Source : ONF, Rapide Blanc
Depuis un certain temps déjà, on parle de détresse physique et psychologique chez les agriculteurs. Après avoir identifié les facteurs venus alourdir la tâche des familles agricoles, tels que les changements climatiques, les contraintes réglementaires, la concurrence des marchés mondialisés, la rareté de la main-d’œuvre, les nouvelles technologies, le surendettement chronique et les difficultés de la relève, on ne s’étonnera pas que, au bout du compte, cela se traduise par de multiples abandons de fermes. Alors que les générations d’agriculteurs précédentes jouissaient du respect et de l’estime de la population, le capital de sympathie envers le monde agricole a fondu comme beurre dans la poêle. Ajoutez à cela la cohabitation, parfois difficile, des exploitants agricoles et des urbains venus s’installer à la campagne, et vous avez un début d’explication de l’accumulation de stress qui conduit à cet état de fait désolant : le taux de suicide est deux fois plus élevé dans les familles agricoles que dans l’ensemble de la population.
C’est pourquoi Maria Labrecque Duchesneau, directrice fondatrice de l’organisme Au Cœur des familles agricoles (ACFA), a mis au point le concept de « travailleur de rang », inspiré de celui du « travailleur de rue », une approche préventive et proactive. Depuis une dizaine d’années, elle agit comme intervenante psychosociale en milieu agricole. Devant le succès d’une telle initiative, des organismes comme le CSSS (Centre de santé et services sociaux) et le CLD (Centre local de développement) se sont joints au projet.
En priorisant la santé, l’ACFA fait le lien entre ceux qui ont besoin d’aide et ceux qui veulent aider. Tout comme le travailleur de rue, le travailleur de rang a pour rôle d’entrer en relation avec les personnes ayant besoin de soutien là où elles se trouvent. Il valorise la justice, l’égalité, la dignité humaine et la solidarité. La nature de son travail favorise le dépistage des situations problématiques, privilégiant une approche individuelle qui aidera les personnes concernées à trouver une solution durable. Sous la supervision d’un formateur, le travailleur de rang devient vite un maillon essentiel dans sa collectivité et se trouve aux premières loges quand vient le temps de saisir la dynamique du milieu rural dans lequel il gravite. De concert avec les conseillers en développement rural, il contribue à la mise sur pied de projets rassembleurs visant à permettre à la communauté de se prendre en main. La formation de liens significatifs au sein de la communauté est fondamentale tant au niveau culturel et social qu’économique. Au final, c’est tout le village qui y gagne. Voilà une belle initiative qui mérite d’être soulignée et encouragée. En effet, les producteurs (trices) agricoles accordent souvent plus d’attention à leurs terres et à leur ferme qu’à leur propre santé, chose que nous oublions trop souvent.
L’hiver prochain, l’ACFA offrira une formation sur mesure présentant l’approche du travailleur de rang, le producteur agricole et sa famille ainsi que le milieu agricole, et montrant à quoi ressemble une communauté rurale en santé. Elle s’adresse aux travailleurs sociaux et à toute personne en relation d’aide désirant connaître le milieu agricole et s’y intégrer.
Renseignements : 450-460-4632