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- Chaîne d'artistes -

Danielle Dansereau

Rosemary Sullivan

Danielle Dansereau  (Photo : Gregory Keith)

For this artists’ chain, I asked if I could interview Danielle.

I am originally from New York, and I chose to live in Montreal, from the age of 20. From the time I met Danielle in Pigeon Hill, I felt a keen synchronicity with her, including a love of fabric, images and words.

Danielle, in fact, was instrumental in my move to Pigeon Hill. She invited me and Gissa Israel (a writer and dramatist now living in Dunham) to take over the Pigeon Hole Antique Shop space one summer. While we had been coming to this region and camping on the land in Pigeon Hill, it was that experience – meeting our neighbours in the village – that moved us to make the leap, to move to the country and become fulltime residents.

Today, many years later, both Danielle and I spend winters in the Caribbean. Danielle sails and writes on the sea, while I enjoy living on land off the tiny island of Nevis, swimming, creating fabric art, and books that combine photographs and oral history, people’s stories in their own words.

I asked Danielle a few questions to which she responded from her boat in the Caribbean….

Memories of creating as a child

J’ai souvenir de poupées à deux dimensions, en carton à découper. Et de leur garde-robe en papier qu’on découpait et qu’on plaçait sur les personnages à l’aide de petits rabats. Je les trouvais peu intéressantes, ces poupées, mais j’aimais la simplicité de leur mécanique et l’infini possibilité de leurs existences. J’ai passé des heures à en créer de toutes pièces, sur de vilains cartons gris-brun. Je les aimais plus que celles du commerce. Je leur donnais des noms et leur créais non seulement une garde-robe, mais des décors, des forêts, des quêtes, des aventures, des amours, des tourments. Je ne crois pas que je fasse autre chose maintenant en écrivant des histoires ou des scénarii.

J’ai souvenir d’une petite couverture de laine à carreaux colorés, un peu effilochée sur un côté. Genre motif écossais. J’ai passé des heures à examiner les variations de la trame et de la chaîne et leur effet sur les couleurs obtenues. Entrecroisements fascinants. À la même époque, je passais des heures à écouter ce qui était dit et à observer ce qui était agi autour de moi, et les effets de ces entrecroisements sur les couleurs ambiantes.

Where did you grow up ?

Je suis née à Montréal, aînée d’une famille qui aura neuf enfants, dont les quatre premiers en trois ans et demi. Jusqu’à mes trois ans, nous avons habité chez mes grands-parents, au dernier étage d’une grande maison. Puis nous avons pris la mer et traversé l’Atlantique sur un gros paquebot jusqu’à Casablanca. Ce sont mes premiers souvenirs. La lumière du Maroc. Sa chaleur. La musique berbère. Les vêtements des fatmas. L’odeur de l’église où ma grand-mère m’emmenait à la marche tous les jours ou presque. Puis le marché public que nous traversions en revenant. Les couleurs. Les épices. Ça m’a beaucoup marquée. Puis nous sommes rentrés à Montréal, où j’ai connu les trottoirs gris et où chaque jour, sur le chemin de l’école, j’inventais des histoires, je m’imaginais que je vivais dans un environnement différent, que je trouvais un trésor dans les craques du trottoir, n’importe quoi pour échapper au quotidien.

How old were you when you moved to the country ?

I was 25. With my companion and our son Thomas, 7 months, we were sick of living in the city. Je me souviens de la rumeur de la ville que je n’arrivais pas à ne plus entendre. Je manquais me faire renverser par des voitures en promenant mon bébé en ville. Nous habitions rue Sanguinet un logement sur deux étages, le troisième et quatrième, en face du chantier de construction du cégep du Vieux-Montréal et un jour, pendant notre absence, suite à un dynamitage, de gros éclats de béton ont cassé la vitre et atterri dans le berceau vide du bébé. Nous étions naïfs et pensions que la vie à la campagne serait  plus saine et davantage axée sur l’échange et la solidarité.

Did living in the country affect your creativity ?

