Ces dernières années, on n’a pas vu, lors des élections municipales à Saint-Armand (comme d’ailleurs dans toutes les municipalités rurales du Québec), l’ombre du bout du nez de quoi que ce soit qui ressemble à un programme électoral de la part des candidats aux élections. La première raison en est qu’il n’y eut pas d’opposition et que les candidats, ont passé sans avoir à annoncer leurs couleurs sur les divers enjeux.
La seconde raison est que les candidats ont pris l’habitude de se soustraire à, j’allais dire l’obligation, mais disons, l’exercice politique consistant à annoncer ses intentions et son programme au moment de présenter sa candidature. On a beaucoup ri des « promesses électorales » parce que beaucoup les ont rompues aussitôt élus. Mais les promesses électorales ont ceci de bon qu’après l’élection le public peut les remettre sous le nez des élus, leur rappelant leurs engagements.
On peut se soustraire à l’annonce des intentions politiques avant les élections par une technique qui ne mérite même pas qu’on la dise astucieuse tant elle rompt tous les liens de communications entre candidats et électeurs. On attend quinze minutes avant l’heure limite pour annoncer sa candidature. Si on est chanceux, on prend chacun par surprise et personne d’autre ne se présente. On est donc « élu » pour quatre ans sans que personne n’ait su au juste pour quoi faire. Cette « astuce », me dit-on, aurait déjà fait ses preuves à Saint-Armand.
Lignes de communication
Suite à l’assemblée publique de consultation tenue le 20 mai dernier sur le plan d’urbanisme de notre municipalité, il semble qu’un point incontournable de tout programme électoral doit inclure l’énoncé de moyens vigoureux que prendraient les candidats pour informer les citoyens et plus même, pour mobiliser ces derniers autour de certains axes politiques principaux.
Les candidats devraient annoncer la ou les méthodes qu’ils ou elles veulent utiliser pour diffuser l’information et recueillir les feedbacks des citoyens, créant une ligne de communication permanente entre le conseil et les citoyens.
Politique agricole
Le projet de plan d’urbanisme nous le rappelle, 76,6 % de notre territoire, à Saint-Armand, consiste en exploitations agricoles. Or le cadre général dans lequel le secteur agroalimentaire québécois subsiste ne pourra pas durer éternellement. Ce statu quo, hérité d’une époque différente, mécontente aujourd’hui les producteurs et les transformateurs agro-alimentaires qui n’y trouvent plus leur compte.
Il faut que les candidats, dans ce contexte d’usure du cadre actuel, annoncent les couleurs. On ne demande pas au conseil municipal de se transformer en MAPAQ. Mais ils doivent dire s’ils souhaitent une réforme du cadre ou s’ils sont pour le statu quo défendu par un monopole.
Il faut aussi qu’ils élaborent des projets précis concernant les impacts environnementaux de l’exploitation agricole, incluant les impacts sur ce cloaque qu’est la baie Missisquoi, incluant les impacts sur le déboisement et le reboisement et la protection des paysages. Le projet de plan d’urbanisme est un cadre de référence, un point de départ. Aux candidats à en faire un programme d’actions concrètes.
Industrie, commerce, tourisme
Le projet de plan d’urbanisme définit logiquement une zone réservée aux activités industrielles, au nord-ouest de la municipalité, en gros. Bien. Maintenant il nous faut un plan pour attirer des industries et des commerces, pour inciter des donneurs d’emplois à s’établir chez nous. Les candidats doivent faire un énoncé clair de leur plan.
Le loisir et le tourisme doivent être soutenus plus efficacement dès qu’on reconnaît des zones « récréatives » dans le projet de plan d’urbanisme. Il s’agit de vitaliser un certain potentiel : la baie, l’éco-tourisme (bird watchers et autres amateurs de nature), etc. Le réseau routier fait de nous la porte d’entrée privilégiée de toute notre magnifique région. Peut-on penser à créer, pour la belle saison du moins, une halte information offrant aux visiteurs de belles raisons de rester plus longtemps et de nous laisser davantage de preuves monétaires de leur appréciation ?
Environnement
Nous ne rebattrons pas les oreilles du public sur l’état déplorable de la baie, croulant sous les nuisances de toutes sortes. La question pour les candidats est double :
- Combien d’argent du budget ira à un exercice d’inventaire environnemental et de diagnostic précis de notre territoire ?
- Suite logique, combien d’argent, sur les quatre ans du mandat, ira à la rectification des problèmes ?
Les malheurs connus et les règlements votés, l’étape suivante est d’appliquer les résolutions, de faire le suivi, au-delà des belles intentions.
Sous cette rubrique, les candidats doivent annoncer leurs intentions quant à la gestion des rebuts domestiques, industriels et de construction. Chacun en convient, là non plus le fragile statu quo ne tiendra plus longtemps.
Nouveaux arrivants
Tout en félicitant les mamans qui dans la dernière année ont mis au monde une nouvelle concitoyenne ou un nouveau concitoyen, force est de constater que nous sommes en lente déperdition démographique. Cette fuite des payeurs de taxes, pour le dire bien franchement, est un danger grave à notre survie, du moins à notre capacité de faire face efficacement à la musique.
Les candidats doivent aborder cette délicate question. Comment susciter de nouvelles arrivées ? Les nouveaux « néos » ne pourraient-ils pas être mis au courant de toutes les ressources dont dispose Saint-Armand ? Au lieu de leur envoyer un bête compte de taxe de bienvenue, ne pourrait-on leur fournir aussi une sorte de trousse de bonne vie à Saint-Armand ?
Voilà donc quelques pistes. Il y en aurait bien d’autres. Le tout est que les candidats fassent face à la musique et ne se défilent pas à l’obligation de répondre à la question fondamentale : vous voulez la job, mais pour quoi faire ? Ça ne s’annonce pas quinze minutes avant l’heure limite de la mise en candidature.