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- L'horloge du Chemin de Chambly -

La saga des Demers

10e partie
Robert Demers

Représentation de l’horloge peinte en couleur vert de persienne

Édouard René Demers quitte Henryville

En 1874, Édouard René Demers déménage à son tour pour pratiquer le notariat au 17, rue Bridge à Bedford, une municipalité située à une vingtaine de kilomètres  de Henryville et qui est en pleine expansion. Bedford est considérée comme le chef-lieu du comté voisin de Missisquoi. Deux de ses fils, Louis Joseph et Napoléon, s’y sont établis grâce au contact d’Édouard René Demers avec Richard Dickinson, notaire depuis 1828, qui est le registrateur du bureau d’enregistrement situé à Bedford. Louis Joseph Demers s’associera à Richard Dickinson. La société Dickinson et Demers a pignon sur rue au 1, rue Bridge à Bedford.

Né à Liverpool, en Angleterre, Richard Dickinson a immigré au Canada à l’âge de huit ans. Il a fait ses études au Québec et y a été reçu notaire. Il est reconnu pour avoir été l’artisan du développement de Bedford. Louis Joseph Demers deviendra successivement registrateur adjoint puis, en 1879, registrateur-associé du bureau d’enregistrement de Bedford. Son frère Napoléon Demers occupera aussi le poste de registrateur adjoint.

En 1876, Édouard René Demers participe à la fondation de l’école Saint-Damien, la première école catholique de Bedford. En 1879, un autre fils d’Édouard René, F. X. Édouard Demers, en est l’instituteur en chef. La femme de ce dernier y enseigne aussi.

Photo de l’école Saint-Damien

L’arrivée des Demers dans le comté de Missisquoi reflète celle des Canadiens français dans les Cantons de l’Est. C’est à Bedford que se poursuivit la vie du notaire Demers. Il y pratiquera le notariat activement jusqu’à son décès. En plus d’une carrière remarquable dans la fonction publique, il nous a laissé 11 392 actes notariés. Le privilège de la dîme qu’il avait combattu fut finalement abrogé le 1er janvier 1994 avec l’entrée en vigueur du nouveau Code civil du Québec adopté par le gouvernement libéral de Robert Bourassa.

L’horloge est vendue

En 1885, Édouard René Demers offrit à son neveu Alexis Louis Demers d’acheter la grande horloge du chemin de Chambly. C’était un juste retour des choses, car le père d’Alexis Louis en aurait normalement hérité s’il n’était pas décédé si jeune. Elle est vendue pour la somme de 50,00 $ ce qui évitait à Édouard René Demers d’avoir à répondre aux questions de ses fils qui, de toute façon, n’en voulaient pas. Alexis Louis Demers a payé ce montant pour obliger son oncle. Elle avait coûté 80,00 $ en 1830, mais elle était en très mauvais état, en plus d’être de couleur vert de persienne.

Le notaire Édouard René Demers a eu une vie remarquable, il a été secrétaire-trésorier de sa municipalité et de sa commission scolaire, ainsi qu’un membre dévoué de sa paroisse. Par la suite, il a été maire, conseiller et préfet de comté, de même que le fondateur de la première bibliothèque de sa municipalité. Patriote puis réformiste, il est devenu également membre du Parti Rouge et candidat Rouge par deux fois, sans toutefois être élu député. Il a combattu la confédération des provinces canadiennes, la dîme et les droits seigneuriaux. Par contre, en tant que Rouge modéré, il était contre l’anticléricalisme excessif de certains membres du Parti Rouge et il a combattu ceux qui faisaient la promotion de l’annexionnisme.

Certains résidents de Bedford et des environs ont connu deux de ses descendants, soit son petit-fils Émile Demers qui a été secrétaire-trésorier de la ville de Bedford et sa petite-fille Adrienne Demers qui a été maîtresse de poste de Bedford durant de nombreuses années.

Édouard René Demers est décédé à Bedford en 1886. Il a d’abord été enterré dans le cimetière à côté de l’église. Le cimetière et toutes les pierres tombales ont ensuite été déménagés dans un nouveau site situé sur le bord de la route de Bedford qui mène à Farnham. J’ai retrouvé sa pierre tombale dans ce cimetière ; elle était couverte de suie et à peine lisible. Je l’ai fait nettoyer et elle est redevenue toute blanche. On peut maintenant y lire l’inscription E. R. DEMERS N. P.

Avant son décès, Édouard René Demers a connu une grande joie, celle de voir se produire un évènement dont il avait rêvé. C’est ce que nous apprendrons dans le prochain chapitre.