Photo : Marie-Hélène Guillemin-Batchelor
Après la pluie, comme dit le proverbe, voici venu le temps des factures. Le lac Champlain a repris son niveau habituel et la digue de la rue du même nom a été enlevée. L’heure est aux bilans, financiers d’abord. Selon Réal Pelletier, maire de Saint-Armand, suite à l’inondation, les opérations d’urgence auront coûté de 230 000 $ à 250 000 $. Le flottement provient du fait qu’il restait, au moment de notre rencontre avec le maire, quelques factures à recevoir. Mais la somme totale se situe bien dans la fourchette mentionnée plus haut. Cela comprend le travail des pompiers, la location de pompes, l’achat de la pierre, son transport et son enlèvement, etc.
La pierre elle-même aura coûté autour de 70 000 $. Que doit-on en faire ? Selon Réal Pelletier, on ne peut tout bonnement la retourner au fournisseur comme il semblait évident qu’on devait le faire.
« Le fournisseur de cette pierre s’en sert pour la réduire en une poudre qui doit être absolument sans imperfections ni additifs. » Or, après les assauts du lac et des débris qu’il charriait (boue et débris végétaux surtout), notre gravier a perdu sa belle innocence et sa parfaite pureté. Selon le maire, pour le fournisseur, il est irrécupérable.
La municipalité se retrouve donc avec l’équivalent de 70 000 $ de gravier et de pierre de plus grosse taille sur les bras. On l’a entreposé près du stationnement du ministère des Transports, à proximité du poste de douane.
Pourra-t-on le passer sur la facture que la mairie se prépare à envoyer à la Sécurité civile du Québec, parmi les autres frais de l’opération d’urgence ? Rappelons que la Sécurité civile rembourse environ 75 % des frais justifiés des opérations d’urgence. Ayant inspecté la digue au pire du désastre, l’organisation l’avait déclarée « efficace ».
À la Sécurité civile, Mario Vaillancourt, responsable des communications, place certaines balises : « Premièrement, selon nos lois et règlements, la digue est bel et bien remboursable. Nous devrons vérifier que nos normes ont été respectées et si c’est le cas, la facture est recevable.
« Cependant, les mêmes lois et règlements stipulent que si cette construction et ses matériaux sont réutilisables, ils ne sont plus remboursables. Pour finir, si les matériaux en question (ici, la pierre) ont été altérés pendant qu’on s’en est servi et qu’ils sont devenus inutilisables, le tout redevient remboursable. »
Et selon Réal Pelletier, la pierre ayant été altérée, contaminée en quelque sorte par la boue et les débris végétaux, elle est inutilisable. Elle pourrait donc apparaître sur la facture expédiée à la Sécurité civile. Ça reste à voir.
Voilà donc la plus récente mésaventure de la municipalité avec la « garnotte ». On se souvient que, en février, le conseil avait reçu une sorte de coup de klaxon de la part du ministère des Affaires municipales pour avoir acheté de la garnotte en omettant de suivre le processus réglementaire.
Pour Réal Pelletier, cette affaire-là est close. Au ministère, on nous dit qu’il manque encore le dernier chapitre. Selon Émilie Lord, porte-parole du ministère, il ne manque que la communication par le conseil municipal des mesures administratives qu’il entend prendre pour éviter que se reproduise la situation qui lui a valu le coup de klaxon. « Nos pourparlers avec Saint-Armand avançaient très bien quand l’inondation a frappé. Nous comprenons que le conseil a eu d’autres chats à fouetter dans cette situation d’urgence. Et puis, il y a la période des vacances. Nous croyons donc en finir en août ou septembre. »
Note de la rédaction
Depuis la mi-juillet, l’eau n’est plus potable à Philipsburg. Les résidents doivent recourir à une citerne d’eau potable stationnée au 203, rue Philips. On ignore, pour l’heure, si la contamination est associée aux inondations du printemps ou s’il faut y voir une autre cause.