Depuis bientôt quatre ans, le gigantesque édifice qui trône au cœur de la municipalité de Bedford et qui aura été, durant près d’un siècle, le plus important centre de production manufacturier de la région, a troqué son nom pour celui de Place Excelsior, une appellation qui évoque l’excellence, l’exclusivité, le superlatif.
Diane Alarie, propriétaire
À la gouverne de ce bâtiment emblématique, Diane Alarie, femme d’affaires expérimentée : « J’ai acheté ma première entreprise lorsque j’avais 27 ans et je l’ai revendue 15 ans plus tard, manœuvre qui m’a permis de prendre ma retraite… à 42 ans ! Ainsi, durant huit ans, j’aurai été en vacances 52 semaines par année… Épuisant ! Épuisant de platitude, même si j’avais pris soin de m’impliquer dans diverses associations sociales, artistiques, sportives, name it.
« Pour vivre à la hauteur de mes aspirations, j’avais besoin d’un projet qui m’anime, d’un défi , et j’en ai trouvé un de taille : redonner vie à ce superbe bâtiment. Faire en sorte que Place Excelsior revive et insuffle un nouveau dynamisme à la municipalité de Bedford, laquelle en a bien besoin. ».
Dans un monde idéal, Diane Alarie aurait souhaité que son bâtiment se remplisse rapidement d’entreprises industrielles, mais, dans les conditions économiques actuelles, c’eût été rêver en couleur. En bonne bagarreuse, elle a plutôt choisi de danser avec les loups et d’improviser au rythme des aléas de la mouvance économique. « Un jour, j’ai fait un grand pas dans ma compréhension de l’espace : le rez-de-chaussée allait être consacré à des entreprises de nature industrielle, plus lourdes, plus bruyantes, et l’étage, à des artisans, des artistes, à des gens qui ont besoin davantage de calme pour se concentrer sur leur travail créatif. »
Trois ans plus tard, l’étage commence à se peupler d’artistes et d’artisans, et ils sont désormais six à former ce que Diane Alarie s’amuse à nommer la « bande du 2e ».
Cette demi-douzaine d’artistes et d’artisans témoignent d’un dynamisme peu commun : l’automne dernier, ils ont participé, à titre de groupe, à la vingtième édition de la célèbre Tournée des 20, et ils s’apprêtent à insuffler un peu de l’esprit des fêtes dans la région en invitant le grand public à visiter leurs ateliers les 11, 12 et 13 décembre.
Linda Bruce, peintre
« Je me suis installée ici en mai 2014, parce que l’atelier que j’avais aménagé dans mon garage était devenu beaucoup trop petit. Pour travailler des toiles de 4 par 5 pieds, ça prend du recul, et j’en étais rendue à devoir ouvrir la porte du garage et reculer jusque dans l’entrée pour juger de mon travail ! « Ici, à Place Excelsior, c’est superbe. J’ai beaucoup d’espace à un prix abordable et, surtout, une lumière magnifique. En plus, si j’en ai envie, je peux laisser ma porte ouverte et les autres artistes ou les visiteurs peuvent entrer à loisir dans mon atelier pour voir mon travail ou discuter tout en prenant un café. »
Linda Bruce travaille à l’huile, dans un style impressionniste qui s’inspire de scènes du monde réel, où la couleur et la lumière sont mises à profit pour en arriver à flirter avec l’abstraction.
Diane Desmarais, peintre
« Je suis originaire de l’Outaouais, mais j’ai roulé ma bosse un peu partout dans le monde. À une certaine époque, j’ai vécu durant quatre ou cinq ans dans la municipalité de Saint-Armand et lorsque, récemment, je suis revenue au Québec, c’est tout naturellement que j’ai choisi de m’installer dans cette région qui me plaît beaucoup.
« Pour moi, avoir un atelier détaché de la maison, c’est essentiel. Quand j’arrive ici, j’entre dans mon monde de création et plus rien ne vient me déranger. Je peux me concentrer sur mon travail durant cinq ou six heures d’affilée, sans interruption, sans distraction. Pas de vaisselle, pas de ménage… la sainte paix ! »
Diane Desmarais peint depuis 40 ans et utilise une technique mixte d’encre et de peinture à l’huile. Elle privilégie les grands formats, mais il lui arrive également d’exécute également d’exécuter des toiles plus petites.
