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- DERNIÈRE HEURE -- Fibre optique -

Le modèle d’affaires des petites entreprises de télécom enfin reconnu

DES NOUVELLES DE LA FIBRE OPTIQUE
Pierre Lefrançois

Le 23 juillet dernier, l’OBNL IHR Télécom avait une bonne nouvelle à annoncer : il venait d’être choisi par les gouvernements de Québec et d’Ottawa pour déployer la fibre optique aux 937 adresses des MRC de Brome-Missisquoi et du Haut-Richelieu qui ne figuraient précédemment pas sur la liste de celles qui devaient être desservies.

Loin d’être banale, cette annonce témoigne d’un changement radical de la donne qui avait cours jusqu’ici dans ce dossier. On tourne ainsi la page sur un triste chapitre qui voyait le ministre Pierre Fitzgibbon et ses semblables déclarer sans gêne qu’ils ne croyaient pas au modèle d’affaires des OBNL et des coopératives pour le déploiement de la fibre optique en région rurale et qu’ils leur préféraient les « vraies entreprises de télécom » comme Bell Canada.

Mais voici que monsieur Fitzgibbon n’est plus ministre (il n’aurait d’ailleurs peut-être jamais dû l’être) et que les élus, au provincial comme au fédéral, reconnaissent la juste valeur du modèle mis de l’avant depuis 2015 par IHR. Ce qui permettait à Benoit Lanciault, directeur général de l’OBNL, de déclarer le 23 juillet : « Nous sommes fiers de pouvoir répondre aux citoyens qui nous demandent le service d’Internet haute vitesse qu’ils sont dans nos plans de déploiement ! »

L‘Armandie bientôt complètement branchée

Au moment d’écrire ces lignes, le réseau de fibre optique était disponible dans tous les foyers de Bedford, du Canton de Bedford et de Stanbridge-Station, dans 98 % de ceux de Notre-Dame-de-Stanbridge, Saint-Ignace-de-Stanbridge, Saint-Armand et Stanbridge East et dans 90 % de ceux de Pike River. Quant à Dunham et à Frelighsburg, le taux de branchement est de 58 % et de 18 % respectivement. Les travaux destinés à compléter le réseau en Armandie et dans le reste des MRC de Brome-Missisquoi et du Haut-Richelieu vont bon train. Au terme des présents engagements de l’OBNL, soit le 30 septembre 2022, quelque 18 000 foyers de ces deux MRC auront accès à son réseau de fibre optique.

On a demandé à Caroline Briand, coordonnatrice marketing d’IHR Télécom si l’organisme avait des plans de croissance pour l’avenir. « Pour le moment, explique-t-elle, nous consacrons toutes nos énergies à compléter le réseau, mais à compter de l’an prochain, nous pourrons réfléchir aux options de croissance qui s’offriront à notre entreprise. Chaque chose en son temps. »

Une ombre au tableau ?

En mai dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) rendait une décision qui permettrait de nouveau aux grandes firmes de télécom d’augmenter leurs tarifs de gros pour l’accès des plus petits fournisseurs à leur bande passante. On estime généralement que cette décision du CRTC entraînera une augmentation de 10 à 20 % du prix des forfaits d’accès à Internet au Canada.

Les petits fournisseurs de service Internet canadiens, réunis au sein de l’organisme Opérateurs de réseaux concurrentiels canadiens (ORCC), estiment que cette hausse va à l’encontre de la promesse que faisait le parti libéral du Canada lors des élections de 2019 et qui consistait à abaisser de 25 % la facture de ces services d’ici 2023. La décision du CRTC va d’ailleurs à contresens de la baisse régulière et généralisée du coût de la téléphonie et des services Internet observée à l’échelle mondiale.

Le 15 juillet dernier, l’ORCC demandait d’ailleurs formellement au gouvernement fédéral d’annuler cette récente décision du CRTC. Cela fait des années que les plus petits joueurs dans le domaine des télécommunications dénoncent le fait que cet organisme public est noyauté par des représentants des grandes entreprises comme Bell et Telus.

Nous avons demandé à Benoit Lanciault s’il croyait que cela aura un impact sur le prix des forfaits offerts par IHR. « Nous sommes un OBNL au service de sa communauté, a-t-il répondu. Nous avons à cœur de proposer des services de télécommunication de qualité, en zone rurale, à des prix abordables. C’est notre mission et nous n’avons pas l’intention de la changer puisque c’est ce qui nous distingue et qui fait notre force. »

En effet, on ne change pas un modèle d’affaires qui fonctionne… n’est-ce pas ?