Éloge de René-Nicholas Levasseur par l’intendant Hocquart, 13 mai 1744
À partir du milieu des années 1740, le bassin versant du lac Champlain devient une des sources importantes de bois de valeur pour la construction de la flotte française en Nouvelle-France. René-Nicholas Levasseur deviendra le principal architecte de cette industrie stratégique pour l’expansion de l’empire de France et la protection de ses colonies d’Amérique.
À son arrivée à Québec en 1739, René-Nicholas Levasseur est sous-constructeur de vaisseaux pour le roi ; il devient constructeur en 1743 et, en 1749, il est nommé chef constructeur pour la Nouvelle-France. Dans une lettre datée du 13 mai 1744 et adressée à Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas, comte et Ministre de la Marine et des Colonies, l’intendant Hocquart écrit :
« Je ne peux, Monseigneur, vous dire trop de bien de l’application, de l’activité, de l’habilité de ce constructeur et de son zèle pour le service, j’ose vous dire que j’en suis extrêmement content. »
À cette même date, Le Caribou est mis à l’eau au chantier naval de la rivière Saint-Charles à Québec. C’est un vaisseau de 130 pieds de long par 35 de large, un port de 700 tonneaux et pouvant être armé de 45 canons. Dans cette même lettre, l’intendant informe de l’arrivée prochaine des bois du lac Champlain et de Châteaugay à ce chantier. Le transport se faisait par flottaison du lac Champlain en descendant la rivière de Richelieu, de Sorel ou des Iroquois et le fleuve de Saint-Laurent. Ce bois servira à construire la frégate Le Castor en 1745. À partir de cette période, plusieurs vaisseaux d’envergure seront construits tant à Québec qu’à Sorel ou au lac Champlain.
Suite à la tentative des premières seigneuries de 1733 du pourtour de la baie Missisquoi, l’industrie navale de Nouvelle-France oriente le développement du territoire Missisquoien vers l’exploitation forestière par les Français plutôt que vers le peuplement. En 1745, l’intendant Hocquart cible la chute et le pouvoir d’eau à trois lieues en amont de la rivière Missiskoui comme lieu de référence d’un nouveau territoire seigneurial à venir.
Pendant cette période, les Indiens qui sont allés en Nouvelle-Angleterre assurent que tout est tranquille et qu’on n’y parle point de guerre avec la France. Par contre sur la côte Atlantique, après sept semaines de sièges, entourée des navires anglais, l’inexpugnable forteresse de Louisbourg se rend le 25 juin 1745. C’est le début de la période trouble.
Sources :
- Gilles Hocquart, 13 mai 1744. Lettre au comte de Maurepas, Ministre de la Marine et des Colonies de France, Centre des archives d’outremer (France), 8 p.
- Société d’Histoire et de Patrimoine de Frelighsburg, 2006. Frelighsburg d’hier à aujourd’hui. Ed. Louis Bilodeau & fils Ltée, 472 p. (N. Gaumont)
- Lacoursière, J., 1995. Histoire populaire du Québec – Des origines à 1791. Ed. Septentrion, 481 p.