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Le fait d’introduire une expression comme « coopérative de solidarité » dans un projet de parc d’éoliennes suffit-il à faire la démonstration d’une certaine acceptabilité sociale ? Voilà la question au cœur du débat en cours dans la région de Bedford.
Les redevances promises aux municipalités et à des projets communautaires effaceront-elles les profondes cicatrices que les éoliennes laisseront sur le visage de la région ? Curieusement, aucune redevance n’est prévue pour ceux qui, avec raison, s’opposent à ces mégastructures que l’on rêve d’ériger dans leur milieu.
Comme en 2007, on assiste depuis quelques mois à une certaine déshumanisation de la part des promoteurs et des élus, insensibles aux objections de leurs commettants. Dans la Voix de l’Est, M. Albert Santerre, maire de Saint-Ignace qualifie de « lavage de cerveau » une assemblée d’information convoquée par les opposants qui se questionnent sur les éventuels dangers pour leur santé que pourrait présenter le fait d’habiter à proximité du parc d’éoliennes. L’espace qu’occuperait ce dernier est plus vaste que tous les parcs industriels réunis de la région…
Quant à M. Gilles Saint-Jean, maire du Canton de Bedford, il n’hésite pas à faire appel à la police pour museler des opposants qui ne demandaient pourtant qu’à lui poser quelques questions.
Un autre maire aurait menacé un citoyen. Une affaire en cours à suivre…
Qui aurait pu imaginer que les éoliennes produiraient autant d’électricité dans l’air avant même qu’elles n’apparaissent dans le décor ?
Une vaste majorité de la population reste publiquement silencieuse. Pourtant, des marchands, des professionnels et des entrepreneurs avouent, privément, leur scepticisme face au succès du projet. Ils suivent le débat à distance pour ne pas se nuire à eux-mêmes ou à leur entreprise. Les agriculteurs restent divisés sur la question.
Aucun élu des municipalités visées par l’implantation du parc d’éoliennes n’ose prendre la défense des opposants. Étrange. Ce sont pourtant des payeurs de taxes dans leur juridiction municipale. Privément, on se moque d’eux par toutes sortes d’épithètes irrévérencieuses qui ne valent pas la peine d’être rapportées ici mais qui, à ce qu’on dit, les font bien rire entre eux. Entre maires, il paraît qu’on est solidaire…
Entre-temps, Hydro-Québec et le gouvernement du Québec (responsables des appels d’offres) n’ont pas à vivre avec cette pagaille voire cette bataille que se livre à la base le bon peuple. Ce sont pourtant eux les seuls vrais responsables de cette déshumanisation qui brise la paix sociale dans ce charmant milieu champêtre.
Même présenté avec moins d’éoliennes et sous une nouvelle étiquette, le problème d’acceptabilité sociale reste entier. Et dire qu’on parle de surproduction d’électricité au Québec ! Mais quel est donc le bien-fondé de défigurer le milieu pour des décennies avec un projet qui rapportera des millions à des compagnies cotées en bourse qui n’ont d’intérêt que pour la valeur de leurs parts ? Notons qu’aucun de ces aspirants grands actionnaires ne seront touchés par un tel projet dans leur environnement éloigné.
L’acceptabilité sociale, est-ce que cela veut dire que la société visée par le projet l’accepte sans pouvoir s’y opposer ? Comme une chose bienvenue à laquelle très peu d’individus s’opposent sans raison importante. Même avec une coopérative de solidarité comme partenaire minoritaire, est-ce que cela rend le projet plus socialement acceptable s’il défigure le paysage ciblé ? Où est donc la solidarité quand on se fait complice d’une possible dévaluation de la propriété du voisin ?
En général, les grands actionnaires ont fait la manchette, au fil des ans, en coupant des milliers d’emplois, en hachant dans les conventions collectives tout en s’accordant des boni à coups de millions.
Et ce serait avec de tels gens qu’on envisagerait de s’associer ? Eux pour qui des mots comme « coopérative de solidarité » et « acceptabilité sociale » ne sont que du vent…
P.S. Nouveau mot : VENTABILITÉ : n.f. pour évaluer la rentabilité du vent produit par des éoliennes.
P.P.S. Les opposants auraient dépensé plus de dix mille dollars pour protéger leur paix et leurs propriétés.