Louise Guertin, aquarelliste
« J’habite Chambly et je consacre une importante partie de mon temps à donner des cours. Bien sûr, j’ai un atelier adjacent à la maison, mais avec les années, l’atelier en était venu à déborder sérieusement dans la maison. Avant d’être totalement envahie, j’ai décidé qu’il me fallait un atelier détaché. « Comme mes parents habitent Bedford, juste en face de Place Excelsior, je suis tout naturellement venue m’informer des prix et de la disponibilité des locaux, et je suis tombée en amour avec ce local dont les fenêtres donnent sur la rivière. Quand j’entre ici, j’ai l’impression d’être sur un paquebot qui flotte sur l’océan. » Louise Guertin pratique l’aquarelle, une technique très exigeante qu’elle maitrise magnifiquement. Ses œuvres se déclinent dans une large variété de formats et traitent de thématiques diverses : fleurs, scènes de nature, portraits, natures mortes. Elle donne également des cours d’initiation et de perfectionnement à l’aquarelle.
Constance Morgan, mosaïste
« Je suis mère de trois enfants : une fille et deux garçons, âgés respectivement de 21, 19 et 16 ans. Le fait d’être mère au foyer ne m’a jamais empêchée de cultiver mon côté créatif : j’ai fait de la peinture, de la courtepointe et toutes sortes de trucs, jusqu’à ce que je découvre le plaisir de la mosaïque.
« En mai dernier, j’ai constaté que notre maison de Frelighsburg était devenu trop petite pour abriter à la fois la famille et mon atelier. Comme je ne me résignais pas à mettre mes enfants à la porte, c’est donc l’atelier que j’ai choisi de sortir de la maison ! Mon amie Linda Bruce m’a fait découvrir la Place Excelsior et, en venant la rejoindre, j’ai également découvert un groupe d’artistes et d’artisans super-sympathiques et dynamiques. »
Constance Morgan pratique la peinture et la mosaïque ; le format de ses œuvres varie du sous-verre à des pièces murales de 24 par 36 po.
Emmanuel Péluchon, boisselier
« Pour le moment, je suis le seul homme de la « bande du 2e », mais ça ne me fait pas trop souffrir !
« Depuis des années, je pratique la boissellerie, c’est-à-dire que je fabrique de petits objets en bois, tels des couteaux, des porte-cartes, des sous-verres, des bols, etc. Mais, en aménageant mon atelier à la Place Excelsior, dans un espace beaucoup plus vaste que celui dont je disposais jusqu’à maintenant, je me suis mis à faire des objets plus gros… Comme quoi, l’espace influence la création.
« Depuis que je suis installé ici, je me suis donné pour objectif de développer une clientèle régionale : je souhaite que les gens du coin sachent qu’ils ont un artisan sous la main pour leur fabriquer de beaux meubles en vrai bois d’arbre. Je veux qu’ils sachent que je suis là pour travailler tout ce qui est en bois ; je peux même réparer et restaurer les beaux vieux meubles de leurs grands-parents ! »
Emmanuel Péluchon pratique son métier depuis plus de vingt ans ; depuis un an, il s’emploie également à fabriquer et à commercialiser Archiblocks, un jeu de blocs de bois qui permet aux jeunes de 7 à 77 ans de s’initier aux grandes œuvres architecturales ; à compter de janvier 2016, il ajoutera une nouvelle corde à son arc en offrant un service de gravure au laser : découpe de motifs, gravure de logos, gravure sur verre…
Rosie Godbout, artiste textile
« Depuis près d’un demi-siècle, j’ai une maison à Saint-Armand ; c’est même là que j’ai commencé à faire du tissage en 1978. Ensuite, je me suis installée à Montréal où j’ai continué à perfectionner mon art et à l’enseigner.
« Il y a un an, un peu comme si je bouclais la boucle, j’ai choisi de quitter Montréal pour revenir m’installer définitivement à Saint-Armand. Comme j’avais besoin d’un atelier, j’ai découvert la Place Excelsior et j’ai aménagé dans un local qui a une magnifique lumière et une vue imprenable sur la rivière. »
Au cours de sa carrière, Rosie Godbout s’est employée à imposer la notion « d’art à porter », en créant des vêtements dont la texture et les coloris sont de véritables tableaux textiles. À deux reprises, elle a été récipiendaire du Grand Prix des métiers d’art et, en 2013, le Salon des métiers d’art lui rendait un hommage bien mérité.
En décembre prochain, un large éventail de ces vêtements d’exception sera proposé à la clientèle féminine.
Comme si la présence d’artistes aussi dynamiques avait un effet contagieux sur les gens qui les entourent, même Diane Alarie, la propriétaire de Place Excelsior, s’est mise à la peinture…
« Eh oui… Mais comme j’aime joindre l’agréable à l’utile, je repeins les murs des locaux qui, je le souhaite, accueilleront bientôt d’autres artistes ! »