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- Gens d'ici -- Patrimoine -

Les Gosselin de Notre-Dame

Ginette Simard Gendreault

Quatre frères Gosselin, vers 1907
Albert et François devant, Paul-Émile et Louis derrière

Note de la rédaction

Madame Ginette Simard Gendreault, qui a été mairesse de Notre-Dame-de-Stanbridge durant deux mandats, raconte ici un bout d’histoire locale notamment en ce qui concerne les liens unissant Notre-Dame et l’Université McGill de Montréal. Rappelons que la famille Des Rivières héritait du Canton de Stanbridge à la suite de l’union de Marie-Charlotte Guillemin, veuve de Joseph-Amable Trottier dit Des Rivières, et de James McGill, celui qui légua aussi à l’Institution royale pour l’avancement des sciences son domaine sur les flancs du Mont-Royal ainsi qu’une somme de 10 000 £ qui fut placée en fiducie afin d’y créer, en 1821, l’Université McGill. Voir aussi, à ce sujet, l’article de Jef Asnong, « Notre-Dame-des-Anges et le Canton de Stanbridge », publié dans nos pages en 2015 (https://journalstarmand.com/notre-dame-des-anges-et-le-canton-de-stanbridge/).

Au début du 20e siècle, deux jeunes hommes de chez-nous, les frères Louis et Albert Gosselin, recevaient les plus grands honneurs de l’Université McGill, le premier en droit en 1903 et son cadet en sciences en 1911. Pour honorer la mémoire de ses grands-oncles, Lorraine Gosselin, native de Notre-Dame-de-Stanbridge, créait en 2013 deux bourses d’étude remises annuellement à des étudiantes ou étudiants excellant dans les disciplines du droit et de l’ingénierie.

Leur père, Collection de l’Assemblée Nationale du Québec

 Leur père, Joseph Jean-Baptiste Gosselin, était issu d’une famille de pionniers et de bâtisseurs de la région. Il est né à Saint-Athanase d’Iberville, le 22 novembre 1848, dans une famille de cultivateurs et, plus tard, a fait ses études à l’école paroissiale de Saint-Alexandre. Le 3 octobre 1878, il épousait Rose-de-Lima Gauthier, fille d’Antoine Gauthier et de Marie Dalphé. En 1885, il s’établissait à Notre-Dame-de-Stanbridge (village voisin des terres de son père). Au cours des vingt années suivantes, il possédera un magasin général, puis un moulin à scie, un moulin à farine, plusieurs fermes et une filature. Il exportera du foin aux États-Unis, en Angleterre et en Écosse.  Et comme si cela ne suffisait pas, il contribuera aussi au développement de mines en Colombie-Britannique. Il a instauré dans sa municipalité plusieurs commerces qui, suite à la fermeture de la manufacture de tissus, apporteront une certaine stabilité à l’économie locale.

Membre du Club de réforme de Montréal, qui rassemblait l’élite politique, libérale et économique du Québec de l’époque, il a présidé la commission scolaire locale et a siégé au conseil municipal de Notre-Dame-de-Stanbridge d’abord comme échevin, puis comme maire, de 1898 à 1900. Il a ensuite été élu député libéral de Missisquoi à l’Assemblée nationale et, le 20 janvier 1919, il était nommé conseiller législatif de la division de Bedford.

Décédé à Notre-Dame-de-Stanbridge, le 16 mai 1929, à l’âge de 80 ans et 5 mois, il a été inhumé dans le cimetière de la paroisse.

Funérailles de l’Honorable J.J.B. Gosselin le 19 mai 1929 à Notre-Dame-de-Stanbridge.  Collection Familles Wehr/Gosselin

Bien que n’ayant connu que l’école paroissiale de Saint-Alexandre, il encouragera ses enfants à poursuivre leurs études et  à se spécialiser dans des professions libérales. Homme actif et dévoué à sa communauté, il laissera à ses héritiers un désir d’accomplissement et de réalisation.

Ses fils Louis (avocat), Albert (ingénieur civil) et Paul-Émile (diplômé en administration) suivront ses traces tout au long de leur vie. Le jeune François décèdera en 1907, à l’âge de 19 ans.

