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- Des êtres et des herbes -

MAY DAY !

Annie Rouleau – herboriste

Le printemps est là. La nuit fait place à la lumière. Le temps des semis approche. Les premières fleurs percent les vestiges de l’hiver. Les bourgeons éclosent. La vie se perpétue, se reproduit. Hymne à la fécondité.

Un petit arbre fleurira bientôt. Ses feuilles, ses fleurs et ses fruits servent à soulager les cœurs malades, les cœurs trop tristes, les cœurs brisés. C’est l’aubépine. Arbuste chéri des anciens païens, repris depuis comme symbole de Marie, mère du Christ couronné de ses épines acérées.

Les herboristes considèrent l’aubépine (Crataegus oxyacantha et autres variétés sauvages) comme un tonique cardiaque à l’état pur. Ses composés biochimiques les plus actifs interfèrent avec certaines enzymes, de même qu’avec quelques sites récepteurs cellulaires jouant un rôle important dans l’activité cardiaque.

L’aubépine est utilisée en prévention et en traitement de l’insuffisance cardiaque congestive de classe I et II, de l’hyper-tension, de l’angine, de l’arythmie, de l’inflammation cardiaque ou des vaisseaux sanguins, de la mauvaise circulation dans les membres et dans l’artère coronaire, de la dégénérescence cardiaque ainsi que de l’athéro et de l’artériosclérose. Il est aussi d’usage d’en prendre pour reconstruire le cœur suite à un infarctus. Elle favorise la dilatation des vaisseaux sanguins, particulièrement de l’artère coronaire, augmentant ainsi l’apport sanguin au muscle cardiaque. Ainsi nourri, un cœur fragile pourra plus facilement faire son travail et se reconstruire. La plante est également diurétique, aspect non négligeable pour le traitement de troubles cardio-vasculaires.

L’aubépine agit sur le cœur physique, mais aussi sur celui, plus subtil, que les Orientaux nomment le chakra du cœur. Ce principe trouve son application dans les cas d’anxiété et d’agitation, qui s’accompagnent souvent de palpitations. La plante est également utile contre l’insomnie : elle exerce un effet calmant chez les nerveux et les fébriles.

Un nombre impressionnant d’études cliniques corroborent les usages traditionnels de l’aubépine, sans toutefois lui accorder l’importance thérapeutique que lui prêtent les naturothérapeutes. À tout le moins, son innocuité, elle, est officiellement reconnue, ce qui fait qu’il est relativement facile de se procurer en magasin des préparations qui en renferment. Dans la pratique traditionnelle de l’herboristerie, on privilégie l’emploi des plantes entières, par opposition à celui d’extraits qui sont standardisés pour certains de leurs composants chimiques et qui font l’objet d’études cliniques. Les chercheurs pensent toutefois que les composants chimiques de la plante agissent en synergie. D’où l’intérêt de l’utiliser entière.

Selon l’herboriste Peter Holmes, si l’aubépine n’est pas bien reconnue, c’est, entre autres choses, qu’elle agit subtilement et en douceur. Ce qui ne l’empêche pas d’être efficace. Cependant, depuis la Renaissance, les médicaments à action rapide et plus radicale sont privilégiés. L’aubépine étant une plante « féminine », emblème de beauté et d’harmonie, elle n’a pas d’emblée une place de choix dans une médecine puissamment « masculine ».

Outre un spéculatif potentiel d’interaction avec la digitaline, l’aubépine ne présente aucune toxicité. Les personnes faibles ou âgées peuvent donc la prendre sur de très longues périodes. Il convient d’en prendre pendant au moins huit semaines. Elle agit lentement et en douceur, mais, une fois enclenchés, ses effets sont durables.

Il existe dans le commerce des teintures de fleurs, feuilles et baies d’aubépine. On prend ces macérations alcooliques à raison de 20 ou 30 gouttes deux fois par jour en prévention, et de 30 à 50 gouttes en traitement. On peut aussi se procurer de l’aubépine séchée. On fera mijoter les baies trente minutes à une heure avant de les filtrer. On conseille d’en prendre deux à quatre tasses par jour. Inutile de faire bouillir les baies et les fleurs : il suffit de les laisser infuser une trentaine de minutes dans de l’eau bouillie. Même quantité quotidienne que les baies. On peut aussi mélanger la décoction de baies à l’infusion de fleurs. Il suffit de mettre les fleurs à infuser dans la décoction de baies filtrée. Une cuillérée à soupe de plante séchée par tasse d’eau, toutes parties confondues.  À noter que les magasins de produits naturels de la région tiennent tous diverses préparations d’aubépine.

Mise en garde : toute personne souffrant de troubles cardio-vasculaires doit se montrer vigilante face à son état. L’automédication ne peut se faire qui si elle est accompagnée d’une parfaite connaissance des paramètres en cause. Il est préférable de consulter un professionnel de la santé afin d’évaluer correctement la situation. Notez qu’il est tout à fait possible de combiner les médicaments de synthèse à des préparations d’aubépine. Certains médecins et pharmaciens sont ouverts à cette possibilité. Autrement, il y a certainement un ou une herboriste près de chez-vous ! Renseignez-vous.

annieaire@gmail.com

La fleur d’aubépine au printemps

Le fruit rouge à la fin de l’été