Martin Bellefroid, maire de Pike River (photo : Marie-Hélène Guillemin-Batchelor)
Avec 526 âmes sur l’ensemble du territoire de Pike River, le maire Martin Bellefroid sait bien que la communauté souffre d’un manifeste déclin démographique, et qu’il faut maintenant bien analyser la situation pour voir dans quelle direction on pourrait orienter le développement de la municipalité.
« C’est vrai, les statistiques indiquent que le déclin démographique est bien réel chez nous, mais il nous semble que, depuis peu, il y a davantage d’enfants et de jeunes familles. Malheureusement, comme nous n’avons pas d’école dans la municipalité depuis la fin des années 1960, ces enfants vont à Bedford, Notre-Dame ou Saint-Armand, ce qui fait qu’eux-mêmes et leurs familles respectives ne se fréquentent pas beaucoup, et ça n’aide pas la vie communautaire », nous confie cet agriculteur fraîchement réélu sans opposition à la mairie. « C’est pourquoi nous pensons qu’il faudrait organiser des activités de loisir et créer des occasions pour que les enfants et leurs familles se rencontrent et apprennent à se connaître. Nous avons investi dans un bon parc pour cette raison, ainsi que dans une médiathèque avec un poste d’ordinateur muni d’une bonne connexion internet, mais on pourrait sans doute faire davantage ».
Une bonne marge de manœuvre
Le plus grand avantage de la municipalité réside peut-être dans le fait qu’elle n’a aucune dette. « C’est probablement dû au fait que les revenus relatifs aux taxes municipales sont plus élevés à Pike River que dans la plupart des municipalités de la région, en raison de la présence de plusieurs très grosses exploitations agricoles, et à cause du programme de transfert aux municipalités du Québec d’une partie des revenus de la taxe fédérale d’accise sur l’essence et de la contribution du gouvernement du Québec pour leurs infrastructures d’eau potable, d’eaux usées et de voirie locale ». Même s’il estime que c’est bien commode de ne pas avoir de dette, Martin Bellefroid ne s’engage absolument pas à maintenir la situation dans cet état pour l’avenir. « Nous n’hésiterons pas à investir pour maintenir les services à la population et pour mousser le développement ». Pour lui, il n’est pas question de rester les bras croisés devant la décroissance démographique et la dévitalisation.
« Mais il n’est pas question, non plus, de nous lancer tête baissée dans n’importe quel projet, dit-il. Nous avons commencé à analyser la situation de la municipalité et nous continuons à examiner les différentes pistes de développement qui répondraient aux besoins de la population, en fonction des caractéristiques de notre milieu. Nous prévoyons élaborer un plan stratégique de développement en 2014 ». Nous comprenons donc que le conseil municipal de Pike River pourrait bientôt décider d’emprunter pour investir dans son développement, dès qu’il aura mis au point un bon plan.
Et, pour élaborer ce plan, le maire Bellefroid veut prendre le temps de consulter son monde et de bien réfléchir à toutes les données. « J’ai remarqué, par exemple, qu’il y a un écart grandissant dans notre communauté entre les revenus des plus aisés et ceux d’entre nous qui le sont moins : je ne dispose pas de statistiques précises dans ce domaine, mais je constate qu’il y a de plus en plus de gens qui ont du mal à boucler leur fin de mois. On devra en tenir compte dans notre plan stratégique. On sait aussi qu’on devra collaborer avec d’autres municipalités, comme on le fait déjà avec Saint-Armand pour le service des incendies. Ça marche d’ailleurs très bien et c’est intéressant pour tout le monde ».
On le sait, Pike River c’est surtout une municipalité vouée à la production agricole intensive : plusieurs grosses fermes et des entreprises de service en fournitures et en machines agricoles. Mais, qu’en est-il de la relève ? « Ici, la relève existe et se trouve surtout au sein des familles. Il n’y a pas d’étrangers qui spéculent actuellement sur nos terres agricoles. À ma connaissance, la relève agricole provient encore de la région proche ».