Pétroglyphes, ch. Luke à Saint-Armand (Photo : Charles Lussier)
Des peuples celtes à Potton, Bolton Ouest, Bolton Est, Sutton, Lac Brome (Foster), Coaticook et même à Saint-Armand, des Phéniciens à Abercorn et des Vikings au mont Pinacle à Frelighsburg. Est-ce un nouveau programme favorisant le multiculturalisme dans Brome- Missisquoi ? Pas vraiment, plutôt des venues successives de ces peuples de l’Ancien Monde depuis près de 2 000 ans.
Je me suis toujours intéressé aux navigateurs. Selon plusieurs chercheurs en archéologie et en histoire régionale, le territoire que nous habitons a été exploré et habité par plusieurs peuples depuis plus longtemps qu’on est porté à le croire. Les explorations officielles de Christophe Colomb pour la reine de Castille, Isabelle 1re la Catholique, et de Jacques Cartier pour le roi François 1er sont davantage des découvertes politiques et économiques que géographiques. Le passage vers le nord par l’Islande, le Groenland et l’actuelle île de Baffin a pu être réalisé depuis longtemps par de bons navigateurs.C’est ce que tentent de démontrer plusieurs chercheurs depuis plus de deux cents ans. Un premier témoignage issu de la biographie de l’illustre chef mohawk Joseph Brant Thayendanega (1742-1807) de l’actuel État de New York nous informe que des anciens monticules de terre et de pierres, des murets et autres structures de pierres furent construits par des Blancs venus de contrées inconnues depuis des temps immémoriaux et avec qui les Amérindiens vivaient en harmonie. Plus tard, craignant pour leur survie, ils exterminèrent les Blancs. Le chef indien Cornstalk de Virginie occidentale donnait un témoignage semblable en 1770.
Les voies maritimes de pénétration vers notre territoire étaient le fleuve Saint-Laurent, les rivières Hudson, Richelieu, Missisquoi et Yamaska et le lac de Champlain. Dans notre région, plusieurs traces du passage des peuples navigateurs ont été mises à jour. Des pétroglyphes, qui sont des écritures gravées sur la pierre, ont été découverts dans les municipalités susmentionnées. La signification des inscriptions demeure inconnue mais les caractères gravés pourraient être de l’Ogam, une ancienne écriture celtique.
Depuis de nombreuses années, Monsieur Gérard Leduc de Mansonville réalise des recherches archéologiques sur le passage et les traces de ces visiteurs dans la région. Il m’informait que des pétroglyphes étaient présents sur les vieilles parois calcaires de Saint-Armand, tout près de chez moi. Le premier site que j’ai visité me laissa dans le doute. Les inscriptions regroupées ressemblaient parfois aux petites crevasses naturelles des parois. Il n’y a pas de doute, ces inscriptions sont regroupées et sont à hauteur humaine.
Si vous voulez les voir, prenez le chemin Luke vers le sud à Saint-Armand, et la paroi est vis-à-vis de la station de gaz (pipeline), sur le côté ouest. C’est bien d’y aller avant le feuillage qui apparaîtra sous peu. Un deuxième site a été pour moi beaucoup plus perceptible. C’est une bande de caractères en V, bien distincts, comme une suite linéaire semblable à notre écriture, inscrite sur une couche calcaire.
Ces deux sites de pétroglyphes sont situés à proximité de terrains favorables à l’installation d’un campement ou d’aménagements d’habitations. Des runes d’origine viking, gravées à l’envers le long du corps d’un dragon, sont aussi présentes au mont Pinacle à Frelighsburg. Selon M. Leduc, la justesse des caractères et les images gravées témoignent d’une tradition qui justifie la crédibilité des inscriptions.
Comme aujourd’hui, il semble que ça fait longtemps que notre belle région est habitée par une diversité de communautés humaines. Certaines nuits, on peut encore entendre des chants et des cris de joie anciens, réverbérés dans les douces vallées des environs de la rivière Missisquoi. Votre maison est peut-être bâtie sur un ancien drakkar viking enseveli.
Sources :
www.archeo-potton-on-the-rock.ca Leduc, G., 2003. « Sur les traces de cultures disparues dans les Cantons de l’Est », Journal Le Guide. Collaboration spéciale.
Remerciements à M. Gérard Leduc.
Remerciements également à M. Robert Galbraith pour sa contribution à la production de l’article « Masipskwiks » paru dans le numéro précédent du Saint-Armand.