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- Chronique de mon terroir -

Château de cartes, château de vins

Marc Thivierge

Raisins de la vigne Marquette (photo : Karine Lamontagne)

Les grands yeux expressifs de Stéphane Lamarre sont assurément la manifesta tion du gars bien dans son environnement et dans sa peau. Son sourire puissant nous fait nous accrocher à ses propos. Son vignoble/cidrerie est résolument son domaine, son château bien à lui. Avec précaution et intelligence, il en a bâti solidement chacun des éléments. Vu de l’extérieur et avec un certain recul, il est possible de rassembler tous les éléments de l’histoire des débuts de l’établissement pour en faire un récit qui commencerait par « Il était une fois ». Pourtant, on serait à mille lieux de la réalité et du dur labeur nécessaire pour en arriver à présenter aux connaisseurs une première création viticole acceptable. Je n’ose imaginer le travail colossal qu’il faut pour créer tous les produits qu’on nous propose au Château.

Sous-jacentes sont la sueur de son front et sa passion. Le voilà, le fil conducteur. Cette passion qui est née très jeune prend des allures de conviction profonde.   Avec les connaissances acquises au cours de nombreux voyages autour de la planète, Stéphane a su se perfectionner. Ses échanges avec des vignerons d’un peu partout ont mis du vin au moulin. Il s’est notamment retrouvé en Alsace où l’art européen de la vinification lui fut transmis. Ces enseignements glanés à l’étranger ont établi une base qui à dû être adaptée (à défaut d’autres termes) à nos conditions climatiques et à nos cépages. Les savoirs de son mentor, Gilles Benoît, du Vignoble des pins à Sabrevois, lui ont permis de peaufiner le tout en un savoir-faire qui se perfectionne avec l’expérience.

Stéphane Lamarre a la parole facile et agile. Ses présentations sont animées de cette flamme sacrée qui n’est donnée qu’à très peu de gens. Il nous transmet, avec couleur, aise et assurance, des éléments importants à retenir sur chacune de ses créations viticoles. On pourrait presque les « goûter » avant même de le faire véritablement. Voilà un endroit où l’accueil du client est respecté par le fait qu’on divulgue parcimonieusement les échos des sciences de la maison. Mais sée à prendre la relève.  En très peu de temps, le vignoble a pu présenter une bonne dizaine de produits, et d’autres vont suivre. Le domaine comprend deux hectares de vignes d’hybrides rustiques comprenant le Radisson, le Sainte-Croix, le Marquette, diverses variétés de Frontenac, et un hectare de pommiers. On maximise l’espace en faisant grimper des vignes en hauteur. Elles sont manipulées  pour leur donner une forme de tunnels et ce, à l’aide de pergolas. L’esthétisme est agréable à l’œil. Au total, 15 600 bouteilles, toutes productions confondues. Sur l’ensemble de la production, 40 % va dans l’élaboration des vins rouges.

St.phane, Anik et leur fille Aurélie

Sur la douzaine de produits de la maison, nous avons choisi de ne vous parler que de trois. Vous trouverez sur le site internet une description de chacune des bouteilles qu’on propose au château. Notre petit comité dégustateur s’est attardé en tout premier lieu au Frontenac noir, un vin rouge fortifié au brandy français. Tous les membres ont décrété qu’il est le cousin germain du porto mais en nettement plus léger. La couleur rubis ou framboise intense est trompeuse quand on y dépose nos lèvres. Il donne l’impression de pomme de tire pas du tout  désagréable pour les amateurs de boissons alcoolisées sucrées.

Le Marquette a suscité chez les membres du comité une impression de sous-bois après une douce pluie automnale. Le nez est intense dans ses subtils arômes de cerises noires aromatisées de vanille. On retrouve une ronde longueur en bouche rappelant les cerises en grappes que maman transformait en gelée chaque été. Il est juste assez corsé et souple pour plaire aux amateurs de rouge de la catégorie aromatique, mais on y rajoutera une rondeur bien à lui. Il accompagnerait volontiers les plats de viande rouge sommairement poivrée. Quant au voisin, il affirme avoir créé une pizza spécialement pour ce vin, dont voici la recette : pâte à pizza (épaisse) sur laquelle on étend un fond de pesto au basilic et à la noix de pin, qu’on parsème de bœuf haché extramaigre ; on y ajoute des asperges dans le vinaigre de Danielle (on peut aussi mettre des asperges ordinaires), quelques tomates cerises coupées en deux sur la longueur et du cheddar mifort, à votre guise.  La pomme Golden Russet est en vedette dans l’élaboration du cidre de glace du Château de cartes. Sa couleur d’un blond ambré laisse présager le délice à venir. On croque dans de belles pommes rondes et juteuses, et c’est un onctueux caramel au beurre qui vient en tête instantanément. Ce cidre de glace est moins sucré et moins « assommant », si on peut dire, que la majorité des cidres de glace goûtés jusque-là. Reste que le voisin s’entend avec tous pour dire qu’un melon ou un cantaloup irait à merveille avec ce petit boire.

Avec les bases bien implantées, on peut être assuré qu’il n’est pas prêt de s’effondrer, ce château de cartes de Dunham !

www.chateaudecartes.com

L’institutrice Sarah-Anne Desjardins avec Diane Chevalier (photo : Karine Lamontagne)