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- Des nouvelles de Saint-Armand -

Le resto au quai de Philipsburg ouvrira à la Saint-Jean

Ce sera d’abord, une boutique de prêt à manger.
Guy Paquin

Jean-Marc Lecavalier et Yannick Paquet sur le chantier du futur resto du quai. Photo Guy Paquin 

Les trois associés qui ont signé le bail du resto sis au 193, rue Champlain font des efforts considérables pour que leur établissement ouvre le 24 juin. Voilà pourquoi Jean-Marc Lecavalier, sa conjointe Hélène Morin ainsi que Yannick Paquet travaillent 7 jours sur 7 pour achever à temps les travaux de rénovation et obtenir de leurs fournisseurs tous les équipements requis.

Et il en faudra, des travaux : ventilation, climatisation, électricité, système de chauffage, isolation, ce ne sont là que quelques-uns de ceux qu’ils faut refaire quasi entièrement. « Et puis, il y a des cloisons à déplacer, un plancher à surélever, des toilettes à aménager, énumère Jean-Marc Lecavalier.

« Il faut aussi tenir compte du fait que la vocation de ce local va évoluer. À cause de la COVID-19, on ne peut pas commencer cet été avec le bistro. On est à équiper le premier avatar de l’endroit : une boutique de prêt à manger. » Le bistro et la terrasse suivront, quand la pandémie ne menacera plus et qu’on pourra à nouveau trinquer sans alerter l’escouade des microbes.

La boutique offrira donc dès cet été des cafés et des délices prêts à manger, salades de fruits de mer, guédilles au homard, machins aux crevettes, etc. On pourra acheter du frais ou du congelé, du qui se mange dans le parc ou à la maison, du froid ou du chaud. On choisira son menu à même les comptoirs vitrés réfrigérés et on pourra aussi se rapporter une bouteille de bière ou de vin.

Restaurant comme boutique seront ouverts à l’année longue. « L’hiver, imaginez le beau complément qu’on offre aux pêcheurs sur glace ! s’exclame Hélène Morin. Nous aurons à nous adapter aux quatre saisons, mais c’est ça la vie ! »

Gilligan’s

Vous vous souvenez de Gilligan’s Island ? C’était une série télévisée comique qu’on a diffusé la première fois alors je soignais encore mon acné. Ce sera le nom du bistro et de la boutique. « Ça se passait sur une île et comme on est au bord de l’eau et que la nourriture comportera une bonne part de fruits de mer, ça s’est imposé comme nom, explique Jean-Marc Lecavalier. »

Ce diplômé de l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec a d’abord travaillé au désormais défunt Restaurant Les Gouverneurs du Vieux-Montréal, puis dans un restaurant gastronomique de Saint-Mathias, pour diriger ensuite une franchise Pizzédélic, expérience qui ne lui a pas laissé des souvenirs très agréables. Enfin, en 2004, il fondait avec Yannick Paquet le Kewi à Boucherville. « C’est resté un succès tout ce temps, avec Yannick en cuisine, confie-t-il. Je l’ai cédé il y a peu à l’un de mes garçons. »

Quant à Yannick Paquet, il travaille en cuisine depuis plus de 30 ans, tandis qu’Hélène Morin est conseillère en sécurité financière chez IA Groupe Financier.

Calendrier de la transaction

 C’est en cherchant une maison à Philipsburg pour lui et sa conjointe que Jean-Marc Lecavalier a entendu parler d’un local au bord de l’eau que la municipalité souhaitait vendre ou louer en vue d’y établir un restaurant. On était fin novembre, début décembre quand un premier contact a eu lieu.

« La municipalité voulait faire une offre publique d’abord, rappelle Jean-Marc Lecavalier. » Cet appel a été lancé au public le 14 janvier ; le 17, une seule proposition était sur la table, celle des trois associés du futur Gilligan’s. Le 15 mars, le conseil municipal discutait du bail et, après négociations, un projet de bail a été envoyé à l’avocat au dossier.

« On ne voulait pas revivre le fiasco de 2017, souligne Caroline Rosetti, mairesse de Saint-Armand. » Cette année-là, le conseil avait loué à deux personnes qui ont déguerpi après avoir causé un maximum de dégâts. Il y a donc eu des négociations sur les obligations des locataires. Le 15 avril, par un vote de trois contre deux, le conseil approuvait le bail.

Bail controversé

 Celui-ci porte sur trois ans. Il oblige les locataires à payer l’intégralité des travaux de rénovation ainsi que les équipements requis, et doivent en assumer seuls les coûts qui, selon eux, pourraient s’élever à 75 000 $. Ils paient aussi le chauffage, l’électricité, les assurances et les taxes.

La controverse porte sur la contrepartie financière. Deux des cinq conseillers s’insurgent contre le loyer de 100 $ par mois prévu dans le bail. « C’est ridicule, estime Normand Litjens ! Je ne suis pas du tout contre le projet de resto mais ce loyer est absurde. Il ne couvre même pas les frais d’avocat encourus par la municipalité ! » Un autre conseiller, Jacques Charbonneau, partage ce point de vue.

Une autre clause du bail fait également problème : les locataires obtiennent au bout de trois ans un droit de premier regard leur permettant d’acheter le bâtiment au prix marchand fixé par un évaluateur professionnel indépendant. « Vendre ça au prix du marché, c’est encore faire un bargain aux locataires, affirme Normand Litjens. Le public en aurait plus pour ses taxes si on vendait au plus offrant au lieu de favoriser les locataires. »

Ce à quoi la mairesse répond qu’il n’y a pas de vente à rabais là-dedans : « Les locataires pourront acheter au prix de l’évaluateur. Ils auront un mois pour décider. S’ils n’achètent pas, le bâtiment sera mis en vente au même prix, celui de l’évaluateur. Si nous étions des promoteurs immobiliers privés, nous pourrions profiter du marché actuel, un marché qui favorise les vendeurs. Mais un conseil municipal n’a pas le mandat de promoteur immobilier. Nous ne sommes pas là pour louer ou vendre des immeubles, mais pour favoriser l’offre de services utiles aux citoyens, comme ce bistro. »

Spécifions tout de même que, dans le bail signé par les deux parties, il n’est pas question d’un prix de vente fixé par un évaluateur indépendant. Il n’est question que des « …conditions recherchées par le Locateur relativement à la vente dudit immeuble incluant le prix  ». En fixant ce prix, la municipalité doit respecter la loi qui la régit, particulièrement en ce qui concerne la disposition de ses biens.

Il y a là deux conceptions difficiles à réconcilier : soit maximiser les revenus en profitant du marché immobilier actuel ; soit s’assurer d’attirer un restaurateur fiable en acceptant des revenus moindres. On pourrait peut-être en parler en mangeant une guédille au homard au bord du lac ?