Quant à ses filles, elles choisiront de s’occuper de la maison et des jardins. Tous les enfants de Joseph Jean-Baptiste Gosselin ont complété leurs études secondaires. Deux d’entre eux iront à l’Université McGill, reconnue dans le temps et encore aujourd’hui comme l’une des meilleures maisons d’enseignement au monde. Diplômé en administration du collège Sainte-Marie, Paul-Émile prendra la relève des commerces de son père. Il fondera une famille avec Caroline Wehr et le couple laissera plusieurs descendants dans la région.

Fait intéressant, le frère de Jean-Baptiste, François Gosselin, s’impliquera dans la municipalité de Saint-Alexandre à titre de maire, puis dans le comté d’Iberville comme député libéral et, enfin, comme conseiller législatif libéral de Rougemont.

 Louis Gosselin, avocat 

Louis Gosselin, avocat . Collection : Assemblée Nationale du Québec

Né à Saint-Alexandre le 1er octobre 1879, il deviendra citoyen de notre municipalité en 1885 quand son père, J.J.-B Gosselin, acquerra le magasin général, le moulin à scie et une grande partie des affaires de Joseph Couture. Louis fera ses études primaires à l’école de Notre-Dame-de-Stanbridge, puis complètera son baccalauréat préparatoire aux études supérieures au Collège Sainte-Marie avant d’obtenir, en 1903, son baccalauréat en droit à l’Université McGill, se classant parmi les meilleurs élèves. Puis il complètera sa formation par des études au University College de Londres et à la Sorbonne de Paris. Bien qu’il ouvre un cabinet à Montréal, (Hibbard, Gosselin, Macpherson & Hutchins), il reste attaché à sa municipalité et y garde des propriétés et des fermes qu’il exploite comme agriculteur et éleveur. Il servira comme maire de la municipalité de Notre-Dame-de-Stanbridge sous plusieurs mandats, soit du 14 janvier 1931 au 19 janvier 1945.

En 1935, il deviendra député du Parti libéral du Canada (18e législature) sous McKenzie King, dans la circonscription fédérale de Brome-Missisquoi et le restera jusqu’en 1940. Durant cinq ans, il occupera les deux fonctions de maire et de député. Il siègera en tant que parlementaire à différents comités, dont le comité permanent des chemins de fer, canaux et lignes télégraphiques et le comité permanent de l’agriculture et de la colonisation.

C’est en participant à ce dernier comité qu’il sera invité, ainsi que plusieurs autres parlementaires, à se rendre a Londres en mai 1937 afin de participer à un congrès sur ce thème et, par la même occasion, assister au couronnement du nouveau roi, George VI.

Célibataire, Louis décèdera le 18 juin 1954 et sera inhumé avec les membres de sa famille au cimetière de Notre-Dame-de-Stanbridge.

Albert Gosselin, ingénieur civil

Albert Gosselin à droite, ingénieur pour la ville de Montréal, discute d’un accident de la route avec un policier.              Collection  Familles Wehr/Gosselin

Né le 23 avril 1882 dans la paroisse de Saint-Alexandre, Albert passera son enfance et son adolescence au cœur du village près de l’église de Notre-Dame-des-Anges dans la municipalité de Notre-Dame-de-Stanbridge nouvellement incorporée. Comme son frère Louis, il fréquentera l’école du village et poursuivra ses études classiques au Collège Sainte-Marie en vue d’obtenir un diplôme lui permettant d’accéder aux études supérieures qui le mèneront, lui aussi, à l’Université McGill où il étudiera en sciences.

Sa pratique comme ingénieur civil lui permettra de faire carrière et d’être responsable de plusieurs projets d’infrastructures publiques dans plusieurs villes importantes dont Montréal, Québec ou, plus près de chez nous, Saint-Jean-sur-Richelieu.

Malgré ses voyages et ses déplacements, il gardera tout au long de sa vie une affection pour sa municipalité et y conservera plusieurs propriétés, conjointement avec son frère Louis.  Apprécié de ses nièces et neveux, il laissera le souvenir d’un homme affectueux et généreux. Il décèdera en 1947 et sera inhumé lui aussi avec les siens dans le cimetière paroissial.

Comme toute belle histoire mérite une suite heureuse, madame Lorraine Gosselin annonce la création d’une autre bourse d’étude qui sera disponible dès l’automne 2019. Elle sera décernée annuellement à une étudiante ou un étudiant en sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill (Campus Macdonald) en l’honneur de son arrière-grand-père, Joseph Jean-Baptiste Gosselin.