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L’art thérapie au Phare

Jean-Pierre Fourez

Dans l’ordre, de gauche à droite : Francine, Yoland, Serge, France Bergeron et Guylaine (Photo : Jean-Pierre Fourez)

L’exposition « Méditations sur l’eau » (voir le communiqué ci-des sous) présente les œuvres produites cette année au Phare en art thérapie avec France Bergeron, qui anime depuis plus de deux ans maintenant des ateliers pour les personnes ayant des problèmes de santé mentale.

Les participants de ces ateliers y viennent volontairement, parfois référés par des services publics (hôpitaux, CLSC) mais surtout par des ressources alternatives.

En premier lieu, qu’est-ce que l’art thérapie ?

L’art thérapie est une forme d’accompagnement thérapeutique par des moyens artistiques. Il est destiné à des personnes en difficulté psychologique, physique ou sociale ayant besoin d’être soutenues de façon occasionnelle ou régulière. Ce type d’intervention peut être dispensé dans des milieux d’aide très différents, comme par exemple les services de santé mentale, le milieu carcéral, les handicapés physiques ou intellectuels, et s’adresse à tous, depuis les jeunes enfants jusqu’aux personnes âgées en perte d’autonomie.

Chaque atelier d’art thérapie a sa couleur et son style, mais le but recherché est le même partout : que la personne devienne son propre agent de transformation en travaillant symboliquement son problème à travers un tableau, un modelage, de la poésie, de la danse, des masques, des contes et récits.

En art thérapie, on remarque deux approches différentes dans l’utilisation de la substance artistique : l’une, essentiellement expressive, vise à apporter un soulagement par la libération des tensions émotionnelles.

L’autre, l’art thérapie créatif qui est basé sur la création, utilise plus en profondeur la forme et le contenu des productions pour aller chercher un effet de transformation. Ainsi, étant actif sur un projet concret, le sujet est amené à vivre des états de conscience et à faire des découvertes sur lui-même. Alors, plutôt que d’être une victime au centre de sa souffrance, il utilise celle-ci comme matériau de création. Parfois il parvient à transcender son mal-être en devenant l’acteur vivant dans son processus de guérison.

Si le modèle classique d’intervention en santé mentale reste analytique et interprétatif, l’art thérapie offre une approche plus participative qui est moins directement menaçante. Les séances d’atelier (généralement collectives) permettent des échanges avec les autres membres du groupe, et une dynamique de confiance autorise à la longue un regard sans jugement, tant sur l’œuvre en cours des pairs que sur sa propre production, car de façon naturelle l’accent est mis sur la démarche et non sur le résultat.

France Bergeron constate que, dans le domaine de l’aide en santé mentale, la stigmatisation est féroce. Elle aimerait que ses « artistes spontanés », comme elle les appelle, se reconnaissent comme autre chose qu’un « mental », qu’un « BS », qu’un «  Alzheimer », comme autre chose que leur maladie, mais bien comme des personnes à part entière, heureuses et fières de présenter au monde leurs œuvres dans lesquelles ils ont mis leur âme, leur souffrance, leur travail et ce, au même titre et sur le même plan que les artistes professionnels présents à l’exposition.