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Bedfordshire (suite)

Racines historiques
Charles Lussier

L’origine toponymique de la ville de Bedford aux abords de la rivière aux Brochets semble susciter encore des questions. Lors de la rédaction de l’article précédent, « Bedfordshire », en décembre 2008 (vol. 6 no 3), il était question de définir l’origine toponymique de la ville de Bedford. Les livres et publications d’histoire de la région nous informent que le nom de la ville est associé à la venue du duc anglais de Bedford (Francis Russell, 1765—Woburn 1802) en 1801 au site riverain qui ressemblait à celui de son Bedford natal.

La suite de cet article, prévue pour cet hiver, avait pour but de documenter cette visite de notre territoire relativement vierge ou presque. Je cherchais des descriptions du territoire qui nous auraient permis d’imaginer les éléments naturels (type de forêts, cours d’eau, milieux humides, faune) de la région de Bedford avant ses aménagements majeurs réalisés aux 19e et 20e siècles qui définissent l’œkoumène actuel ou l’espace habité. Des recherches avec les institutions d’archives historiques de la région de Bedford en Angleterre ont permis de faire une autre découverte. Le duc de Bedford n’est jamais venu dans notre région, n’a même pas traversé l’Atlantique. Il faut ainsi rayer cette légende rurale de nos écrits. Ce fait historique a été confirmé par Mme Ann Mitchell, archiviste, Woburn Enterprises Ltd, qui n’a trouvé aucun document à cet effet.

La question se pose à nouveau. D’où vient donc le nom de Bedford ? À mon avis, une piste d’intérêt est peut-être en lien avec le grand canton original de Stanbridge, arpenté en 1796, où se situe Bedford comme chef-lieu local. Stanbridge est le nom d’un village dans le Bedfordshire anglais situé à une vingtaine de kilomètres de Bedford. Il est possible que les personnes impliquées dans l’organisation et la toponymie de notre territoire au début du 19e siècle y aient vu une ressemblance entre notre site de Bedford et le territoire anglais.

Pour le duc anglais de Bedford jamais venu ici, il a siégé à la Chambre des Lords dès l’âge de 22 ans. Il est reconnu pour sa grande implication dans les progrès techniques et le développement de méthodes modernes en agriculture pour l’Angleterre, vers les années 1790-1800.

Présentement, au Québec, la région agricole de Bedford et son bassin versant de la rivière aux Brochets est reconnu comme la zone laboratoire en agroenvironnement avec la participation des producteurs agricoles. Ce bassin versant regroupe la plus grande concentration d’études et de projets à caractère scientifique et technique, notamment pour l’amélioration de l’état des cours d’eau.

Depuis deux siècles, le duc peut ainsi dormir en paix dans son Bedfordshire natal sans trop se poser ces questions toponymiques.

Sources

Ann Mitchell, archiviste, Woburn Enterprises Limited, Angleterre. Wikipedia, the free encyclopedia – http//en.wikipedia.org

Ville de Bedford. 1990. Bedford 1890-1990. Éd. Louis Bilodeau & fils Ltée, 640 p.