Photo par Mylène O’Reilly
Mylène O’Reilly crée par instinct. À l’instar de ses amis canins, elle suit un élan qui n’est pas dicté par l’intellect ou la raison. Photographier, c’est d’abord jouer. Ce jeu l’amène plus souvent qu’autrement dans un espace hors-temps qu’elle compare à la méditation.
À la fin de l’adolescence, l’appareil photo emprunté à un ami devient rapidement son compagnon de voyage, puis de vie. D’abord autodidacte, Mylène fait de multiples explorations en solitaire. Dans sa bibliothèque se côtoient d’innombrables livres sur la photographie…et les chiens.
En 2004, elle s’inscrit à des cours du soir au collège Marsan pour comprendre la technique et maîtriser davantage sa caméra. Au fil du temps, elle optimise son équipement. À cette même époque, elle suit des ateliers de cynologie (terme désignant les approches et les outils relatifs à l’entraînement et à l’éducation des chiens). En ayant recours au renforcement positif, elle développe une approche qui lui permet d’obtenir l’attention et la confiance de l’animal. Sa caméra lui permet alors de capter l’expression de ses chiens comme elle les aime, c’est-à-dire détendus, intéressés et attentifs.
Quelques années plus tard, elle se joint au club photo PixelArt de Farnham, fait une première exposition avec les membres du groupe…et y prend goût.
Une amie artiste qu’elle affectionne beaucoup remarque un jour chez elle un portrait de chien qui la touche. Elle se procure la photo et s’en inspire pour peindre un tableau. Cette marque de reconnaissance donnera à Mylène la confiance nécessaire pour oser afficher de plus en plus son art en public. Je suis là à l’écouter me parler de ses débuts, de ses rencontres significatives, et je réalise à quel point ce concept de chaîne humaine est inné chez les artistes. Nous, créateurs de la région, sommes déjà tous naturellement reliés les uns aux autres.
C’est vers 2009 que l’aventure artistique de Mylène prend son envol. Alors qu’elle cherche un sujet pour illustrer la thématique de la pollution proposée par le club photo, un lieu l’interpelle… En passant devant une vieille fonderie désaffectée, elle ressent une pulsion. Quelque chose de puissant, qu’on pourrait même qualifier de magnétique, la pousse à vaincre sa peur et à entrer dans le bâtiment contaminé. Convainquant des collègues de l’accompagner à l’intérieur, elle s’y rendra à trois reprises pour réaliser une série de clichés magnifiques. Mylène m’explique qu’il n’y avait rien de réfléchi là-dedans. Elle a été séduite par le chaos qui régnait là, elle y a vu l’espoir, puis la beauté de la nature qui reprenait ses droits. Les jeux de lumière qui l’attendaient à l’intérieur l’ont éblouie, lui confirmant que son intuition était juste. Cela donna naissance à l’exposition 1161 Industriel présentée en duo avec Denis Giroux en 2010. Depuis, elle a collaboré avec le collectif Hors-pistes et le Labohem. Ces expériences de groupe lui ont permis de sortir de sa zone de confort.
Depuis quelque temps, par le biais d’une autre rencontre initiée par le chien, Mylène apprivoise le cheval. Elle rit en me racontant que l’approche qu’elle maîtrisait si bien avec les canidés ne fonctionne pas vraiment avec les chevaux ! Ces derniers l’ont amenée à procéder autrement, car son but n’est pas de changer ou de contrôler ses sujets. Ses expérimentations avec ce noble animal se poursuivront, car en les photographiant de plus en plus près, elle a appris à ne plus les craindre…et elle est tombée sous leur charme ! Les chevaux l’invitent à aller plus loin… L’avenir nous dira dans quelle direction !
L’art de Mylène O’Reilly est sans artifice. Elle nous offre son regard intime, jamais intimidant. Elle nous présente une vision des choses à l’état pur. Ce qui me frappe, c’est sa capacité à montrer la beauté naturelle de ses modèles. Elle les représente pour ce qu’ils sont, souvent dans leur aspect le plus sauvage (non domestiqué). Cette sensibilité me rejoint.
Il est fascinant de constater à quel point sa route artistique est étroitement liée à sa passion pour les animaux. C’est d’ailleurs son premier chien qui l’a remise sur sa voie. Ne pouvant pas le garder dans son petit appartement de Montréal, elle a choisi de déménager à la campagne plutôt que de se séparer de lui. C’est à partir du moment où elle est arrivée à Dunham que le chemin s’est ouvert. Encore aujourd’hui, l’animal la pousse à suivre ses rêves. Et c’est exactement par-là que le chemin se définit.
Vous pouvez voir les œuvres de Mylène sur son site Internet : http://myleneoreilly.wix.com/portfolio#
Elle participe également à une exposition intitulée Vie privée, qui regroupe une dizaine de photographes et se tiendra du 31 janvier au 1er mars à la M Galerie Boutique à Granby.