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La notion de frontière nous échappe, tellement nous sommes habitués à vivre dessus ! Cependant, si c’est une convention virtuelle, c’est aussi une entité physique véritable. Voici quelques notions tirées librement du site de la Commission de la Frontière Internationale pour nous rafraîchir la mémoire.
(www.internationalboundarycommission.org)
« Si vous regardez le long de la frontière internationale entre le Canada et les États-Unis dans une région forestière, vous verrez simplement une percée de 6 mètres (20 pieds) de largeur, un long corridor qui s’étend d’un horizon à l’autre, parsemé à intervalles réguliers de repères blancs. Cette percée serpente par monts et par vaux, franchit des cours d’eau et des prairies, sur une distance de 8 891 kilomètres (5 525 milles) à travers l’Amérique du Nord, paisible, sans ouvrages de défense, mais bien entretenue. La percée doit être absolument exempte de toute obstruction et clairement indiquée pour permettre aux deux pays d’appliquer leurs lois sur les douanes, l’immigration, la pêche et autres. La tâche de conserver la percée en bon état revient à la Commission de la frontière internationale. La Commission a été créée à la suite du traité de 1908, avec une mission bien précise : restaurer et cartographier entièrement la frontière, depuis l’océan Atlantique jusqu’à l’océan Pacifique. La frontière avait déjà été définie par traité et, dès 1874, la majeure partie était arpentée. Les ardeurs patriotiques qui s’étaient enflammées au sujet de l’emplacement légal de la frontière et qui avaient coloré les relations entre le Canada et son voisin du Sud pendant 140 ans furent alors reléguées aux livres d’histoire. Cependant, entre 1874 et 1908, la végétation avait repris ses droits et envahi les bornes, de telle sorte qu’il était devenu nécessaire de restaurer la ligne de démarcation pour éviter tout risque de litige. En 1925, on réalisa que l’entretien demandait un travail continu et un autre traité fut signé, en vertu duquel la Commission devenait le gardien permanent de la zone frontalière et de ses repères.
Aspects juridiques
« C’est à la Commission qu’il revient de déterminer la position de tout point par rapport à la frontière lorsque des problèmes de juridiction surviennent. Par exemple, les autorités policières qui s’apprêtent à procéder à des arrestations pour contrebande ou trafic de drogue dans la région frontalière doivent s’assurer que les suspects sont bien sur le territoire national. De même, si des navires entrent en collision sur le Saint-Laurent ou sur les Grands Lacs, leur position doit être connue avec précision pour permettre de déterminer où la cause judiciaire doit être entendue. Les démêlés judiciaires étaient courants pendant les 140 ans qui ont précédé l’établissement de la présente ligne de démarcation correctement arpentée et marquée. Il y eut des affrontements entre pionniers, des revendications territoriales provoquées par la fierté nationale et les desseins impériaux, et des négociations parfois entachées d’une hostilité ouverte. Malgré tout, la diplomatie a fini par prévaloir, la frontière a été définie avec précision, des repères ont été installés, et les disputes ont pris fin.
Malgré ce mur virtuel, il n’en reste pas moins quelques bizarreries comme ces édifices frontaliers, situés pour la plupart sur le 45e parallèle : un hôtel séparé de son bar qui chevauche la frontière Québec—New York et le cas des villages de Derby Line au Vermont et Rock Island au Québec où la frontière se trouve à passer à travers des chambres à coucher, des appartements, et une usine. Elle passe également à travers la Bibliothèque et l’Opéra Haskell dont l’entrée et un bon nombre de sièges sont du côté américain alors que la scène et les sièges de parterre sont en territoire canadien ! Rien n’est parfait !