de l’Allah des musulmans et du Yahvé des juifs, du Bouddha des bouddhistes et des Dieux et Déesses du panthéon hindou, de même que de Gaïa, le Principe féminin de l’univers, que plusieurs femmes choisissent d’invoquer de préférence à un dieu masculin. Enfin, les agnostiques, qui ne se reconnaissent pas dans ces diverses divinités, préfèrent faire appel à un sens rigoureux de l’humanisme pour dicter leur conduite et leurs actes.

La prière telle qu’elle se pratique lors des assemblées municipales reflète donc de moins en moins le pluralisme de notre société, et peut même heurter les valeurs profondes de certains citoyens. Pouvons-nous, ensemble, considérer de revoir cette pratique, comme cela s’est fait ailleurs au Québec ? Par contre, rien n’empêche de la remplacer par un autre rituel, par exemple une minute de silence, au cours de laquelle chacun pourrait invoquer et évoquer intérieurement le « Principe directeur » qui relève de sa culture, de ses croyances ou de son appartenance idéologique. Nous y gagnerions tous au change puisque les particularismes seraient respectés sans que les valeurs spirituelles communes ne soient pour autant évacuées, particulièrement la démocratie, qu’il ne faut pas hésiter à qualifier de sacrée.

La rédaction