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Démolition Banque Molson Bedford

PLAIDOYER POUR UN RENOUVEAU

Normand Déragon, Conseiller municipal à la ville de Bedford

(English abstract follows)

Pour en avoir été un témoin privilégié, je peux vous assurer que la décision d’accorder au Ministère du Transport le permis de démolition de la bâtisse qu’on appelle communément la Banque Molson, n’a pas été prise de gaieté de cœur.

J’ai cru bon vous soumettre ces quelques lignes pour rectifier les rumeurs qui circulent et pour rétablir les faits qui nous ont conduits à cette décision.

  1. Le bâtiment était sous utilisé depuis plusieurs années et, de ce fait, loué par son ancienne propriétaire à rabais. Depuis le départ de la Maison des Jeunes ‘Le Boum’, à l’exception de la période du salon de coiffure, le bâtiment était laissé à l’abandon. Le contracteur qui a refait la toiture avait même mentionné que le haut du mur de brique en façade avait un urgent besoin d’être repiqué pour éviter tous risques d’écroulement. Ceci venait compliquer significativement l’option du déménagement.
  2. Il était de plus en plus évident que le bâtiment était mal adapté pour un usage commercial moderne. De plus, selon nos calculs, le coût de déménagement et de rénovation s’élevait à près d’un million de dollars si on inclut la décontamination de l’amiante utilisé comme matériau à l’époque. Et il n’y avait aucune garantie que la bâtisse trouverait preneur par la suite. D’où l’hésitation compréhensible du propriétaire actuel.
  3. Finalement, la bâtisse était devenue, du fait de son abandon et de sa localisation, un problème de sécurité publique criant :
  4. Tout d’abord, le risque d’incendie est décuplé du fait de l’abandon du bâtiment. Cela menace directement une partie importante du cœur commercial de notre rue Principale ;
  5. Les modes de transport actuels du fret routier exigent un réaménagement de l’intersection adjacente. Rappelons que durant ces dernières années, nous avons été les témoins du décès d’un piéton à cette intersection. Si ma mémoire est bonne, il y a une plus d’une dizaine d’année, un enfant à bicyclette avait été impliqué dans un accident avec un véhicule à cette même intersection. Enfin, quoi qu’il en soit, l’intersection est devenue dangereuse.
  6. Actuellement, les dépenses encourues pour le réaménagement de l’intersection et la démolition de la bâtisse ne sont pas à la charge de la Ville de Bedford mais bien à celle du Ministère du Transport qui est propriétaire des deux bâtiments. C’est l’offre que nous avons réussi à obtenir après de multiples négociations. Sinon, quoi ? On se contente d’attendre le prochain accident mortel ?

Que faire ? En gestion municipale, les deniers publics n’étant pas illimités, il est souvent question de choisir en fonction de priorités à moyen et à long terme. Nous comprenons que la banque Molson puisse être le symbole d’un âge d’or pour notre municipalité. Rappelons-nous que Bedford a été non seulement un pôle local mais bien le chef-lieu du comté de Brome-Missisquoi pendant plusieurs décennies. Cependant, les années passent et le cycle de la vie avec ses perpétuels changements forcent les institutions comme les individus à s’adapter.

Si vous le voulez-bien revenons au thème des priorités. Souscrire à un emprunt de plus d’un million de dollars qui, je tiens à le souligner, serait repayé avec les deniers publics des citoyens que nous représentons ? Vous comprendrez que c’est une question de ‘trade-off’ comme on dit dans la langue de Shakespeare. Il faut être conscient que l’argent dépensé à un endroit ne peut pas l’être ailleurs. Donc, ce million de dollars qui est en cause, pourrait également servir à d’autres fins.

Permettez-moi de vous proposer un exemple concret. Encore aujourd’hui, une partie significative de notre réseau d’égouts est basé sur ce qu’on appelle des conduites unitaires. Pour faire simple, cela signifie que le réseau de conduites pluviales et sanitaires passe par un seul et même tuyau. De nos jours, les nouvelles normes environnementales demandent des systèmes de conduites séparées. Vous vous imaginez bien que cela implique des investissements significatifs, mais nécessaires. Ne devrions-nous pas plutôt choisir de diminuer notre empreinte environnementale avec ces mêmes ressources financières ? Lentement, mais sûrement, dans la mesure de nos moyens, nous réaménageons progressivement ces infrastructures. Pensons à la réfection complète de la rue Elizabeth et celles plus récentes des rues du Pont et Clayes. Cet exemple, montre bien les implications plus larges de dépenser un million de dollars pour préserver un seul bâtiment.

