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- Édito -

Des municipalités amies des aînés ?

Lise Bourdages et Pierre Lefrançois

Les conseils municipaux d’Armandie sont-ils prêts à prendre les moyens nécessaires pour adapter les milieux de vie aux besoins d’une population vieillissante ?

Statistique Canada estime que, au 1er juillet dernier, 15,3 % des Canadiens étaient âgés de 65 ans ou plus. C’est au-delà de 30 % de plus qu’il y a trente ans, alors que les plus de 65 ans représentaient 9,9 % de la population. Au 1er juillet 2013, les enfants âgés de moins de 15 ans représentaient 16,1 % de l’ensemble de la population, en baisse par rapport à 21,8 % au 1er juillet 1983. Entre 1983 et 2013, tous les groupes d’âge de plus de 40 ans ont enregistré une croissance supérieure à la moyenne nationale, la plus forte touchant la population âgée de 80 ans et plus. Par ailleurs, les groupes de 10 à 24 ans ont tous vu leurs effectifs décroître au cours de cette période. Le vieillissement de la population est une implacable réalité qui n’a pas échappé aux autorités québécoises.

Le ministère des Affaires municipales et celui de la Santé et des Affaires sociales administrent conjointement un programme appelé « Municipalités amies des aînés » (MADA) afin d’aider les municipalités à se doter d’infrastructures visant à répondre aux besoins de leur population vieillissante. Quelles infrastructures ? Des locaux pour des activités de loisir et de socialisation, l’aménagement de parcs et de divers espaces publics adaptés aux personnes vieillissantes : parc intergénérationnel, aire de loisirs, espace de jardinage adapté, ou encore un sentier pédestre aménagé de manière sécuritaire et confortable pour les personnes à mobilité réduite. Pourquoi ? Parce que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) estime que, pour se maintenir en santé, les aînés doivent pouvoir demeurer actifs et que, pour accroître leur qualité de vie durant la vieillesse, on doit faciliter leur participation à diverses activités tout en aménageant les espaces afin d’en assurer l’accessibilité et la sécurité.

Dans le cadre du programme MADA, le gouvernement peut contribuer financièrement jusqu’à hauteur de 80 % aux coûts de tels projets, pour un maximum de 100 000$. L’OMS considère d’ailleurs que le Québec est à l’avant-garde des sociétés développées en cette matière.

Depuis le mois de mars 2013, un comité composé de représentants des municipalités de Bedford, du Canton de Bedford, de  Notre-Dame-de-Stanbridge, de Pike River, de Saint-Armand, de Stanbridge East, de Stanbridge Station et de Saint-Ignace-de-Stanbridge, de même que divers organismes de la région se réunit régulièrement pour mettre en place une démarche visant à développer des projets d’infrastructures communes qui seraient éligibles dans le cadre du programme MADA.

C’est ainsi que les membres de ce comité ont consulté des aînés dans chacune des communautés participantes afin d’identifier leurs besoins. Globalement les aînés se sont montrés très préoccupés par l’accessibilité et la continuité des soins de santé, notamment en ce qui concerne l’offre de soutien à domicile ;  les organismes locaux chargés de favoriser le maintien à domicile seront réunis afin de trouver des pistes de solution pouvant être mises en place.

Les consultations ont également permis de mettre en lumière  le fait qu’il existe déjà de nombreux services offerts dans la région, mais qu’ils sont peu connus des aînés. Différentes mesures devront être mises en place afin de toucher ceux qui se retrouvent de plus en plus isolés dès qu’ils y perdent en autonomie.

La question des loisirs a également fait l’objet d’échanges intéressants : les aînés souhaitent que l’on diversifie et décentralise l’offre de loisirs : activités culturelles, physiques, sportives, etc., ont été mentionnées à maintes reprises.  Les aînés font valoir que les loisirs permettent de conserver la santé, tant physique que psychologique, et contribuent à briser l’isolement qui suit la retraite ou qui résulte d’une maladie ou de la perte progressive d’autonomie.

Le nombre relativement restreint de résidences dans les municipalités entourant Bedford, de même que l’absence de logements bien adaptés aux personnes en perte d’autonomie, préoccupent les personnes consultées quand l’entretien de la maison devient trop lourd et qu’elles envisagent de déménager. Quant à la question du transport, elle est importante dans une région comme la nôtre afin de préserver son autonomie le plus longtemps possible. Bien qu’il existe déjà des offres de transport, elles sont méconnues de la population et pourraient être bonifiées afin de mieux répondre aux besoins des aînés.

À la lumière des besoins exprimés par les personnes consultées, les conseils municipaux verront à identifier les actions qui peuvent être mises en place au cours des trois prochaines années afin de donner suite aux préoccupations recueillies. De plus, des comités de travail regroupant des organismes pouvant répondre à divers besoins seront formés afin d’identifier des pistes d’action. Au cours des prochains mois, une politique municipale des aînés sera adoptée pour les huit municipalités concernées ainsi que des plans d’action de tous les acteurs concernés dans les communautés.

Voilà une belle initiative de collaboration intermunicipale. Si vous résidez dans l’une ou l’autre des municipalités participantes et que vous avez des idées au sujet de ce qui pourrait être fait dans le cadre de cette démarche de municipalités amies des aînés ou si vous avez un projet qui vous semblerait intéressant pour améliorer la qualité de vie des personnes vieillissantes dans votre communauté, parlez-en aux membres de votre conseil municipal. C’est encore le moment de mettre en place les actions qui seront entreprises au cours des trois prochaines années.