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- Poésie -

DÉFORESTATION À NOS PORTES

Marie-Hélène Guillemin-Batchelor

Poésie

Par : Marie-Hélène Guillemin-Batchelor
Marie-Hélène Guillemin-Batchelor

On peut juger de la valeur d’un village
À la façon dont il traite sa nature.
Un jour que je me promenais
Sur la falaise du sanctuaire d’oiseaux
Saluant la forêt et l’éveil du printemps
Je cherchais au bout du chemin
L’arbre majestueux
Qui ornait si joliment le coin.

Horreur, quelqu’un l’avait décapité.
Il gisait là, rasé, au milieu de ses branches
Mort pour rien, sans avoir pu crier
Le cœur en mille morceaux
Dans ce coin de croisée des chemins
Aujourd’hui, totalement dénaturé.

Quel chagrin, quelle tristesse, quelle peine.
Il reçut bien des larmes et des lamentations
De tous ceux qui l’admiraient, de tous ceux qui l’aimaient. Trop tard.

Mais ce n’est pas le seul à avoir connu ce sort.
Dans notre belle nature, des arbres et des forêts
Ont été lapidés, anéantis, rasés, tués.

Mais qui sont donc ces hommes
Qui tuent les arbres de nos forêts ?

« Lorsque l’homme aura coupé le dernier arbre,
Pollué la dernière goutte d’eau,
Tué le dernier animal et pêché le dernier poisson,
Alors il se rendra compte que l’argent n’est pas comestible. »

(Proverbe amérindien)

Les villes pleurent pour avoir de l’ombre et des espaces verts.
À Saint-Armand, on tue les arbres. On asphalte, on bétonne.

Quels crimes ont commis les arbres pour être abattus ?
Ah, ils ont trop grandi ! Alors qu’on les élague !
Car en les abattant,
On crée des ilots secs, désertiques et sans espoir de vie.

La moitié des oiseaux qui passaient par ici ne viennent plus
Leurs arbres protecteurs ont peu à peu disparu.
Ils ne nichent plus ici, plus de branches, plus de feuilles
Fini les nids douillets cachés dans les ramures
On dégage les futaies, on déracine nos sols.
Et nos sols sans racines un jour vont glisser.

Notre vie serait belle, si on y respectait
L’accord entre les arbres, les oiseaux et les hommes.

Une saine harmonie est nécessaire pour vivre.

Sans arbres, notre air devient un peu trop pollué.
Dans leur grande bonté, les arbres assainissaient.

Nous mourrons asphyxiés et nos enfants aussi.
Sommes-nous assez fous pour laisser faire ceci ?

Châteaubriant écrivait :

« La forêt précède les civilisations, le désert les suit. »