Originaire de Terni, en Italie, Augusto Betti est arrivé à Bromont en aout 2022. Il avait décidé de quitter son pays et sa famille pour réaliser la grande aventure de sa vie : partir tout seul, à 16 ans, et vivre dans un autre coin du monde où il apprendrait une nouvelle langue.
Avec l’aide d’AFS Intercultural Programs, un organisme à but non lucratif d’envergure internationale qui organise des séjours éducatifs immersifs dans de nombreux pays, il a été accueilli par des familles québécoises le temps d’une année scolaire. « Comme il y a beaucoup d’étudiants qu’appliquent à ce programme, la sélection est basée sur le mérite, alors il faut avoir de très bonnes notes à l’école », explique celui qui a été choisi parmi un grand nombre de candidats provenant de partout dans le monde.
Il venait à peine d’arriver au Québec quand sa grand-mère, âgée de 105 ans, est décédée, ce qui l’a ébranlé et profondément marqué. « Je ne m’attendais pas à ça ; quand je retournerai en Italie, ma grand-mère ne sera plus là, on n’est jamais prêts à ça » confie-t-il d’un ton nostalgique.
Cependant, ce triste événement ne l’a pas empêché de vivre à fond son échange culturel. En effet, aussitôt arrivé en sol québécois, ce passionné de natation s’est inscrit à l’école de natation de Cowansville. Jocelyn McCann, l’entraineur du club-école, lui a prêté main forte et l’a encouragé à poursuivre son entraînement dans le but de participer à des compétitions au Québec. Grâce au soutien de ce dernier et de son équipe, il est ainsi devenu en peu de temps l’un des meilleurs nageurs du Québec dans son groupe d’âge « La natation a toujours été importante dans ma vie, explique-t-il. J’ai appris à nager à un très jeune âge avec mon père. »
De fait, lors de la Coupe du Québec Junior de février dernier, il s’est classé en 4e position pour le 50 et le 100 mètres libre et en 5e position pour le 200 mètres libre, lors de compétitions qui regroupaient plus de 500 des meilleurs nageurs québécois. Selon, Jocelyn McCann, il a également fracassé 26 records chez les 15-16 ans et les 17 ans et plus. « Plusieurs de ces records, explique-t-il, éclipsent les anciennes marques réalisées par l’Olympien Charles Francis ainsi que par d’anciens nageurs de l’Équipe Michael Pouliot. »
Comme c’est le cas pour tout immigrant où que ce soit dans le monde, l’arrivée au Québec a été un choc culturel pour Augusto Betti. Il ne parlait pas un mot de français. Il devait trouver le moyen de communiquer avec les gens, apprendre le fonctionnement du système, étudier et s’adapter à une nouvelle famille ainsi qu’à un nouveau mode de vie. En raison de circonstances imprévues, il a dû d’ailleurs changer de famille à deux reprises durant son séjour. Présentement, il est hébergé par la famille Pepin de Cowansville, où il passera ses derniers mois avant de retourner chez lui en juillet.
À ses yeux, c’est en ce qui a trait à la vie sociale que les différences entre son pays d’origine et le nôtre sont les plus marquées. « En Italie, précise-t-il, l’école se passe le matin et la vie sociale se passe en après-midi. Ici, je m’ennuie du centre-ville, le lieu de rencontre où la vie sociale se développe. En Europe, même dans les très petites villes, on trouve cet endroit où tu te retrouves avec tes amis. C’est quelque chose qui manque ici. »
S’il est vrai que certains aspects de la culture italienne lui manquent, il assure vivre dans le moment présent et apprécier le fonctionnement de l’école québécoise. « En Italie, l’école est très rigide et oppressive ; les élèves sont sujets à l’anxiété et à la dépression. Ici, j’ai ressenti une grande liberté. Les professeurs font des blagues et tout est pensé pour que ce soit plus facile et amical pour nous. »
Pendant qu’il étudiait et nageait au Québec, de l’autre côté de l’océan, Saara, une jeune Finlandaise, séjournait à Terni chez ses parents, qui avaient décidé de participer au programme d’échange en tant que famille d’accueil. « Pour les familles bénévoles qui reçoivent des étudiants, précise-t-il, le salaire, c’est le lien qui se crée entre les gens durant l’expérience. C’est quelque chose que l’argent ne peut pas acheter. »
Sur le point de rentrer chez lui, Augusto Betti affirme qu’il va s’ennuyer du sirop d’érable et de la poutine ainsi que de ses nombreux amis et amies québécois. « Je suis très heureux de cette expérience. J’ai appris énormément et je me suis épanoui en tant que personne » reconnaît-il. Toutefois, l’expérience n’est pas tout à fait terminée puisqu’il se retrouvera cet été en France, en compagnie des membres d’une des familles québécoises qui l’ont accueilli.
Puis, ce sera Terni, où il compte reprendre ses compétitions de natation ainsi que ses études secondaires, qu’il terminera en 2024. Il aimerait alors aller étudier en Angleterre dans le domaine de l’enseignement ou des relations internationales, cela reste à déterminer.
Sa famille l’attend avec impatience et son autre grand-mère, qui a toujours bon pied bon œil, lu a promis de lui préparer ses plats préférés à son retour. Qui sait, nous le reverrons peut-être un jour au Québec, après d’éventuels longs détours dans des pays lointains. C’est du moins ce qu’il laisse entendre à qui veut bien écouter.