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- Gens d'ici -

Johanne Mallette, sculptrice sur pierre

Éric Madsen

Johanne Mallette  (Photo : Édouard Faribault)

Originaire de Montréal, élevée en banlieue, c’est à l’âge de seize ans que Johanne s’installe à Saint-Armand avec ses parents, attirés par le charme et la beauté du lac Champlain. Toute jeune elle sculptait déjà ; les patates que sa mère lui demandait d’éplucher ou encore la cire enveloppant certain fromage se métamorphosaient en formes diverses.

Devant cette passion dévorante qui ne cesse de cours privé de sculpture d’un an, sous la supervision de son professeur, Bertrand, de Philipsburg. Ensuite le boulot de « polisseuse » chez M. Parkinson lui fît découvrir réellement la pierre, dont la stéatite, une roche compacte et tendre constituée de talc et utilisée pour la fabrication d’objets ornementaux. Coup de foudre, exit le bois. Son premier bloc de pierre devient un faucon qu’elle offrira à la fête des mères. Un ami de sa mère, cinéaste à la télévision, est emballé par l’œuvre. Qui  plus  est, cet ami connaît les responsables des achats chez le bijoutier Birks, qui eux connaissent des gens à la Bourse de Montréal, qui eux connaissent des gens aux boutiques hors-taxes des aéroports canadiens. Tant et si bien que Johanne, sans trop l’appréhender, est entraînée dans le tourbillon d’une production qui s’échelonnera sur près de vingt ans.

Il n’est pas toujours évident, voire stimulant de faire la même chose, encore moins dans la reproduction de l’art Inuit. Comme un proche lui dira un jour, « le chemin des paresseuses » donne l’impression à Johanne de faire numéro après  numéro, d’être  une « usine >> engagée envers des salariés, bref de faire un produit de masse qui, de nos jours, est plus souvent qu’autrement « Made in China ».

Aujourd’hui, cette mère d’un jeune adulte voit les choses différemment. Finie, la production à la chaîne. La sculpture de pièces uniques est devenue sa principale source de motivation. L’inspiration lui vient de la pierre elle-même, sa forme, sa couleur, son gram, ses veinures lui dicteront comment la façonner.

L’albâtre, cette variété de calcaire translucide de teinte variable, et le marbre, cette  autre  roche calcaire, dur, souvent veiné de couleurs variées, sont devenus ses pierres de prédilection

Pour les profanes, il existe une échelle de dureté de la pierre, qui va de un à dix.  La  stéatite  ainsi que l’albâtre sont en bas de l’échelle, le marbre au centre, et tout en haut, l’indéfectible diamant.

Depuis peu, Johanne travaille dans son nouvel atelier aux abords du sanctuaire d’oiseaux. Elle a mis au point une technique de peinture sur pierre, une rareté au Canada. Suite à l’engouement créé par cette nouvelle aventure, l’artiste continue son cheminement. Elle    innove en créant « L’Âme végétale », des sculptures couleurs sur stéatite à partir de l’empreinte des plantes qu’on retrouve dans la région.

Johanne a, bien sûr, exposé dans la majorité des grands salons de métiers d’art de la province. On retrouve ses pièces dans certaines galeries  d’art, dans des boutiques spécialisées du Vieux-Québec ainsi que dans deux musées montréalais.

Une grande motivation pour elle ces jours-ci : la préparation de l’ouverture de sa boutique en mai prochain. Elle songe même à y offrir des démonstrations en sculpture les fins de semaine. Belle occasion pour découvrir ou redécouvrir un art millénaire et une artiste d’ici.

Durant l’entretien, Johanne m’a longuement parlé du marbre de qualité exceptionnelle qui était anciennement exploité à la carrière de Philipsburg. Voilà un sujet fort intéressant pour un futur reportage. À suivre…

Merci Johanne, et bonne chance