Christine Maurin. Photo de Nathalia Guerrero Vélez
Christine Maurin est née à Angoulême à l’époque où le général de Gaulle était encore le chef de la République française. Présentement copropriétaire de la réputée auberge Au Chant de l’Onde de Frelighsburg, elle réfléchit tranquillement à un retour aux sources et à retrouver, après une quinzaine d’années passées au Québec, sa mère, sa fille et son petit-fils Mathys.
Sa formation d’institutrice terminée, elle a entrepris d’enseigner dans une école secondaire. Puis, en 1999, un cancer de la peau dont elle se croyait guérie est réapparu. « J’avais 39 ans et je me demandais si j’allais avoir la chance de faire quelque chose de ma vie ; c’était un moment très éprouvant pour moi », m’a-t-elle confié. Sachant qu’elle n’allait pas bien et qu’elle aimait beaucoup voyager, sa mère, Claudine, a réussi à la convaincre de partir en voyage avec elle et sa petite-fille Coralie, l’unique enfant de Christine, alors âgée de 13 ans. Chose dite, chose faite et c’est ainsi que, en 2000, les trois générations d’une même lignée traverseront l’Atlantique pour se lancer à la découverte du Québec.
Elles arrivent au Cap aux Os, en Gaspésie, et logent – sans réservation préalable, comme par hasard ou par magie, ou les deux – à l’auberge que possède Pierre Parent. C’est le coup de foudre entre lui et Christine. Quelques mois plus tard, il rejoindra sa dulcinée en France et profitera du fait qu’il ait du mal à dénicher un emploi dans son champ d’expertise pour s’initier à la charpenterie et à la menuiserie. « On savait qu’un jour on allait ouvrir une auberge ensemble et que ces compétences allaient lui être utiles », raconte Christine, sensible aux beaux aménagements intérieurs et extérieurs.
Ils habiteront près de la ville côtière de La Rochelle durant sept ans jusqu’à ce qu’un jour, possédés par la passion de l’aventure, ils décident de faire le saut et de s’installer au Québec. « J’aimais beaucoup mon métier, mais j’étais heureuse d’avoir l’opportunité de changer de vie », assure Christine. Ils savaient ce qu’ils voulaient et ce qu’ils ne voulaient pas : non à la ville, oui, à l’ouverture d’une auberge à la campagne. Ils se sont trouvés rapidement un emploi temporaire qui leur permettait de partir, les fins de semaine, à la découverte du Québec, sans destination particulière en tête.
C’est ainsi qu’ils sont arrivés un jour à Frelighsburg, village qu’ils ont aussitôt aimé, de même que la région autour. Quelques mois plus tard, ils achetaient ce qui est devenu le gîte Au Chant de l’Onde. « C’était un vrai coup de cœur ! La maison, construite en 1805, manquait d’amour mais, tranquillement, nous l’avons mise à notre goût », explique Christine qui, avec Pierre, a travaillé très fort pour bâtir cette entreprise locale qui s’est acquise une renommée internationale. Rappelons que l’auberge s’est récemment méritée le prix Travelers Choice Best of the Best octroyé par Trip Advisor dans la catégorie B & B.
Mais voilà, malgré son amour pour le Québec, pour les paysages et les gens d’ici, Christine commence à ressentir les symptômes du mal du pays. « À mon arrivée, confie-t-elle, ce qui a fait une véritable différence, c’est le fait d’avoir eu la chance d’avoir une famille ici. Ça aide vraiment beaucoup et je suis sûre que cela manque à ceux qui n’ont pas cette chance. Les gens n’arrivent pas à imaginer ce qu’immigrer peut signifier dans la vie d’une personne ni l’immense courage qu’il faut avoir pour quitter son pays et ses racines. On laisse un monde connu pour aller vers l’inconnu. »
Le couple a donc mis le gîte en vente et compte se défaire également du magnifique chalet qu’il possède au bord du lac Selby.
« J’ai besoin de prendre soin de ma mère et de me rapprocher de ma fille et de mon petit-fils », conclue Christine. On la comprend bien, car on ne s’habitue jamais à vivre loin de ceux qu’on aime.