L’automne est arrivé et la forêt s’est drapée de ses plus belles couleurs avant l’hiver. Mais comment s’y prend-elle pour nous éblouir ainsi ?
Ces couleurs proviennent des pigments élaborés dans les feuilles durant la belle saison. Ils portent différents noms selon leur origine et leur composition : chlorophylle, caroténoïdes, anthocyanes, etc.
Présents tout au long de l’été dans les feuilles, ces pigments exercent des fonctions biologiques diverses, notamment protectrices. La chlorophylle, qui donne leur couleur verte aux végétaux, est en si grande concentration durant l’été qu’elle masque les couleurs des autres pigments.
D’une durée de vie limitée, les pigments doivent être renouvelés continuellement et la lumière est essentielle à leur synthèse. À la fin de l’été, avec la diminution de la longueur du jour, la synthèse de la chlorophylle diminue. Peu à peu, l’intensité de la coloration verte s’atténue, laissant place aux autres pigments. On voit donc apparaître le rouge, le jaune et l’orange.
Mais la longueur des jours, la photopériode, n’est pas seule en cause. Il suffit d’observer la coloration en montagne (le Pinacle l’exprime bien) pour se rendre compte que la coloration, et par la suite la chute des feuilles, commencent habituellement en altitude. Il y a donc une autre explication. En fait, c’est le raccourcissement des jours associé à l’arrivée du froid, voire des premiers gels, qui est responsable de la coloration automnale. Quand l’automne est long et chaud, la coloration est diffuse et il faut aller dans les montagnes du Vermont pour jouir des plus beaux paysages d’automne. Par contre, dans les jours qui suivent un gel léger, on assiste à une coloration intense. Ce sont donc les jours courts et le temps frais qui ont raison de la chlorophylle ; les caroténoïdes et les anthocyanes étant plus résistants, le jaune, l’orange et le rouge persistent plus longtemps dans les feuilles.
Ce qui précède est vrai pour tous les arbres et, par extension, tous les végétaux. Par contre, toutes les espèces ne produisent pas ces pigments en quantité égale. Certaines se colorent plutôt en beige, faute de concentration suffisamment élevée de pigment de couleur.
Les anthocyanes, les grands responsables
On leur doit les couleurs bleu, violet, rouge et écarlate typiques de nos paysages. Ces pigments sont aussi présents dans certains fruits, légumes et fleurs. Ils sont de la famille des flavonoïdes dont environ 6000 représentants ont été étudiés notamment en raison de leurs effets antioxydants et de leur utilité pour la prévention des troubles cardiovasculaires.
L’érable est particulièrement riche en anthocyanes. La production commence en fin d’été en conséquence des nuits fraîches et des jours ensoleillés. L’expression de la couleur dépend du pH de la solution dans laquelle baignent ces pigments. Rouge en solution acide, violet en solution neutre et bleu en solution alcaline. Ainsi on peut observer différentes teintes chez un même arbre et une même feuille.
L’automne, bien avant la chute des feuilles, des bouchons de liège se forment dans les vaisseaux à la base des feuilles. Ils bloqueront graduellement le passage de la sève. Les grosses molécules comme le sucre seront parmi les premières à être bloquées. Le sucre, en s’accumulant dans la feuille, favorisera la synthèse des anthocyanes.
À l’occasion, on peut observer une coloration des feuilles aussitôt qu’en juillet-août. Ce n’est pas la photopériode qui est alors en cause. Il s’agit plutôt d’un stress subi par l’arbre. Par exemple, un manque d’eau ou une carence minérale. Les arbres qui présentent ces symptômes sont souvent situés à la limite de leur milieu naturel et devraient être rem placés par une espèce plus adéquate.
Koyo
C’est le nom de l’entreprise japonaise qui possède, à Bedford, une usine produisant des roulements à aiguilles pour l’industrie automobile. En japonais, le mot koyo littéralement « feuille rouge », désigne la période où les feuilles des érables du Japon rougissent. Dans la région de Tokyo, ça se passe vers la mi-décembre et les Japonais ont l’habitude d’aller piqueniquer dans des endroits où l’on peut admirer les feuilles rougissantes