Dans la région, à peu près tous ceux que je connais se plaignent de la piètre qualité des services dont nous disposons en matière de technologies de l’information et de la communication. Je me souviens que c’était déjà le cas il y a un peu plus de vingt ans, alors que le virage numérique était déjà bien engagé en ville. La fibre optique a été inventée dans les années 1970, mais ici, nous étions encore limités aux vieux câbles téléphoniques vétustes, au point où il n’était pas évident d’obtenir une ligne téléphonique séparée pour y installer un fax ou un modem. Le câble coaxial ? Aucune entreprise n’était prête à en installer dans les campagnes peu peuplées. La fibre optique ? On me disait alors que ça viendrait bientôt. Vingt ans plus tard, j’attends toujours et je dépense une fortune chaque mois pour un service qui n’arrive pas à la cheville de ceux de la ville, qui coutent deux fois moins cher.
Dans un rapport présenté en 2011 au ministère des Affaires municipales du Québec, on recommandait « que le ministère prenne des mesures rapides pour que l’Internet à haute vitesse soit offert à l’ensemble des foyers et entreprises rurales et urbaines d’ici 2015 au plus tard ». J’attends toujours et j’en ai assez d’attendre… et de payer. Et je ne suis pas le seul.
C’est aussi le cas d’Étienne Gingras, travailleur autonome, installé à Saint-Armand depuis une dizaine d’années avec sa conjointe et leurs deux jeunes enfants. Il a décidé d’étudier la question de près et il a découvert des choses fort intéressantes. Selon lui, il est possible de mettre fin à cette attente interminable si nous prenons les choses en main. Et il est bien résolu à y voir. Nous l’avons rencontré afin de lui poser quelques questions.
Le Saint-Armand : D’abord, on parle de quoi quand on parle de haute-vitesse en matière de connexion Internet ?
Étienne Gingras : En fait, on parle davantage d’un débit que d’une vitesse. Comme pour une rivière, le débit c’est la quantité de données (bytes) qui peuvent passer dans le fil en une seconde. Actuellement, on parle de mégabytes par seconde (1 Mb/s = 1 048 576 bytes par seconde). Dans quelques années on va peut-être parler de gigabytes par seconde (1 Gb/s = 1 073 741 824 bytes par seconde).
Dans un câble de fibre optique, les unités de données circulent sous la forme de lumière. La lumière, ça n’occupe pas beaucoup d’espace, ça ne pèse pas lourd et ça circule très rapidement. C’est pourquoi un réseau de fibre optique gardera sa valeur durant quelques décennies. En effet, le câble de fibre optique actuel est capable de véhiculer des débits beaucoup plus importants que ceux qu’on est actuellement en mesure de leur fournir. En d’autres termes, les réseaux qu’on installe maintenant continueront d’être utiles durant de longues années et seront capables d’absorber les débits accrus que permettront les prochaines avancées technologiques. Il faut donc voir l’installation de la fibre optique comme un investissement à long terme.
Le Saint-Armand : On suppose que c’est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral finance le programme Un Canada branché et que Québec vient d’annoncer des investissements dans le cadre de sa Stratégie numérique ?
Étienne Gingras : Au fédéral, on semble sérieux dans ce domaine : le député Denis Paradis me disait récemment : « Si ça doit coûter 1 milliard de dollars pour câbler toutes les régions en fibre optique, mettons-les maintenant, parce que c’est un investissement nécessaire pour mettre nos infrastructures à jour ». Quant au provincial, on attend encore les détails du programme qui va concrétiser les récentes annonces du gouvernement Couillard.
Le Saint-Armand : Vous pensez que c’est réaliste d’investir dans un tel réseau ?
Étienne Gingras : D’autres l’ont fait, comme nos voisins de la MRC Haut-Richelieu : d’ici 2017, ils auront investi quelque 5 millions dans leur réseau. Ils viennent d’ailleurs de recevoir près de 2 millions dans le cadre du programme Un Canada branché, notamment pour câbler Noyan qui présente, comme Saint-Armand, un couvert forestier important et une topographie relativement accidentée, ce qui limite l’efficacité du sans-fil en matière de réseau de télécommunication.
Ils ne sont pas les seuls à l’avoir fait. Dans tous les cas, le modèle est similaire : la MRC est activement impliquée et le leadership est assumé par un organisme à but non lucratif (OBNL). C’est le modèle que nous entendons suivre et j’invite les personnes intéressées à venir assister à la prochaine assemblée de la Société de développement de Saint-Armand (un OBNL) qui se tiendra le 21 juin 2016 à 19 heures à la salle communautaire, au 444, chemin Bradley à Saint-Armand.
Voir la page Facebook du projet : www.facebook.com/fibre.optique.bm/.