À l’occasion de sa première entrevue au Québec après l’attentat meurtrier auquel il a lui-même survécu, Gérard Biard, rédacteur en chef du journal Charlie Hebdo, a souligné l’importance de promouvoir la laïcité et pas seulement la liberté d’expression. Pourquoi ? Parce que, selon lui, « La laïcité, c’est la première valeur de notre République. Sans elle, liberté, égalité, fraternité ne sont plus possibles » .
Lorsque Voltaire parlait, il y a trois siècles, de la nécessité d’« écraser l’infâme », il visait l’intolérance, la censure, la superstition et le fanatisme qui mènent au totalitarisme, aux violences politiques, à la torture et au meurtre.. Réprimer le droit de parole et de presse, de quelque façon que ce soit, équivaut à rendre impossible l’avènement d’une humanité vivant dans la liberté, l’égalité et la fraternité.
Tant que les états hésiteront à formuler et à formaliser clairement le principe de la laïcité dans la gouvernance de leurs affaires, la démocratie et la paix demeureront des vues de l’esprit et l’infamie continuera de régner en maître sur notre humanité.
Lors de la dernière campagne électorale, l’actuel gouvernement du Québec avait promis une loi sur la laïcité. Il serait temps de ressortir cette promesse oubliée sur une « tablette ».
Reconnaître formellement le principe de la laïcité de l’État ne brime en rien la liberté de religion. Au contraire, cette liberté ne sera respectée que le jour où nous serons clairs sur ce point. Tout compromis en cette matière ne peut que miner la liberté d’expression à court ou à moyen terme.
On ne me fouettera jamais pour avoir écrit ce texte. Raif Badawi, lui, a été condamné à 1000 coups de fouet et 10 ans prison pour avoir émis certaines opinions sur son blogue. Cela se passe de nos jours, en Arabie saoudite.
Croyants, gnostiques et agnostiques ont une chose en commun : l’humanité. Les états ont pour fonction de gérer les affaires de cette humanité. Sans laïcité, nous sombrons dans le chaos et la barbarie. Ne laissons pas la porte ouverte à des accommodements qui n’ont rien de raisonnable, ni d’humain. Finissons- en avec l’infâme !