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Le Mont Pinacle

Guy Dufresne

Mont Pinacle  (photo : Jean-François Petit)

De  loin, c’est un cône majestueux, sur un socle entre la plaine du Richelieu et les massifs de Brome et du Vermont. Son faîte arrondi, ses lignes régulières, son boisé d’érables en font une espèce de mont Fudji (sic) qu’on adorerait au Japon.

De près, c’est un ancien volcan que des glaciers ont raboté. Subsiste un dôme de granit, à 2300 pieds d’altitude, d’où la vue porte à l’infini par temps clair, de maigres épinettes dans les interstices ne faisant pas d’encombre. Vers le sud courent de longues arêtes, en effet douces, régulières, parallèles, avec des coulées et des revêtements d’érables. Vers le nord, l’arête soudain se fait abrupte mais masquée par un cône tronqué elle donne l’illusion elle aussi d’une crête continue.

À partir de 1000 à 800 pieds, à la hauteur des chemins et des maisons, aux érables se mêlent des merisiers, des hêtres, des conifères, et dans ce déferlement, à même les paliers, les flancs, s’alignent de grands vergers de pommiers, voisins d’anciennes fermes laitières qui ont tendance toutefois à disparaître et dont çà et là on s’ennuie.

Pour qui vit à ces 800 ou 1000 pieds d’altitude, le Pinacle, avec son faîte et ses déploiements, forme un immense tableau, qui se renouvelle de saison en saison, de jour en jour, d’heure en heure. C’est un point de mire, un signe du temps qu’il fait ou qu’il fera. C’est un réservoir de nappes phréatiques aux étendues et profondeurs secrètes, de même que les sources qui en découlent. C’est un réseau de sentiers de chevreuils et l’habitat d’innombrables espèces d’oiseaux, émigrantes ou hibernantes. C’est une flore qui a ses raretés. Taisons-nous. C’est beaucoup plus beau et précieux que nous ne saurions dire.