Photo : Johanne Ratté
C’est à la suite d’une rencontre de remue-méninges sur la revitalisation du Festiv’Art de Frelighsburg que j’ai eu l’idée d’inclure à la programmation un volet « art et recyclage ». Depuis les années 1970, le monde a découvert les réalisations du Land Art, dont les artistes font appel aux éléments de la nature et du paysage pour composer une œuvre éphémère qui, le plus souvent, retournera à la terre. Il y a eu aussi l’art urbain, qui consiste à prendre pour scène les décors quotidiens des villes-cités. Depuis les années 1980, grâce au célèbre graffiteur new-yorkais Keith Harring, le graffiti s’est acquis le statut de forme d’expression légitime. Les murs du monde entier sont devenus porteurs de messages politiques et des divers contextes socioculturels. Quant au tricot-graffiti, il est né sous l’impulsion de la Texane Magda Sayeg après qu’elle ait récupéré des pièces de tricot en vue d’en recouvrir la poignée de la porte de sa boutique. Cette idée a ensuite été reprise par Lauren O’Farrell, qui a établi les bases de cette forme artistique. En lieu et place de la peinture et de la craie, les pièces de tricot et de crochet deviennent des plages de couleur créant un effet graphique.
Depuis environ un an et demi, les Villes Laines, groupe d’artistes montréalaises pratiquant le tricot-graffiti, disséminent dans la ville leurs graffitis colorés, soulignant un arbre sur le point de mourir ou une laideur architecturale, ou ponctuant un espace qui mérite d’être admiré. Nous leur avons demandé de nous conseiller en vue de la production d’un énorme tricot-graffiti dans le village. Leur choix s’est porté sur le pont de Frelighsburg. Le projet se fera en collaboration avec les élèves de l’école primaire, des personnes de l’âge d’or et de nombreux collaborateurs (trices) qui participeront à des rencontres de « tricot-jasette ». En fait, on produira l’équivalent de 400 pieds carrés (environ 45 mètres carrés) de pièces tricotées. Le projet a suscité l’enthousiasme des élèves, qui se sont mis à l’œuvre aussitôt. Les plus/ jeunes font du tricotin, tandis que d’autres optent pour le tricot ou le crochet. Des femmes du village se sont offertes pour donner un coup de main aux débutants. L’assemblage des pièces devrait se faire en août et, durant le Festiv’Art, l’œuvre éclairera le village de toutes ses couleurs.
À cette occasion, nous aurons le plaisir d’accueillir Laure Waridel, ancienne présidente et cofondatrice d’Équiterre, sociologue des questions environnementales et de la consommation responsable. Elle a accepté d’agir en tant que présidente d’honneur du Festiv’Art 2012, qui se tiendra les 1er et 2 septembre prochains.
Ce splendide projet suscite l’intérêt des villageois, fait sourire tout un chacun et redonne beaucoup de dynamisme à la communauté. De plus, il crée des liens ; quiconque possède un peu de laine peut y participer. Nous avons besoin de morceaux de un pied carré. Si vous avez des balles de laine qui dorment dans vos tiroirs, vous pouvez les déposer à l’école primaire de Frelighsburg, dans la boîte prévue à cet effet. Ce sera grandement apprécié !