Le 2 décembre dernier, le ministre d’Agriculture et Agroalimentaire Canada, Lawrence MacAulay, accompagné de Pierre Paradis, alors ministre québécois de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec et de son frère, Denis Paradis, député fédéral du comté, annonçait la réouverture de la ferme dont les activités avaient été interrompues en 2012 sous le gouvernement Harper. Avec un investissement initial de deux millions pour retaper les infrastructures passablement délabrées et un budget annuel d’un demi-million, le ministre canadien de l’Agriculture prévoyait donner au centre de recherche, dès le 1er avril 2017, un mandat « élargi, nouveau et adapté aux besoins actuels » qui tienne compte, notamment, de la nécessité d’adapter l’agriculture aux effets bien réels des changements climatiques. Cinq mois après la réouverture, Le Saint-Armand a rencontré Alain Houde, directeur du service Recherche, développement et technologie pour Agriculture et Agroalimentaire Canada à Saint-Hyacinthe et responsable de la réouverture de la ferme du site de Frelighsburg.
Soyons clairs d’entrée de jeu, ce qui s’est fait à la ferme depuis le printemps ne concerne pas vraiment le renouvellement prévu du mandat de recherche. On a rénové quelques installations, mis à niveau des infrastructures, acquis de nouveaux équipements tandis que quatre employés s’affairent à l’entretien des lieux. Le directeur nous a, par ailleurs, annoncé qu’un professionnel serait embauché dès cet automne pour coordonner les travaux de recherche à la ferme expérimentale. Les recherches qu’on y fait en ce moment portent sur l’amélioration génétique de la pomme et sont sous-contractées par des personnes qui les tiennent à bout de bras depuis la fermeture de la ferme. Le budget de deux millions annoncé pour la réouverture a bel et bien été entamé cette année, mais il en reste encore en réserve pour l’an prochain, assure monsieur Houde.
Un plan quinquennal pour le printemps 2018
Selon Alain Houde, l’orientation du renouveau annoncé de la recherche à la ferme expérimentale de Frelighsburg viendra du Partenariat canadien pour l’agriculture, le cadre stratégique du gouvernement Trudeau en matière d’agriculture qui est attendu en avril 2018. Il s’agit d’ententes fédérales-provinciales-territoriales prévoyant un budget de trois milliards de dollars sur cinq ans à l’échelle du pays. Ce qui représente une somme relativement modeste, compte tenu de l’importance de l’industrie agro-alimentaire sur l’ensemble du territoire canadien.
Sur les six objectifs prioritaires du plan stratégique publiés par le ministère, deux sont susceptibles d’orienter la recherche à la ferme de Frelighsburg : faciliter le recours à la science et à l’innovation par le secteur agro-alimentaire afin (1) d’accroitre sa productivité et (2) de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, de protéger l’environnement et de s’adapter aux changements climatiques. Les quatre autres objectifs sont d’ordre réglementaire et administratif (transformation alimentaire, développement de marchés, réseaux de distribution, méthodes permettant de susciter la confiance du consommateur, etc.) et n’ont rien à voir avec la recherche appliquée, mais ils risquent de mobiliser une importante partie du budget prévu, spécialement au chapitre de la « gestion du risque à l’entreprise », qui consiste en un système d’aide financière visant à compenser les « inévitables » pertes encourues par les producteurs agricoles en raison des changements climatiques.
En juillet dernier, au moment où Agriculture Canada dévoilait les objectifs de son plan stratégique, l’organisme à but non lucratif (OBNL) Hortinove proposait la création d’une table de concertation locale ayant pour objectif d’orienter les mandats de recherche qui seront menés à Frelighsburg de manière à s’assurer que ces activités répondent adéquatement aux besoins des producteurs locaux et à la nécessité de protéger l’environnement. Rappelons qu’Hortinove avait été créé dans le but d’effectuer les travaux horticoles nécessaires à la sauvegarde des cultures d’essais qui avaient été abandonnées lors de la fermeture du centre de recherche en 2012. Avec sa réouverture, l’OBNL entend donc s’impliquer dans l’orientation du nouveau programme de recherches de la ferme en offrant son expertise et ses services professionnels, puisque l’organisme constitue un réseau de chercheurs et d’utilisateurs des résultats de recherche dans les secteurs de l’horticulture fruitière et de l’agroalimentaire.
Alain Houde confie qu’il souhaite connaître les besoins des producteurs de la région et se dit prêt à travailler en collaboration avec les gens d’Hortinove pour mettre en place les nouveaux programmes de recherche. On doit donc s’attendre à des rencontres imminentes entre ces deux parties. Espérons que nous pourrons annoncer des actions concrètes au printemps prochain dans ce dossier.