Ceci dit, il faut se rappeler que ce projet s’inscrit dans un cadre plus large. L’actuel propriétaire du terrain nous a avisés de son intérêt de nous le céder pour un montant raisonnable après la démolition. En conséquence, ce terrain redimensionner après le réaménagement de l’intersection, pourrait servir à la construction d’un immeuble multi-usage qui devra respecter le caractère architectural de la rue Principale tel que proposé sur les esquisses présentées lors de la Consultation publique du 25 janvier dernier. La construction d’un tel immeuble relèvera du domaine privé et pourrait devenir le fer de lance du renouveau de notre rue Principale.

Finalement, je tiens à mentionner que le Conseil a été très pointilleux dans le suivi des procédures démocratiques. La réflexion a commencé il y a environ 14 mois. En 2017, nous avons tout mis en œuvre pour que le suivi des procédures démocratiques en vigueur soit minutieux et que la population puisse nous faire part de leurs doléances. L’opposition formelle au projet a été proportionnellement peu nombreuse. Ceci dit, je peux vous affirmer que nous en avons tenue compte.

Le 10 avril dernier, les dés étaient jetés. Une fois la machine en marche, il est impensable de reculer, sinon on risque d’encourir des conséquences juridiques coûteuses relatives au bris de contrat. Cependant, je me rends bien compte que c’est une chose de prendre la décision, mais s’en est une autre de la voir se réaliser. Ce n’est pas sans un pincement de cœur que nous avons vu disparaître le symbole d’un pan de notre histoire. Ce choix a été déchirant. Cependant, il nous faut maintenant tourner la page et envisager l’avenir avec optimisme.

Tout cela pour conclure que les décisions sont rarement simples car cela implique souvent de se résoudre à éliminer certains choix qui, en eux-mêmes, ont leur lot de bons côtés.

Merci de votre lecture et j’espère que ces quelques lignes auront su éclairer la réflexion qui explique cette décision difficile.

Normand Déragon, juillet 2017
Conseiller, Ville de Bedford

P.S. J’aimerais en profiter pour souligner qu’il existe d’autres immeubles à caractère patrimonial sur notre territoire urbain qui auraient bien besoin d’amour et de soins. Si vous y voyez un intérêt et croyez avoir déniché une opportunité qui pourrait vous être profitable, nous sommes à votre écoute. Ceux et celles qui s’y sont essayés avant vous ont su tirer leur épingle du jeu. Certaines de ces propriétés rénovées avec soin par leur(s) propriétaire(s) en tenant compte de leur caractère d’origine ont trouvez preneur, parfois même, très rapidement. Soyez audacieux, agissez avant qu’il ne soit trop tard !

English abstract

The previous text in French, explains the process behind the decision to grant a demolition permit to the owner of what came to be known as the Molson Bank. In summary, our decision was based on three main criteria :

  1. Safety concerns about the increase fire risks of such an abandoned building in the heart of our commercial Main street ;
  2. The staggering costs to move and refurbished the building without any guarantee of finding a tenant or a buyer. Bottom line, it’s the citizen that will foot the bill ;
  3. The immediate requirement to improve the intersection design so pedestrian safety concerns are met in order to minimize the risks of further deadly accident.

Essentially, such a decision must be viewed as a trade-off. The million dollars required to move and refurbished the Molson Bank, cannot be used to improve other infrastructures that need it badly.

This decision was not easy, nor was it pleasing. Often a time, to take a decision and to see it implemented entails different feelings. It is with sadness that we witness the disappearance of one symbol of our past glory. Finally, I wish to emphasize that all the costs for both the demolition and the intersection redesign to come are incurred solely by the provincial Ministry of Transport.

I hope that this short explanation may have enlightened a decision that wasn’t taken lightly.

Thanks for your concern

N.D.