Le cardinal est un client assidu des mangeoires. (Photo : Jean-Pierre Fourez)
Je suis un passionné d’oiseaux depuis maintenant 20 ans. Je consacre beaucoup de temps à cette passion. Je vais souvent observer les oiseaux en forêt, sur le bord des routes et au lac. Je ne m’en lasse jamais.
Je suis arrivé à Saint-Armand en 1991. J’ai habité quelques années dans le sanctuaire de H. Montgomery et je vis maintenant au village. Autodidacte, j’ai beaucoup lu, et je lis encore sur le sujet. J’apprends également beaucoup en observant : connaître le comportement des oiseaux, leurs chants, leurs cris. Même après toutes ces heures d’observation, j’en apprends encore ! Je m’occupe également des oiseaux menacés dans la région, je prends des données GPS des lieux et je les transmets à une base de données.
Pour ce premier article, je vous parlerai des mangeoires et de la façon d’attirer les oiseaux près de chez vous. Une question qu’on me pose souvent : les oiseaux ont-ils besoin des mangeoires pour survivre à l’hiver ? Il y a deux réponses à cette question. Tout d’abord, il y a toujours eu des oiseaux l’hiver au Québec, donc les mangeoires ne sont pas indispensables, c’est vrai. J’ai lu une étude sur les mésanges à tête noire qui portait sur deux groupes : un groupe qui avait la possibilité de se nourrir à des mangeoires et un autre qui vivait en forêt sans accès à des mangeoires. Le taux de mortalité était sensiblement le même chez les deux groupes.
Donc les oiseaux habitués à nos hivers ne devraient pas avoir besoin des mangeoires pour survivre. C’est une source facile d’aliments, et ils en profitent. La deuxième réponse à cette question est oui, certaines espèces moins bien adaptées à nos hivers ont besoin d’une mangeoire. Je peux vous en nommer quelques-unes : le troglodyte de Caroline, le carouge à épaulettes, l’étourneau, le pic flamboyant, le pic à ventre roux et certains bruants.
Quels types de mangeoire doit-on installer ? L’idéal serait trois types : un silo à chardon, une grosse mangeoire à graines de tournesol noir et un bloc de gras.
Le silo à chardon : c’est une mangeoire réservée aux petits oiseaux. Il y a deux types de silos : le silo classique comportant des petits trous au-dessus du perchoir et le silo muni de petits trous sous le perchoir, ce qui empêche les moineaux de s’y nourrir ; par contre les chardonnerets, tarins, mésanges et sizerins n’y verront aucune différence. La mangeoire à graines de tournesol : c’est l’élément de base des mangeoires pour les oiseaux ; presque tous les oiseaux s’en nourrissent. Ce que les oiseaux préfèrent, c’est le tournesol noir.
Le bloc de gras : ça peut être un gros morceau de suif que vous trouverez chez le boucher et que vous mettrez dans un grillage approprié. Vous pouvez faire une recette avec du beurre d’arachides mélangé à du saindoux, le faire congeler ou simplement en badigeonner une bûche que vous suspendrez. Les mésanges à tête noire, les sittelles à poitrine blanche, les sittelles à poitrine rousse, les pics et les grimpereaux l’aiment beaucoup.
Il est préférable d’éloigner les mangeoires les unes des autres. Les geais bleus et les moineaux ont tendance à s’approprier toutes les mangeoires. En les éloignant les unes des autres, vous n’empêcherez pas l’activité aux mangeoires. Les fenêtres représentent un facteur de risque très important. À certains moments de la journée, l’oiseau ne voit pas l’intérieur de votre maison à cause du reflet, tout ce qu’il voit est la continuité du monde extérieur. Lorsqu’il y a une panique causée par une prédateur comme un épervier, un faucon ou une buse, l’oiseau paniqué entre en collision avec la fenêtre et parfois cela lui est fatal, surtout s’il y a des chats qui rôdent. On peut remédier à la situation en collant des objets aux fenêtres tels que des dessins d’enfants ou des petites figurines. Évidemment, le risque est toujours là, mais ça peut aider.
Les rapaces ne sont pas toujours en grâce auprès des gens, car ils capturent les oiseaux et les mangent parfois devant leurs yeux. Il faut simplement se rappeler que les mangeoires concentrent les oiseaux dans un même endroit et que c’est plus facile pour le rapace de s’alimenter ainsi ; lui aussi a le droit de se nourrir.
Je vous souhaite de belles observations durant les longs mois d’hiver.