Francis Russel, 5e duc de Bedford (Source : Wikipedia)
Chaque fois que je me dirige vers la ville de Bedford, je ne peux m’empêcher de penser au Bedfordshire d’Angleterre. Le comté anglais (shire) de Bedford avec sa ville centre est situé à environ soixante-quinze kilomètres au nord de Londres. Cette région des Midlands est traversée par la Great Ouse River (prononcer « ooze » ; le mot vient du vieux celte ou pré-celte et veut dire « eau ») qui se jette vers l’Est dans The Wash, une grande anse bordée des bancs de sables peu profonds caractéristiques de la mer du Nord.
En 1801, en pleine période d’arpentage et de concessions du territoire que l’on nommera le Buckinghamshire et qui, plus tard, deviendra les cantons de l’Est, le duc anglais du Bedfordshire fait partie de la mission qui a pour tâche de définir les limites du canton de Stanbridge. Ce terntorre comprend aujourd’hui Saint-Pierre-de-Véronne-à-Pike-River, Notre-Dame-de-Stanbridge, Saint-Ignace-de-Stanbridge, Bedford, le canton de Bedford et Stanbridge East.
Selon certains écrits, Francis Russell (1765-Woburn L802), 5e duc de Bedford de la 4e Création (1694) des ducs de Bedford, superv1srut une équipe d’hommes qui, partis de Saint-Jean, rencontrèrent des Indiens sur les rives de la baie Missisquoi. Ils conseillèrent au duc de prendre la vieille piste indienne qui reliait la baie Missisquoi à la rivière Yamaska (lac Bromelac Champlain), voie que les Indiens empruntaient fréquemment pour aller en Nouvelle-Angleterre.
L’équipe s’engouffra dans les riches forêts vierges des basses terres du piedmont appalachien. Après avoir marché environ quatorze kilomètres, les arpenteurs découvrirent une petite rivière bordée d’immenses ormes d’Amérique dont les branches se courbaient gracieusement au-dessus de l’eau. Surpris par la ressemblance avec son Bedfordshire natal et charmé par l’aspect fantasmagorique du site se trouvant à la croisée de la rivière et de la piste indienne, le duc de Bedford donna son nom à cette intersection ; c’est là qu’a été érigée l’actuelle ville de Bedford.
Le premier colon à s’établir à cet endroit fut Salomon Dunham qui construisit sa maison à l’endroit où le duc s’était arrêté avec sa troupe sur le bord de la rivière aux Brochets. Les premières fermes de la région de Bedford, dont la ferme Pell, s’établiront le long du chemin Dutch (« deutche »), probablement baptisé ainsi à cause des nombreux mercenaires allemands, et loyalistes, qui vinrent s’y installer vers les années 1810.
Le membre de l’illustre famille Russell n’avait pas tort d’établir un parallèle entre la géographie de cette région où on l’avait envoyé en mission et celle de son comté. C’est bientôt toute la toponymie des environs de Bedford qui s’inspirera directement du Bedfordshire et de ses régions voisines : Potton, Shefford, St.Albans (Vt), Torrington, Long Sutton (sur la côte The Wash), Huntington, etc. Les Britanniques étaient portés à faire revivre leur Angleterre natale sur les territoires qu’ils avaient conquis. Le système géographique de Bedford avec son bassin versant de la rivière aux Brochets rappelle d’ailleurs étrangement celui du Bedford anglais et de sa Great Ouse River, qui se jette dans une baie bordée de bancs de sable peu profonds, semblables à ceux de la baie Missisquoi à son embouchure.
Joyeux Noël, Bedford que j’aime beaucoup. Tellement qu’un article ne suffira pas. La suite en février 2009.
Sources
Wikipedia, the free encyclopedia – http//en.wikipedia.org
Fournier, P. 2001. Bedford Raconté. Ed. Philippe Fournier, 588 p.
Ville de Bedford, 1990. Bedford 1890-1990. Ed. Louis Bilodeau & : fils Ltée. 640 p.
Montréal Matin, Supplément du Montréal Matin. « Nos cités en progrès Ville de Bedford », 11 juin 1966.
Remerciements à Johanne Bérubé de la Corporation Bassin Versant Baie Missisquoi et à la Société d’histoire de Missisquoi (SHM).