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- Courrier des lecteurs -

Gestion des déchets

Claude Brault

Domaine la Falaise,
le 1er mars 2009

Municipalité de Saint-Armand
444, chemin Bradley (Québec)
J0J 1T0

Objet : Gestion des déchets : pour une collecte raisonnable des bacs roulants sur les chemins privés

Au Conseil municipal,

Le monde à l’envers. Vendredi soir dernier, je rentre à la maison pour une fin de semaine paisible à la Falaise, rituel qui s’impose après le trafic et la frénésie d’une semaine en ville. Je découvre avec désolation qu’on a coupé systématiquement les branches de la haie de cèdres de ma propriété, en plus de briser le luminaire d’entrée. Des arbres sains et matures, mutilés en plein milieu d’hiver, dont les branches sont depuis restées sur place, témoins muets de la furie, et qui jonchent de-ci de-là, comme après une tornade. Que faire ? Vers qui se tourner, la police, les assurances ? J’apprends que ce sont les employés de la municipalité de Saint-Armand qui, laissés à eux-mêmes, ont entrepris ces invasions barbares, à mon détriment, tranquilles. C’est ainsi, faut faire avec, c’est pour… le camion de vidanges.

Qu’est-ce qui se passe ? Qui permet cela ? Je suis resté exprès jusqu’au matin du lundi pour tenter de comprendre, et voir arriver ce camion monstrueux, surdimensionné, tenter de se hisser sur la butte glacée du chemin. Incapable d’y parvenir de face, il se met à déraper sur la haie, les cèdres (encore eux) striant ses parois, pour se reprendre, cette fois-là en marche arrière, en vain. Devant ce constat désolant, le préposé est finalement descendu de son habitacle, parti ramasser les poubelles de mes deux voisins retraités, au trois quart vides, pour enfin les rouler jusqu’à mon stationnement ! Tout ça pour ça. L’éléphant accouche d’une souris. Devant mon effarement, le col bleu me répond qu’il est bien l’auteur de ce déboisement sauvage, préparé les jours précédents, qu’il fallait bien ce saccage pour faire passer la machine… qui manifestement ne passe pas. Quant au lanterneau brisé, je n’ai qu’à m’adresser à la municipalité, que c’est pas lui, et ben dis donc.

Exaspéré, et surtout paralysé devant cette formidable arme de destruction massive, je fonce consterné alerter la municipalité ; on m’avise de signaler mes doléances par écrit. Ce que je fais maintenant, n’en revenant toujours pas. Je m’objecte à laisser ce transformer labourer ainsi un malheureux chemin de garnotte. Cette allée étroite, à voie unique, est partagée par ses trois propriétaires, qui se chargent d’en payer l’entretien, l’irrigation et le déneigement. Il est inadmissible que tout un chacun voit ainsi détruit ce qu’il met des années à tenter de protéger ; cet équipement titanesque peut desservir les entrées ordonnées d’une grande ville, conçue pour le recevoir. Il est intolérable que cet engin, inadéquat pour notre milieu, vienne bousiller un environnement accidenté et fragile, à tout défoncer pour se frayer un passage insensé, trouant et détruisant une chaussée limoneuse.

Mes voisins sont comme moi, stupéfiés. Ce camion acheté à grands frais pour notre petite communauté, n’est pas conforme à sa vocation. Un sanctuaire d’oiseaux n’est pas une autoroute et La Falaise n’est pas la banlieue de Tokyo : il faut cesser de (vainement) tenter de forcer la pénétration malfaisante de chemins de campagne, qui aboutissent sur des culs-de-sac. Trop gros pour être vrai, ce camion ne comble que le ridicule.

J’ai mis des années à tenter de m’intégrer au milieu, à mes voisins, à planter des arbres pour sauver les berges, à participer au recensement annuel des oiseaux migrateurs, à explorer ces refuges, à fréquenter ces circuits artistiques, ces festivals. Ce coin de pays est fantastique, mes voisins sont formidables ; il est cruel de penser à partir. Il nous faut assister impuissant au triomphe de la banlieue, mécaniste et obsédée par le contrôle hygiéniste de ses poubelles ? Se résigner au ravage du paysage environnant, où de drôles d’oiseaux nous attendent le long des avenues, une haie d’honneur de bennes à ordures, bleu fluo ou vert armé, qui se substituent aux haies de cèdres. La frénésie de la ville, on connaît ; la dévastation de la campagne, non merci, j’ai donné. Le DIX/30, qui dit mieux ? Au moins là, on sait à quoi s’attendre ; voilà que je plains déjà Foglia, tiens.

La municipalité doit tenir compte aussi de ses « nouveaux arrivants », eux aussi citoyens, même si occasionnels ou saisonniers ; pourtant, nos taxes sont annuelles. En plus de son collecteur inepte, on a dû consentir à payer des bacs qui nous ont été de toute façon imposés ; les collectes se font le mardi en notre absence, en attendant de retrouver nos bacs cul par-dessus tête au weekend, la déneigeuse ayant à faire elle aussi son tracé. Je propose que les bacs de dépose situés à proximité des casiers postaux, puissent dispenser pour usage commun les résidences de villégiature.

En attendant, je demande impérativement que l’on respecte la propriété privée et les chemins de gravier qui y mènent. On doit trouver une solution adaptée pour les résidences qui partagent un chemin se terminant en cul-de-sac, ce qui rend impossible l’accès au camion à ordures.

Je réclame que l’on ramasse d’abord toutes les branches laissées sur place par vos employés municipaux, et qu’on me rembourse ma lanterne extérieure et ses carreaux brisés. Depuis cette agression, j’appréhende ce qui m’attend au détour en rentrant à la maison, m’atteint un dur sentiment de dépossession : comme un gêneur dans le domaine, ce n’est plus chez moi ici. Une situation insoutenable et déstabilisante. J’en veux plus, cette désolation me tue. Moi j’vends, comme dirait l’autre.

Un citoyen inquiet qui attend qu’on éclaire (à nouveau) sa lanterne.

Claude Brault
Domaine La Falaise
6, 9e Avenue, Saint-Armand

Dernière heure

Voici le message de rappel que M. Brault a envoyé à la municipalité le 16 mars. Au moment du montage du journal, fin  mars, le Conseil n’avait ni répondu ni manifesté de réaction.

Bonjour,

Il y a maintenant deux semaines, je vous adressais par écrit une requête quant à la gestion de déchets sur les chemins privés dans la municipalité de Saint-Armand. /…/

Je mentionne qu’à ce jour, je suis toujours sans accusé de réception de votre part.

J’aimerais premièrement recevoir une explication quant à la gestion de déchets sur les chemins privés ; et plus particulièrement sur la demande de ramassage des branches tronçonnées et laissées sur place par les employés municipaux et enfin le remboursement de la lanterne électrique de ma résidence, brisée au cours de l’opération.

Merci d’en tenir compte.

Claude Brault