Le débat sur les éoliennes, qui a eu cours récemment dans la région, démontre bien comment on peut suivre la tendance du jour sans analyser les faits en profondeur. Parce qu’une personne a commencé à combattre le projet, chacun s’est senti obligé de suivre. Même certains écologistes ont oublié que les éoliennes répondaient à des enjeux importants comme les besoins en énergie, l’épuisement des ressources naturelles, le réchauffement de la planète et la survie de l’humanité. Il y a une trentaine d’années, personne ne s’était levé pour dénoncer les séchoirs à grain qui faisaient, et font encore parfois, 10 fois plus de bruit que les éoliennes. Ces monstres n’étaient utiles qu’à leur propriétaire et aux concessionnaires qui les vendaient. Et voilà qu’aujourd’hui, parce qu’un mouvement se lève contre les éoliennes, tout le monde crie : « Pas dans ma cour ! » sans penser que sauver l’humanité, ce n’est quand même pas rien.
Évidemment, il faut faire ça avec un minimum de dommages, ce qui veut dire respecter des décibels et des distances minimums, répartir les avantages, les inconvénients et les revenus équitablement, choisir des emplacements appropriés et discuter des points positifs et négatifs. Mais récemment, ce n’est pas ce qu’on a vu. La mode est de dire : « Non aux éoliennes », et du même coup, de jeter le bébé avec l’eau du bain en oubliant que l’inondation d’immenses territoires incluant des forêts et des zones habitées n’est que la seconde moins mauvaise façon de faire de l’électricité. La plus dommageable et la plus utilisée dans le monde actuellement est la combustion du charbon qui, si elle continue à se développer au rythme actuel, condamne nos enfants à l’extinction, rien de moins.
Pour l’instant, en attendant que le solaire améliore son rapport coût/rendement, ou avant que l’on exploite une forme d’énergie plus subtile, le moindre mal reste l’utilisation du vent. Les autres façons sont catastrophiques. On en veut du jus dans la « plogue » ou on n’en veut pas ? Bien sûr, on doit maintenir le développement éolien dans des limites raisonnables, mais je considère qu’on dérape complètement quand on accepte des arguments comme : « Ça peut briser ! », « C’est pas beau ! »
Connaissez-vous quelque chose qui ne brise jamais ? Vous rappelez-vous du verglas ? Faut-il couper l’hydroélectricité pour autant ? Y a-t-il quelqu’un qui trouve ça beau les 100 000 kilomètres de fils électriques qui traversent nos cartes postales ? Faut-il se remettre aux chandelles pour autant ?
Et si on se demandait s’il vaut mieux endurer quelques pales dans le vent ou dire adieux à nos petits-enfants ?
Yves Langlois