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- Chronique de l'OBVBM -- Environnement -

L’espace de liberté des cours d’eau

Frédéric Chouinard, chargé de projet à l’OBVBM

Les inondations font bel et bien partie de notre paysage, tant géographique que médiatique. En secteur montagneux comme dans les Appalaches, la dynamique des cours d’eau est plus active que celle des plaines et des vallées, et leur lit d’écoulement est généralement plus mobile, ce malgré le fait que le débit des ruisseaux et des rivières y soit plus faible. Ainsi, il arrive que certains secteurs riverains qui n’étaient pas inondables il y a 50 ans se trouvent dorénavant à quelques mètres du lit d’écoulement d’une rivière ou d’un ruisseau et soient à risque de dommages importants par inondation ou infiltrations sous-terraines, à moins que leurs berges s’érodent, entraînant ainsi une perte du terrain utile.

Ce « corridor de mobilité » d’un cours d’eau, aussi nommé « espace de liberté », est une zone importante à considérer en aménagement du territoire, étant donné sa dynamique active et changeante à long terme (et parfois même à court terme) et les risques pour certains bâtiments ou infrastructures qui s’y trouvent, le cas échéant. Ainsi, la tempête tropicale Irène qui a frappé la région en 2011 a transformé de nombreux ruisseaux, rivières et fossés en véritables torrents, emportant berges, ponts, routes et bâtiments riverains, ce qui illustre bien les risques liés à la puissance de l’eau.

Avec les changements climatiques, on observe une augmentation en quantité et en intensité des pluies. Les coups d’eau semblent dorénavant plus fréquents. Cours d’eau et fossés sont soumis à de fortes pressions érosives ; la quantité de sédiments qui s’accumule dans les rivières et les lacs est bien visible et parfois préoccupante. De tels bancs de sédiments ont comblé des bassins de pêche et de baignade aussi bien dans la rivière aux Brochets que dans la Sutton ou la Missisquoi. Nos voisins du lac Davignon, avec sa fameuse « Île aux Mouettes », subissent aussi le même sort.

Il importe donc de s’adapter aux changements climatiques et d’adopter de nouvelles approches en matière d’occupation des territoires riverains. L’espace de liberté des rivières et ruisseaux est une zone d’inondabilité et d’érosion dynamique qui permet aux cours d’eau de faire des méandres, d’épancher leur puissance érosive et leurs trop pleins d’eau et de déposer leurs sédiments. Les multiples bancs de sable et de gravier ainsi créés seront aussi utilisés par la faune locale, notamment par les tortues pour y pondre leurs œufs. Ce corridor naturel permet à long terme à un cours d’eau de maintenir son équilibre et d’éviter ainsi les débordements. Il est donc important de laisser cet espace libre pour que l’eau et les sédiments puissent circuler sans causer d’impact sur les populations, les bâtiments et les infrastructures riveraines et en aval.

Pour en savoir davantage, consultez l’étude suivante menée par le groupe de recherche Ouranos sur les espaces de liberté des rivières de la Roche à Saint-Armand et Yamaska Sud-Est près de Cowansville :

(https://www.ouranos.ca/publication-scientifique/RapportBironetal2013_FR.pdf).

Une étude à paraître a également été produite sur une portion de la rivière Sutton.

APPEL À TOUS :

Si vous avez déjà observé qu’un bassin ou une fosse dans une rivière ou un ruisseau qui s’est rempli de sédiments, veuillez nous en faire part en écrivant à frederic.chouinard@obvbm.org. Nous colligeons présentement des données sur l’évolution du bassin versant de la baie Missisquoi afin de favoriser l’aménagement durable de son territoire.