Quand j’étais petite, je me rappelle de mon père qui demandait à ma mère de passer à la Caisse populaire car il s’attendait à de la visite dans la soirée. Un citoyen de notre municipalité ayant connu la malchance de « passer au feu », il était certain qu’une collecte serait faite pour l’aider dans son épreuve : c’est ça habiter un village. Quand mes frères, ma sœur et moi-même avons eu notre permis de conduire et qu’on voulait tester nos limites, il y avait toujours une bonne âme pour dire à mes parents qu’on « avait donc le pied pesant » : c’est ça habiter un village.
Mon frère Daniel, qui approche de la cinquantaine à grand pas, a toujours son ami Bruno, rencontré dans notre petite école il y a de cela de nombreuses années maintenant (désolée les gars !). J’ai moi-même la chance immense de côtoyer tous les jours des amis du primaire : c’est ça habiter un village. Du jour où mon fils Charles a pu se promener seul à bicyclette sur la route, il est allé presque quotidiennement faire « un p’tit tour chez Dan ». Au fil des ans, la bicyclette s’est changée en moto qui est devenue une auto, mais il va toujours faire « son p’tit tour chez Dan » : c’est ça habiter un village.
Quand on veut faire partie d’une équipe de sport et qu’on habite Saint-Armand, le covoiturage est un must. Au fil des années, Sylvie et Robert, Annie et Yvan, Sylvie et Stéphane, Marie et François, Marie-Louise et Carlos ont amené mes enfants, en ont pris soin et les ont encouragés comme si c’étaient les leurs. J’ai fait de même avec leurs enfants : c’est ça habiter un village.
Mon plus jeune, Louis, qui a maintenant 13 ans, a eu la même blonde pendant tout le primaire ce qui fait que, à l’âge de 11 ans, il sortait avec sa blonde depuis 5 ans… (Il faut dire qu’ils étaient quatre dans sa classe et qu’il n’y avait qu’une fille). Quand je vois la belle Marilou, qui est du même âge que mon fils William, c’est mon amie Marie-Louise que je revois au même âge : c’est aussi ça habiter un village.
Nous n’habitons pas dans un village, nous habitons un village. Pour moi la différence entre les deux, même si elle ne tient que dans un petit mot, est immense.