Sara devant quelques-unes de ses œuvres (Photo : Michel Louis Viala)
MM : Qu’est-ce qui vous a amenée à vous intéresser à l’art en général et à la poterie en particulier ?
SM : J’ai grandi à Londres. Mes parents s’intéressaient beaucoup à l’art. Ils m’amenaient visiter les musées, les galeries d’art. J’ai été entourée d’une communauté artistique colorée et multidisciplinaire dès mon jeune âge.
Professionnellement parlant, comment vous définissez-vous ?
« Studio Potter », un terme en poterie signifiant artiste-artisan qui réalise toutes les étapes en atelier afin de fabriquer un objet utilitaire ou une pièce sculpturale purement décorative. Le terme de « Studio Potter » date des années 50-60.
Quels ont été vos premiers balbutiements dans le métier ?
J’ai commencé à jouer dans la boue dès l’âge de 5 ans ! Puis, plus sérieusement, à l’âge de 22 ans, j’ai eu accès à un atelier pendant plusieurs mois.
Quelle expérience a marqué significativement votre travail ?
Les premières années de production, j’ai réalisé de multiples pièces en grès. C’était un travail dans un atelier collectif. La découverte de la technique de cuisson du Raku* m’a ouvert un champ d’expérimentation plus personnelle, plus expressive et artistique. Ce fut la naissance de ma propre démarche.
Quel est l’objectif de votre recherche, et quel rôle y jouez-vous ?
Mon rôle est de transmettre mes préoccupations à travers mes œuvres. Mon objectif est de créer des œuvres qui puissent apporter un léger changement dans l’environnement des acquéreurs.
Quelles sont vos œuvres favorites et vos inspirations préférées ?
La nature et son chaos. J’ai beaucoup d’admiration pour Bernard Leach, un potier qui a amorcé le mouvement de « Studio Potter » dans les années 50. J’aime, parmi d’autres, les poteries japonaises de l’époque Jomon, qui datent d’il y a 10 000 ans, ainsi que les poteries japonaises modernes.
Dans quelle part de votre processus créateur trouvez-vous le plus de satisfaction ?
Quand j’ai une nouvelle idée et que je commence le processus de création. L’étape la plus satisfaisante et excitante est l’étape du feu, de la cuisson, du résultat final avec ses hasards.
Quelles personnes ou quelle chose a eu une importance majeure dans votre travail ?
Ma tante, qui faisait un peu de poterie et peignait des tuiles. À l’âge de quatorze ans, je fréquentais sa boutique-galerie pleine d’objets de création faits main. Elle fut un catalyseur qui m’a sensibilisée à la poterie par des rencontres avec des artistes et des artisans.
Avez-vous un projet en rêve ?
J’aimerais réaliser une exposition solo dans une galerie d’avant-garde dans une ville importante, New York par exemple… et ouvrir une succursale d’art de la céramique à Pigeon Hill.
Êtes-vous optimiste ou pessimiste face à un acheteur éventuel ?
Optimiste, mais quelquefois j’ai de la difficulté à me séparer de certaines œuvres. Souvent, je sens l’émotion de l’acheteur, et ça me touche.
Quel conseil donneriez-vous à un débutant ?
D’essayer de travailler avec le plus de céramistes possible, avant de s’installer. De ne pas lâcher trop vite, de se donner au moins cinq ans d’apprentissage.
Que feriez-vous si vous gagniez le gros lot de la 6/49 ?
J’organiserais une fête que personne n’oubliera.
Quel artiste allez-vous rencontrer pour la prochaine entrevue, ou est-ce une surprise ?
Patience, patience… entre-temps, venez me rendre visite sur mon site :
* Le Raku est une technique de cuisson japonaise développée au 1 6e siècle spécialement pour la production de bols destinés à la cérémonie du thé.