Je dirais que c’est plutôt l’isolement, la solitude et la pauvreté matérielle d’alors qui ont stimulé ma créativité. La vie à la campagne, surtout les premières années, m’a plongée dans une solitude immense. J’étais loin de tout, sans transport, sans amis proches. Mon compagnon travaillait en ville plusieurs soirs par semaine. Mes premières créations, je les ai faites en recyclant le linge trop petit et trop usé de mon bébé. J’ai découpé dedans et j’ai réassemblé les morceaux librement – aidée d’une vieille machine à coudre à pédale. Pour rien de précis, rien de fonctionnel, juste des petits tableaux colorés et texturés à mettre sur le mur. Un temps à moi, en dehors de l’attente et des impératifs de la quotidienneté. Un genre de réflexe de survie.

When did you start weaving ?

Un an et demi ou deux ans plus tard, je devais avoir 27 ans et j’avais maintenant un deuxième enfant, Noémi. Des amis, Jane et Stéphane Bellegarde, m’ont prêté un petit métier à tisser sur table. Jane m’a montré la base. Ça m’a complètement passionnée. Le jeu des couleurs, les motifs, des dessins sont apparus naturellement. J’avais l’impression d’avoir toujours su tisser sans jamais vraiment l’avoir appris. Je m’y racontais des histoires, m’y passionnais pour les couleurs, doutais, angoissais et m’extasiais. Puis je me suis acheté un premier métier à tisser à quatre lames et, comme la maison était trop petite, je me suis cherché un endroit pour le mettre.

There was a charming little store called « The Pigeon Hole » in Pigeon Hill. They sold antiques, used furniture, utensils and knick-knacks. Nobody had been looking after it since Mr Calno Primmerman (John and Neil Rhicard’s grandfather) had taken care of it. I went to see the owner, Mr Bill Taylor, who lived in Bedford, and I offered to keep the shop in exchange for a place to set up my loom so I could weave. He was delighted and said he would give me a small percentage on any sale of his inventory.

Peu de temps après, j’ai rencontré et me suis liée d’amitié avec Rosie Godbout qui habitait pas loin. Elle aussi commençait à tisser et, en plus, elle aimait la brocante et avait un flair incroyable pour en dénicher dans les encans. Nous nous sommes associées. Le Pigeon Hole est devenu le Pigeon Vole. Et ce fut aussi le nom des vêtements que nous tissions. Chacune créait ses propres pièces, avec permission complète de s’inspirer de l’autre. Ce fut une période extraordinaire d’emprunts mutuels et de court-circuits accélérant le rythme de nos découvertes. Nous avons exposé au Salon des métiers d’art où nous vendions tout dans les premiers jours ou presque, mais nous faisions moins d’argent qu’un parcomètre. Rosie a continué dans les arts textiles, j’ai pris une autre route.

When did you start writing ?

L’écriture a tout en commun avec le tissage – une ligne à la fois, développant des motifs, un texte, une texture –et je crois que c’est en tissant que j’ai appris à écrire. Même si j’ai toujours écrit. Petite, des poèmes. Puis, pendant des années, un journal. Quand les temps sont devenus trop durs, j’ai enseigné le français à Cowansville, à l’éducation des adultes, à temps partiel. Puis une amie, Élizabeth Côté, m’a proposé de collaborer à une œuvre collective sur les femmes en milieu rural – La recherche du matrimoine –  en écrivant un témoignage. Elle m’a présentée à l’éditrice du Producteur agricole de Bedford qui m’a engagée pour travailler sur un « Who’s who »  de l’agroalimentaire au Québec. J’avais 40 ans et j’y ai pris un tel plaisir que j’ai fait le souhait de gagner ma vie avec ma plume. J’ai eu un contrat en télé par hasard, après que l’école où j’enseignais à Cowansville a brûlé. J’ai eu la chance de remplacer un ami journaliste qui passait d’un emploi de recherchiste à une émission pour enfants à la salle des nouvelles. Puis j’ai eu un contrat d’écriture dramatique. Je n’y connaissais rien, mais je devais écrire un conte par jour pour une modeste émission destinée aux tout petits enfants. Je n’avais pas le temps de me censurer. J’y ai tout appris.