J’ai choisi un « étrange » comme conjoint. Il s’est exilé de l’autre côté de cette belle étendue d’eau que l’on appelle Lac Champlain. Il est passé du lointain Venise-en-Québec à notre Saint-Armand. De cette union avec lui sont nés trois garçons, aujourd’hui ados, ce qui les rend à moitié étranges par le sang et tout à fait étranges par leur âge…
Pour la majorité des gens natifs d’ici (comme moi), tous ceux qui ne sont pas nés ici sont des « étranges. » On ne le dit pas toujours ouvertement mais, avouons-le, quand on se jase entre nous autres, c’est ça quand même. Même si ça fait 40 ans que tu es ici, même si t’es beau, t’es fin, t’es connu, même si… Es-tu né ici ? Non ? TU – ES – UN – « ÉTRANGE. »
Je trouve ça génial que notre village ait un journal. Un journal à nous, ce n’est pas rien ça ! Sauf qu’en tant que native, je ne me reconnais pas dans celui-ci (ou très peu). Les artistes sont bien représentés, les personnes d’un certain âge (ou d’un âge certain, c’est selon) aussi. On parle aussi de notre petite école et de nos jeunes enfants. Mais qu’en est-il des gens qui sont nés ici, qui ont choisi de faire leur vie ici et d’élever leurs enfants ici ? Les Bellefroid, les Dalpé, les Litjens, les Robinson, les Pelletier, les Swennen, les Benoit et j’en passe. Nous avons aussi des ados et de jeunes adultes géniaux dans notre municipalité.
Je suis allée à l’assemblée générale du journal. On m’a dit qu’il y avait de la place dans cette publication pour parler de nous. Pour parler de vous. C’est ce que je vais essayer de faire, au fil de petites chroniques dans les prochains numéros. Si vous avez des idées à me soumettre, tous les natifs savent où me trouver. Mon « étrange » est aussi connu que moi maintenant. Désourdy qu’il s’appelle, on est dans le bottin, à Saint-Armand !