Photo : Eric Madsen
Luc Cyr et Caroline Cardin vivaient à Montréal, tous les deux originaires de Pointe-Saint-Charles, un ancien quartier ouvrier à l’ombre des tours du centre-ville. Ils menaient une vie trépidante du matin jusqu’à tard le soir dans la faune urbaine. Ils se rencontrent sur les bancs de l’université, elle en histoire de l’Art, lui en arts visuels, ont le coup de foudre il y a onze ans et sont fiancés depuis le premier jour du millénaire. Ils ont aujourd’hui tous les deux trente-quatre ans, deux enfants, Claudel, quatre ans, et Antonin, trois ans, nés à Montréal, découvrant le monde dans une cour de trente par vingt, « pas d’arbre dans la rue », dixit Claudel. Partagés entre les couches à changer, le travail en programmation culturelle pour la ville, les sorties entre amis, les courses folles, la maison collée sur les voisins, Caroline et Luc vivent à fond leurs expériences culturelles, en ville, 24 heures sur 24, s’endormant tard le soir sans savoir que Saint-Armand existe.
Le grand déménagement…
C’est par pur hasard qu’un agent immobilier leur parle d’un lot à vendre à Saint-Armand, dans le chemin Pelletier Sud. On visite, tombe sous le charme : les enfants courant dans les hautes herbes, l’air pur, l’espace, le murmure de la rivière, les arbres. On rêve. « Vous êtes malades », disent les amis en ville, prétextant l’ennui à la campagne. N’empêche, ils achètent le terrain en septembre 2002. Au début, ils y viennent pour pique-niquer, se détendre, vont même jusqu’à descendre de la ville pour une heure d’air pur et de bonheur, puis remonter dans le trafic. Finalement, ils débutent eux-mêmes les travaux de construction de leur maison en novembre 2003, et s’installent définitivement le 12 janvier 2004.
« On connaissait personne ici, mais pour nous l’important était d’avoir une meilleure qualité de vie », raconte Caroline. Et Luc d’ajouter, amusé : « nos amis s’invitent bien plus souvent qu’avant, nous trouvent bien chanceux aujourd’hui. On a eu le « guts » de le faire, on veut que ça marche, de renchérir Caroline, soucieuse d’offrir une meilleure santé de vie à la famille. En ville, la pollution, le béton, le bruit, les voisins omniprésents, regarde ici, l’espace, la nature, on capote encore », s’étonne-t-elle.
Pour subvenir à leurs besoins financiers, ils ont créé leurs emplois et lancé une entreprise. Ainsi l’atelier La Bascule a vu le jour grâce aux talents de sculpteur et d’artisan du bois que possède Luc. Le couple gère une boutique au 3809, rue Principale, à Dunham. Créations uniques, jouets en bois, reproductions de jouets anciens et traditionnels, commandes spéciales et restauration de chevaux à bascule, tel est l’objectif de la boutique.
L’Intégration…
Après un an d’adaptation à son nouvel environnement, la famille se sent plus à l’aise : « on veut tellement s’intégrer que cela ne nous pose pas trop de problèmes. On écoute les gens, on essaie d’encourager les commerçants locaux, raconte Luc. Les gens sont ouverts, nos voisins super gentils nous invitent souvent : « vous viendrez prendre un café. Ça vous tente-tu de venir souper ? » « Tu vois pas ça en ville, d’ajouter Caroline. Pour nous, ça a été une agréable surprise de voir tant de gens nous encourager, on s’attendait pas à ça. »
Y a-t-il des inconvénients à vivre à la campagne ? Caroline : « Oui, les distances, les services sont loin. La notion du temps est différente aussi, faire l’épicerie ici, c’est une bonne heure aller-retour. Avant je marchais jusqu’au coin de la rue. J’apprends à mieux gérer mon temps, à mieux m’organiser ».
Comme un peu nous tous, l’avenir les préoccupe : l’école du village, l’environnement, le patrimoine, les activités pour les jeunes, le déclin démographique, des sujets chauds qui leur tiennent à cœur et dans lesquels ils veulent intervenir un jour, en respectant la communauté qui les a si bien accueillis. Car souvent tel est le dilemme des nouveaux arrivants : ne pas brusquer les choses, mais pouvoir s’engager dans la collectivité. L’avenir nous dira si les Cardin-Cyr auront réussi.
À la prochaine.